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Abcdr du Son : Tu as fêté tes trente ans l’année dernière et ta première apparition marquante remonte à “Comme un aimant”, en 2000 . Quel bilan fais-tu de ces dix ans de carrière ?

Soprano : Au moment de la sortie de mon premier album solo, je me suis marié et j’ai eu deux enfants d’un coup. Le succès de mon album aidant, je me suis arrêté deux secondes pour regarder en arrière et réaliser à quel point ma vie avait changé. On a sorti des disques, on a fait des concerts… Et ça fait plaisir. Par rapport à ce que je désirais quand j’étais jeune et que je commençais à faire du rap, je fais aujourd’hui partie de ceux qui sortent encore des disques, qui font des concerts et qui vivent de ce qu’ils aiment depuis des années. J’en fais un bilan positif. Sur le plan personnel, c’est la même chose. Quand tu as deux enfants magnifiques, ça ne peut qu’aller bien.

A : On a toujours l’image du Soprano jeune, un peu « Peter Pan du rap »… Est-ce qu’aujourd’hui tu te considères comme un ancien du rap français ?

S : Comme Nas ! [rires] On croit qu’il a encore 23 ans avec son visage de gamin alors qu’il approche la quarantaine.

Pour répondre à ta question, je te dirais que certaines personnes m’écoutent depuis qu’ils sont petits. Même s’il est vrai que moi aussi j’étais petit à cette époque là, nous avons grandi ensemble. J’ai tellement eu la tête dans le guidon que je n’ai pas fait attention à tous les disques que j’ai sorti. Ça se ressent d’ailleurs aujourd’hui dans le fait que j’ai besoin de nouvelles choses, de nouveaux styles, de nouveaux challenges… J’en parlais d’ailleurs avec Nessbeal et Salif qui sont également là depuis super longtemps. Je dirais qu’hormis la Sexion d’Assaut, il n’y a pas eu de nouveau souffle et de renouveau. Ce sont toujours les mêmes personnes. Des mecs comme Booba et Rohff vont sortir deux des disques les plus attendus de l’année mais je les écoutais quand j’étais petit ! Et, aujourd’hui, je fais partie de l’ancienne génération et ils sont toujours là. Il n’y a pas vraiment eu de renouveau qui laisserait penser que la catégorie Soprano/Rohff/Kery James/Booba est à classer au rayon antiquités. On est encore là.

« Hormis la Sexion d’Assaut, il n’y a pas eu de nouveau souffle. Des mecs comme Booba et Rohff vont sortir deux des disques les plus attendus de l’année mais je les écoutais quand j’étais petit ! »

A : En dix ans, le rap français a subi beaucoup de changements. Comment analyses-tu son évolution ?

S : Il y a plusieurs manières de voir les choses. Quand je suis arrivé dans le rap, c’était l’époque des Sages Poètes de la Rue et on samplait beaucoup le jazz. Ensuite, il y a eu l’époque Mobb Deep et tout le monde samplait du classique, l’âge d’or du piano-violon. Et je me souviens que tous ceux qui samplaient le jazz se plaignaient et reprochaient à Mobb Deep d’avoir tué leur rap ! Après, tu as eu Dre qui est arrivé avec les synthés et certains ont déploré le fait qu’il n’y avait plus du tout de sample. Jusqu’à arriver à la mode dirty et là c’est vite devenu la cacophonie : certains faisaient même des morceaux contre le dirty ! Aujourd’hui, on en est à l’époque autotune et électro.

Je me dis que le rap ne fait que se transformer sans qu’il produise forcément quelque chose de nouveau. Il ne fait que se mordre la queue et revenir constamment à ses origines, que ça soit musicalement ou dans les thèmes. On voit d’ailleurs que le fun revient dans certains morceaux alors que l’année dernière, on a eu beaucoup de rap conscient par exemple. Le fun est revenu et je pense que l’egotrip et le flow vont bientôt être à l’honneur. Ça prouve aussi que notre musique est encore vivante alors que plusieurs personnes criaient à sa mort il y a dix ans de cela.

A : Justement, tu viens de nous dire que le rap français s’inspire majoritairement des dernières tendances américaines. Est-ce que tu déplores qu’en près de trente ans d‘existence, le rap français ne se soit jamais affranchi de son homologue américain sur le plan musical ? Tu parlais des Sages Po qui s’inspiraient déjà beaucoup d’A Tribe Called Quest & Brand Nubian à l’époque…

S : Tout à fait et, même quand la clique Time Bomb est arrivé, ça faisait énormément penser à Cocoa Brovaz. Je pense que les artistes qui sont encore là sont ceux qui ont réussi à s’inspirer de ces tendances tout en le faisant à leur manière. Tu ne peux pas dire que quelqu’un comme Booba ne s’inspire pas des Américains et, parfois, j’ai presque l’impression qu’il rappe comme Rick Ross. Mais il a toujours réussi à sortir son épingle du jeu et c’est ce qui va faire la différence.

La majorité des rappeurs qui font exactement la même chose que les Américains ne sortent pas du lot. Finalement, quand il faut citer les meilleurs rappeurs, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent parce qu’il s’agit des plus charismatiques ou qu’ils apportent leur personnalité. Quelqu’un comme La Fouine s’inspire ouvertement des Américains mais il apporte quelque chose.

Les Américains nous donnent l’heure, c’est clair. Mais il y a aussi quelque chose de culturel et de propre à la France. Pourquoi certains commencent à se plaindre quand ils voient que les rappeurs commencent à faire des morceaux fun ? Parce que les gens veulent du texte en France. Notre patrimoine c’est Brel, Aznavour, Goldman… Aux États-Unis, certains rappeurs vont vraiment pousser niveau textes mais ça reste une minorité. C’est la différence que l’on a avec eux. Ceci dit, les Américains nous ramènent de nouvelles sonorités qui sont magnifiques.

Sinon, j’écoutais Tinie Tempah tout à l’heure et je trouve qu’il y a une vraie identité dans le rap anglais. Ils apportent quelque chose sur le plan musical. En France, on se focalise davantage sur les textes.

A : Tu as parlé de cette absence de fun dans le rap français et, en tant qu’auditeur, c’est quelque chose que je regrette. Finalement, la seule chose que je trouve positive dans la vague électro actuelle c’est que ça a l’air de redonner un peu le sourire aux rappeurs. Je trouve que c’est super édifiant quand McTyer dit « fini de pleurer, aujourd’hui je ris »…

S : Ça fait plaisir de t’entendre dire ça ! Personnellement, j’ai toujours été dans ce délire. Je ne suis pas fou : quand je fais un morceau comme ‘Halla Halla’, je sais que ça va être critiqué mais je kiffe ce genre de titre. De temps en temps, j’aime m’amuser au micro. Je n’ai pas fait ‘Crazy’ pour faire réfléchir l’auditeur. Bien sûr, je vais avoir des morceaux plus conscients comme ‘Hiro’ parce que ça fait également partie de moi.

Tu peux me faire passer d’un morceau comme ‘B.M.F’ de Rick Ross qui ne dit rien du tout à ‘Free Mason’ sur le même album où il y a davantage de choses qui sont dites. Concernant Mctyer, j’étais prévenu et il m’avait dit de vive voix qu’il allait faire un morceau qui ferait du bruit. Comme toi, j’ai tilté sur cette phrase. Aujourd’hui, j’ai 31 ans et je comprends parfaitement ce qu’il veut dire par là. J’ai donné du rap pendant 15 ans de ma vie et, à un moment donné, tu as besoin de passer à autre chose. Récemment, je regardais une interview de Nessbeal dans laquelle il disait qu’il n’avait pas envie de faire la même chose sur son troisième album que ce qu’il avait fait sur ses deux premiers. Tu grandis, tu évolues et tu as aussi envie de t’amuser.

D’un point de vue personnel, je l’ai toujours fait et mon concept n’est pas nouveau : Love, Peace, Fun & Unity. Love parce que j’ai toujours parlé de ma famille, de mes amis, de ma mère etc. Peace parce que j’ai toujours essayé de transmettre un message de paix à travers des titres comme ‘La colombe’. Le fun a été représenté par des morceaux comme ‘Dawah’, ‘Crazy’ ou ‘Halla Halla’. Unity parce que j’ai toujours prôné le métissage et l’ouverture. C’est la base du hip-hop et c’est ce qui m’a ramené là-dedans.

Je trouve ça bien que ça commence à s’ouvrir dans le rap français et on verra ce qui va se passer. Il va falloir que tout le monde assume ces morceaux là. En France, tout le monde kiffe Rick Ross mais les singles mis en avant étaient les morceaux avec Treyz Songz et Ne-Yo. En France, on ne fera jamais ça.

« Je suis bousillé à Drake, à Lil Wayne, à Kanye West, à Cory Gunz… C’est normal que ça se ressente dans mon rap. En France, ça a du mal à passer. »

A : Justement, je trouve qu’un groupe comme la Sexion a un peu changé la donne à travers ces singles et le côté “fun” qu’ils ont ramené. Même si, évidemment, tout le monde les trouvait extraordinaires il y a un an et demi et qu’ils sont devenus mauvais rappeurs depuis qu’ils ont du succès…

S : C’est exactement ce que j’ai dit tout à l’heure lors d’une autre interview. Je kiffe la Sexion depuis leur premier street-CD jusqu’à aujourd’hui. J’étais à Miami et j’écoutais leur CD en boucle. Tout le monde écoutait du rap cainri et moi je pétais un cable sur “Le renouveau”. Maître Gims est un malade !

Une semaine après la sortie de leur album, les gens disaient que c’était un disque de malade. Après qu’ils aient vendu 200 000, leur album est devenu merdique. Pourtant, il n’y a pas un truc qui a changé dans cet album entre temps. C’est la mentalité française et c’est pour ça que les rappeurs n’osent pas s’aventurer sur ce registre.

Parfois, les rappeurs ont tenté des choses sur certains morceaux mais, à cause des critiques reçues, ils sont vite revenus à ce qu’ils faisaient au départ. Il faut assumer ses délires ! C’est pour ça que je respecte la démarche d’un mec comme La Fouine. Ca fait des années qu’il a le même style et il a persisté. Depuis son premier album, il fait du rap américain en français. Le premier album n’a pas marché, le deuxième un peu plus et ça a payé avec le troisième.

En tout cas, il est clair que je ne devrais pas avoir à justifier ‘Crazy’ dans des interviews. Il faut prendre ce morceau comme une des palettes de mon album. Après, on peut aimer ou détester mais il faut respecter la diversification des choix musicaux. Si c’est pour reprendre son piano, son violon et redire que c’est la merde dans ce pays… On a fait ça pendant longtemps et on peut passer à autre chose.

Je vais être honnête en te disant que je n’écoute plus Mobb Deep depuis des années. Je suis bousillé à Drake, à Lil Wayne, à Kanye West, à Cory Gunz… C’est normal que ça se ressente dans mon rap. En France, ça a du mal à passer. Si je fais le même morceau que le featuring de Treyz Song sur le Rick Ross, on va m’allumer. Le pire c’est que ça ne m’aidera même pas dans les ventes parce que les gens regretteront le Soprano mélancolique.

A : Tu as plutôt pris un risque avec un titre comme ‘Crazy’ qui ne ressemble pas vraiment au single typique de rap français. Soprano est censé refaire ‘Une bouteille à la mer’ comme Mctyer doit nous resservir ‘J’imagine’…

S : Je ne suis pas vraiment sorti de ma case initiale mais disons que ce morceau est sorti en même temps que les autres gros singles de rap français. Du coup, on a rangé ‘Crazy’ dans la même catégorie que ces autres singles. Par exemple, si j’avais sorti ‘A la bien’ comme premier single sur l’album précédent, je pense que les gens m’auraient reproché d’avoir changé… Mais comme j’avais sorti ‘Halla Halla’ avant, ils ont pris ça comme un délire au moment de l’été et ont compris que l’album avait plusieurs facettes.

Si mon album était sorti en février et que ‘Crazy’ n’était arrivé que cet été, les gens auraient eu le temps d’écouter l’album et ne chercheraient pas à savoir si Sopra a fait des morceaux conscients ou pas et auraient pris ce titre comme une bouffée d’oxygène dans l’album. Aux États-Unis, ces questions là ne se posent pas. Les mecs cherchent constamment à innover pour que les auditeurs prennent plus de plaisir. Nous, on est bon à faire des commentaires sur Youtube.

Avant, on écoutait des albums et on cherchait ce qui était bon sur ces disques. On avait un morceau et on allait le kiffer pendant des mois.

A : C’est vrai que maintenant, avec Internet, on a tendance à télécharger un nombre incalculable d’albums et à zapper pas mal des morceaux, sans réellement faire attention à l’intégralité du disque…

S : A cause d’Internet, on est très pressé et on fait partie d’une génération fast-food qui veut tout tout de suite. Avant, on allait rester huit mois sur un morceau. Aujourd’hui, même si le morceau est bon, il tient une heure.

Pire encore : dans le passé, il suffisait que l’album contienne trois purs morceaux pour qu’on dise qu’il tue. Aujourd’hui, deux morceaux vont puer et tout l’album va être catalogué comme étant une grosse merde. Parfois, quand je réécoute certains de mes classiques de jeunesse, je me rends compte que je réécoute toujours les mêmes trois morceaux ! C’est l’effet que j’ai eu en réécoutant le premier album de Method Man, “Tical”. Franchement, avec le recul, je ne le trouve pas si fou que ça alors qu’à l’époque, il s’est directement imposé comme un classique.

Pour en revenir à ce qu’on disait initialement, c’est aussi une question de mentalité. En France, les gens sont aigris et ne veulent pas que les autres réussissent. Si tu vis à Marseille et que tu passes d’une Super 5 à une Clio parce que tu as eu un avancement, les gens vont commencer à mal te regarder et à te prendre pour quelqu’un qui se la raconte. J’étais aux États-Unis parce que j’ai mixé l’album à New York et on a loué une Camaro pour se faire plaisir. On avait du temps et on voulait aller faire les magasins dans une ville située à côté de New York. C’était chiant de prendre le train et s’est fait un kiff en louant une Camaro. A chaque fois qu’on s’arrêtait, les gens nous affichaient de grands sourires du genre “c’est super les gars, bonne chance à vous !”. En France, ça va sortir la clé et rayer la voiture ! Cette différence de mentalité se ressent dans la musique. On passe plus de temps à critiquer qu’à chercher ce qui est positif.

On sait pertinemment que même le Très-Haut ne fait pas l’unanimité alors pourquoi est-ce que tu vas nous faire un bordel parce que tel album ne te plaît pas à toi qui habite dans le 95 au deuxième étage du bâtiment C ?

« En France, les gens sont aigris et ne veulent pas que les autres réussissent.  »

A : Tu as fait des morceaux assez générationnels et ‘A la bien’ et ‘Crazy’ en sont de bons exemples. Les années passant, tu n’as pas peur de ne plus être en phase avec les adolescents ?

S : Je viens d’envoyer des vidéos où je joue des morceaux en acoustique. Je l’ai fait exactement par rapport à ce que tu viens de dire.

Quand j’ai écrit « Crazy », je l’ai fait en pensant à tous les collègues qui m’entouraient : mes petits-frères, leurs amis etc. Les mecs sont bousillés et passent leurs journées devant Facebook, regardent leurs téléphones toutes les deux secondes, envoient des tweets… Quand ces petits frères dont je te parle passent la soirée avec moi, je me rends compte à quel point ils sont issus d’une génération de dingue. D’ailleurs, dans le pont du morceau, je dis “Toute la nuit défoncée, ma jeunesse égarée”… Même si le morceau est fun, je joue le vieux qui les rappelle un peu à l’ordre ! [rires]

Je parlais de ça avec Akhenaton il y a peu et on pourra dire ce qu’on veut mais le rap est beaucoup plus écouté par les jeunes que par les mecs de quarante ans. Ça se fait inconsciemment mais, avec le temps qui passe, on écoute moins de rap. Akhenaton me disait qu’il se remettait à écouter beaucoup plus de soul ou alors des anciens disques de rap parce que chacun vit une époque et y repense avec nostalgie. A partir de 25 ans, la réalité te rattrape et tu n’as plus le temps d’aller chercher la dernière nouveauté. Ce qui m’entoure va m’inspirer pour écrire et ces morceaux dont tu parles sont à destination de mes petits cousins. Les anciens de mon quartier m’inspireront davantage des morceaux comme ‘Accroche toi à mes ailes’ dans lequel je m’adresse à mon fils et lui dit ce que j’aimerais qu’il accomplisse si je venais à m’en aller prématurément. Un morceau comme ça est le produit des discussions que je vais avoir avec les anciens.

En ce qui me concerne, je suis encore entre le jeune et le vieux. Peter Pan ! [rires] Les petits d’aujourd’hui ont des Ipod complètement improbables et peuvent mélanger un titre de Sefyu, un autre de David Guetta et un dernier de Linkin Park… C’est un truc de fou ! La dernière fois, l’un d’entre eux écoutait un morceau de l’album de Ke$ha. Le titre tuait et je ne savais même pas que c’était elle qui chantait. Quand il me dit que c’est Ke$ha qui chante, je n’y ai pas cru. “Quoi, celle qui chante ‘Tik Tok’ là ?” Il me dit que des morceaux de l’album tuent mais je ne peux pas le savoir moi ! Je pensais que c’était une chanteuse pour ados et, après avoir écouté certains des morceaux du disque, je suis devenu complètement fou. J’ai encore ce côté entre deux âges. Tu regardes un type comme Lil’ Wayne et c’est la même chose : c’est un pur gamin.

Après, tu as des mecs comme Jay-Z qui m’impressionnent. Il va rapper à 42 ans et parler à toutes les générations. Je kiffe ça.

A : Finalement, Jay-Z fait partie de la première génération des rappeurs qui se posent la question de leur légitimité à prendre le micro à 40 ans passés. Tu ne penses pas qu’il y a une réflexion à mener chez les rappeurs lorsqu’ils commencent à vieillir ? Je suis persuadé que des mecs de 40 ans pourraient continuer à écouter du rap à condition qu’ils puissent se reconnaître un tant soit peu dans les morceaux des rappeurs…

S : C’est pour ça que je te parlais des acoustiques. C’est à nous d’amener ce genre de choses. Quand j’écoutais NTM et IAM, je n’avais pas 35 ans. J’en avais 14 !

Personnellement, j’ai découvert des classiques rap sur le tard. Par exemple, j’ai connu IAM avec ‘Je danse le mia’. C’est avec ce titre que j’ai découvert toute la discographie d’IAM, qu’il s’agisse de ‘Demain c’est loin’ ou des titres issus de “De la planète Mars”.

La stratégie de Jay-Z ressemble un peu à ça : faire des morceaux qui peuvent rentrer dans les foyers pour amener les gens au rap et les fidéliser pendant des années. Jay-Z a 42 ans et alterne entre costards et baggys, il a des flows de jeune, il rappe avec Lil’ Wayne, Drake et Rick Ross, il dit la même chose qu’eux… C’est totalement ma mentalité.

Je suis sûr et certain que le rap français peut être écouté par tous les âges.

A : D’ailleurs, les deux tubes de la Sexion d’Assaut, ‘Désolé’ et ‘Wati by Night’, le prouvent puisque tout le monde les connaît et danse dessus en soirée…

S : Absolument et c’est avec ce genre de morceaux que tu amènes le rap chez des gens qui y sont réticents au départ. Des gens m’ont dit qu’ils ont adoré ‘Désolé’. Ils sont allés écouter l’album et ont entendu ‘J’ai pas les Loves’. Le texte leur a parlé parce qu’eux aussi rencontrent des galères de ce type. Pareil avec ‘La drogue te donne des ailes’.

Un mec qui n’aime pas le rap est venu me dire qu’il adorait ‘A la bien’. C’est normal parce qu’il a entendu le morceau tout l’été, il s’est amusé dessus… Pour lui, ça n’est même plus du rap mais un hit au même titre qu’un morceau de Snoop, Zazie ou Christophe Willem. Il me dit que le morceau lui a donné envie d’écouter mon album. Après une première écoute, il pète un câble sur ‘Passe moi le mic que je représente’ qui est pourtant super rap. J’étais surpris ! Ensuite, l’album lui a donné envie de regarder quelques-unes de mes interviews dans lesquelles je parlais souvent de Keny Arkana. Il est allé écouter son album et il a pris une claque ! Il m’a dit être devenu fan de Keny Arkana grâce à ‘A la bien’. Je me dis que j’ai fait mon boulot.

Je suis sûr qu’il y a des artistes dans le rap qui peuvent être appréciés par Monsieur et Madame Tout le Monde. Après, c’est une question d’accessibilité. Avant qu’ils soient connus, je parlais beaucoup de la Sexion d’Assaut à un pote à moi. Il m’a dit quelque chose de très vrai : “Comment est-ce que je suis censé les connaître ? Ils ne passent pas à la radio et je n’ai pas le temps d’aller faire la tournée des Skyblogs pour trouver la perle rare. J’ai 35 ans, deux enfants et il faut qu’un morceau tourne à la télé, que mes enfants dansent dessus pour que je les découvre et apprécie ce qu’ils font.”

« Quel morceau est capable de réunir un maximum de gens ou de faire parler pour que les gens aillent écouter l’album ? J’assume le fait d’avoir cette réflexion sinon je fais des albums qui restent dans ma cave.  »

A : Tu es un des rares rappeurs français à bénéficier de rotations radios régulières. Est-ce que ça t’arrive de penser au potentiel commercial d’un morceau ?

S : Sur le plan national, il n’y a qu’une seule radio qui passe mes titres et c’est Skyrock. Il y a aussi Générations bien sûr mais c’est limité à la région parisienne.

Pour répondre à ta question, je te dirais que j’ai cette réflexion à la fin de l’album. Quand il est temps de faire la promo de l’album, je me dois d’avoir un comportement professionnel. Quel morceau est capable de réunir un maximum de gens ou de faire parler pour que les gens aillent écouter l’album ? J’assume le fait d’avoir cette réflexion sinon je fais des albums qui restent dans ma cave.

Cette réflexion est encore plus essentielle depuis qu’il y a le téléchargement. Les gens consomment énormément d’albums et tu es obligé de mettre un morceau en avant pour sortir du lot. Par contre, j’ai cette réflexion une fois l’album fini et non avant de le commencer. Tout simplement parce que faire un tube est aussi compliqué qu’il est simple de faire un morceau underground. Tu prends un instru assez simple, tu fais le véner dessus et tu as ton morceau ghetto. Alors que si on savait faire des hits, les mecs arrêteraient de bicrave et en feraient à la pelle !

Tu ne peux pas décider que tel morceau sera un hit ou rentrer en studio en disant que tu vas créer le nouveau tube. Regarde ‘Désolé’ : ils l’ont mis à la fin de l’album et n’avaient pas conscience de l’impact qu’il aurait. C’est pareil avec ‘Tonton du Bled’. Tu as AP qui avait fait ‘Tonton d’Afrique’. Ils ont rigolé dessus et, du coup, Rim-K a voulu faire un morceau sur l’Algérie. Ils ne s’étaient jamais imaginé du carton que ce serait surtout qu’il s’agit d’un morceau communautaire. A priori, c’est impossible que ce genre de titre marche en France ! Pourtant, ça a explosé.

Ça ne se calcule pas un tube et personne n’a la recette. Par exemple, on a envoyé ‘Hiro’ qui est un extrait du nouvel album. Je n’ai que des retours positifs dessus alors qu’il n’y a pas de refrain, que ça dure 6 minutes… Il n’y a pas de format prédéfini. Ce sont les gens qui décident.

A : Internet a complètement changé l’industrie du disque et, aujourd’hui, il est plus difficile de vendre des albums que par le passé. Comment tu te positionnes par rapport à Internet et au futur ? Tu penses que ça peut générer un nouveau business model viable ?

S : Je suis assez pessimiste par rapport à tout ça et je pense que le CD va mourir. Tout le monde a sa musique dans son téléphone. Le souci c’est que c’est devenu complètement normal d’avoir un morceau gratuit.

Je vais te parler directement. Demain, je ne peux pas aller bosser au McDo. Je suis un peu trop connu pour ça et tout le monde va me saouler si on me voit là-bas. “Ah mais tu as raté ta vie en fait…” Ensuite, pour faire de la musique, il faut pouvoir être totalement immergé dedans et ne rien avoir d’autre à faire. Si tu ne vis pas de la musique, tu es obligé de laisser tomber parce que la réalité de la vie te rattrape. Il faut payer le loyer et s’occuper de sa famille. Je ne comprends pas comment quelqu’un qui ne vend pas de disques peut sacrifier égoïstement sa famille et sa vie pour le rap. Il faut revenir sur terre. Je ne te parle pas de gagner assez d’argent pour acheter des 4X4 là ! Je parle de s’occuper de sa famille et du strict nécessaire.

On fait des nuits blanches, on enchaîne les heures de studio, on investit nos propres sous dans la musique… Il faut que ça paye à un moment. Pour que les artistes continuent à faire de la musique, il faut qu’ils vendent des disques.

A la base, je fais de la musique pour les concerts et je m’en fous de vendre des milliards de disques mais il faut vendre des disques pour remplir des salles de concert.

« Pour faire de la musique, il faut pouvoir être totalement immergé dedans et ne rien avoir d’autre à faire. Si tu ne vis pas de la musique, tu es obligé de laisser tomber parce que la réalité de la vie te rattrape. »

A : Est-ce que tu te vois rapper encore longtemps ?

S : Si je fais de l’acoustique et que j’arrive à faire quelque chose de différent, oui. Bosser avec un orchestre derrière, j’adorerais. Peut-être pas dans des dômes mais je m’imagine bien faire ça dans des salles plus intimes. C’est mon but.

A : On arrive à la fin de l’interview. Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ?

S : Je suis content de l’interview qu’on a réalisé parce qu’on a pu aborder des vrais sujets. Il y a un problème de mentalité en France et il ne faut pas avoir peur du changement. Je suis sûr que l’an prochain, il va y avoir des super morceaux hip-hop/electro-pop/rock. Il y a un mélange des genres actuellement et ça va donner quelque chose de dingue. L’essentiel est que ce soit bien fait.

Skalp m’a dit quelque chose d’intéressant aussi la dernière fois : “Le problème des rappeurs français est qu’ils n’acceptent pas leurs cultures”. Skalp a joué là-dessus avec les compilations Rai&B Fever et c’est pour ça que ça a très bien marché. Beaucoup d’entre nous sont Africains, adorent le raï, le funk et il a composé des instrus qui allaient dans cette direction. Les Rai&B Fever n’ont pas uniquement marché parce qu’ils contenaient des morceaux commerciaux. Ça a marché parce que ça touchait tout le monde. De la même manière, les samples de soul parlent beaucoup aux américains parce qu’ils reconnaissent les morceaux que leurs parents écoutaient. La FF a beaucoup marché aussi parce que leurs samples allaient puiser dans les années 80 et qu’on a grandi avec ces morceaux. On n’a pas grandi avec Otis Redding et Curtis Mayfield.

Quelques jours après l’entretien que Sinik nous a accordé, nous l’avons recroisé et en avons profité pour discuter un peu football. De sa passion pour le PSG à la polémique sur la qualification de la France pour le mondial, quelques échanges teintés de souvenirs footballistiques en commun. Une bonne occasion pour se remémorer quelques joueurs et matchs, parfois cultes, parfois bien tristes. Regards croisés sur un sport aux souvenirs toujours un peu teintés d’émotions.

Premier souvenir de supporter

« Dans un stade, c’était un PSG – Auxerre. Il y avait encore Joël Bats et Bruno Martini dans les buts ! Sinon, il y a le match PSG – Real, mythique, avec le but de Kombouaré dans les arrêts de jeu. Le PSG – Steaua Bucarest m’a bien marqué aussi, même si c’était plus tard. Il fallait gagner au moins 4 – 0, on avait perdu à l’aller suite à l’entrée de Fournier alors qu’il n’était pas sur la feuille de match. C’est le genre de match qui a solidifié ma foi naissante de supporter. »

Le regard de l’Abcdr :

Entre 1993 et 1997, le PSG a atteint 5 fois les demi-finales de Coupe d’Europe. Cette statistique record, partagée avec le Real Madrid, illustre bien l’aura dont a pu bénéficier le club, et l’angoisse qui plane sur ses contre-performances en ce début de XXIème siècle. Le but de Kombouaré avait cruellement éliminé le Real des quarts de finale de la coupe de l’UEFA, alors que les madrilènes pensaient tenir les prolongations grâce à leur but marqué à l’extérieur. Une délivrance pour les 45 000 spectateurs dans l’enceinte de la porte de St Cloud. Quant au match retour contre le Steaua Bucarest, il reste lui aussi dans les mémoires. Battu sur tapis vert suite à une bévue administrative dont seul le club a le secret, le PSG effacera les roumains aux portes de la Champions League grâce à un match de battants mené par l’un des plus beaux effectifs que le PSG ait connu. Florian Maurice avait encore de vrais genoux et était le Benzema de l’époque. Leonardo avait offert un festival de passes décisives. Raï avait une fois de plus démontré toute sa classe, et Marco Simone, fraichement arrivé, n’en revenait pas lui-même. Quant au Parc, il n’a rarement autant joué son rôle de 12ème homme.

Plus grosse déception de supporter

« Il y en a eu quelques unes ! [rires] La plus récente est le PSG – Marseille de l’an dernier. Si on gagnait on était quasiment premier et on poussait Marseille dans les profondeurs. Au final on a perdu et ça a été le début d’une mauvaise série pour nous alors que l’OM s’est relancé. »

Le regard de l’Abcdr :

Le classico français, crée de toutes pièces au début des années 90, n’a plus la saveur d’antan. Entre un PSG qui tombe malade chaque hiver et un O.M qui multiplie les frasques (comme faire jouer son équipe de CFA au Parc), ces matchs à « hauts-risques » selon les préfectures de police concernées sont souvent aussi âpres que verouillés. L’emballage médiatique n’y peut rien. Pourtant, l’an dernier, les hommes d’Eric Gerets étaient venus se venger d’une humiliante défaite concédée quelques mois plus tôt au Vélodrome. Au Parc, Brandao a eu une illumination technique, Zenden a fait son Houdini sur les objets publicitaires, et la rencontre s’est avérée être l’un des tournants de la saison. Le match a préfiguré des difficultés du PSG à finir dans les places européennes pendant qu’il a permis à Marseille de rester jusqu’au bout dans la course au titre.

Dans la peau et les pieds d’un joueur

« George Weah. Il avait tout : technique, fort, humain, respectueux. Un très grand joueur. D’ailleurs, ce qui s’est passé lors de son départ, je crois que c’est la seule fois où j’ai eu honte d’être supporter de Paris. Un mec qui a autant fait pour ton club, tu ne peux pas lui faire des choses comme ça. C’était irrespectueux, raciste en plus, ça m’avait choqué à l’époque. C’est une page pas glorieuse. »

Le regard de l’Abcdr :

À ce jour, Weah reste le seul Africain à avoir été honoré du ballon d’or. Son arrivée dans le football européen a débuté par un passage à Monaco, sanctionné d’une finale perdue de la regrettée Coupe des Coupes, trophée européen cher au PSG, que M. George rejoindra pour trois ans. Il a marqué le Parc des Princes par sa puissance et sa technique, avant de quitter le club dans une ambiance nauséabonde, des supporters ingrats et imbéciles digérant mal son départ pour le grand Milan. Cela n’enlévera en rien la splendeur du libérien, qui fera le bonheur de San Siro comme il avait fait celui du Parc, avec notamment un but qui n’a rien à envier au célèbre run de Maradonna lors du mondial 1986.

Le joueur détesté

« Fiorèse ! Le mec va où on lui dit d’aller, n’a pas d’identité, quand il est à Paris c’est le meilleur club du monde, puis quand il va à Marseille, c’est aussi le meilleur club du monde. Ce genre de joueur, qui retourne sa veste, qui fait un peu sa salope, qui n’est pas en phase avec lui-même et n’a pas de respect pour le maillot qu’il porte, ça ne me plait pas ! »

Le regard de l’Abcdr :

Encore plus détesté par les parisiens que son pote Fred Dehu, Fiorese a dû sa carrière à quelques matchs réussis (dont une saison pleine au PSG en 2004, 11 passes décisives) et à un opportunisme latent. Prenant les surfaces de répération pour une piscine (« Plus proche de Franck Esposito que de Georges Weah » dixit footmercato.net), sa réputation sulfureuse encadra une carrière faites de chichis et de transferts aux allures de non-sens. Honni par les supporters de toutes les villes de France, même ceux des clubs où il a joué (parlez en aussi bien à la porte de St Cloud que la Cannebière), il a terminé sa carrière à Troyes, qui s’est vu releguer en National.

Plutôt Colleter ou plutôt Llacer ?

« Ah Llacer ! [rires] C’est assez bizarre ces mecs, des fois tu te demandes comment ce genre de gars est arrivé dans le foot. Ce sont des bourrins, qui sont là pour faire le ménage plus que pour faire le jeu. Je n’aime pas trop ce genre de joueurs, parce que si il suffisait d’être hargneux et de ne pas lâcher le morceau pour être footballeur, on serait nombreux à y être arrivés. Ca ne sert plus à rien aujourd’hui si tu ne compenses pas derrière avec de la technique. Bon, Llacer avait mis un but de malade des 30 mètres, en reprise, je ne sais pas ce qu’il avait mangé. A Marseille ils en avaient un comme ça aussi : Hamada Jambay. Le mec était super mauvais mais a mis deux missiles de trente mètres. »

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Si il est vrai que personne ne s’est encore remis du but de Cisco, moment de grâce d’un joueur qui semblait concevoir un match comme une bagarre dans un bar pour le dernier verre, nous devons remercier Sinik de tout coeur : Hamada Jambay était complètement sorti de nos esprits. Extraterrestre du football, nous n’avons pas pu résister au plaisir de vous offrir ses fameux buts en vidéo.

Luis Fernandez ou Artur Jorge ?

« Ah largement Luis Fernandez ! C’est une bonne tête, je le connais un peu. Et puis il représente un peu ce qu’il manque au PSG : des caractères forts, des grandes gueules qui savent où elles vont. C’était autant une star que certains de ses joueurs. Aujourd’hui, tout le monde est dans le rang, tout le monde est gentil, et des mecs forts en caractère comme lui, ça manque un peu. Kombouaré à ce petit truc aussi, mais pour l’instant, en terme de résultat, ce n’est pas l’Amérique. »

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que Luis Fernandez est un sacré personnage. A cheval entre le monde médiatique et le football, celui qui fut des glorieuse équipées françaises de 1984 et 1986 en tant que joueur, est un coach qui attise les contreverses. Parfois aussi incompréhensibles qu’un Roger Lemerre (cf vidéo), il reste le serpent de mer du PSG. Les résultats de son premier passage sur le banc de touche parisien, lors de l’âge d’or du club entre 1994 et 1996, l’ont hissé haut dans le coeur des supporters de la capitale.

Plutôt Rai ou plutôt Ronnie ?

« C’est dur ça ! Mais je dirais Rai car il a vraiment marqué le club dans la durée. Ronnie a fait des trucs magnifiques et il s’est bien amusé en boite, mais c’était plus éphémère. »

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Assurément, Rai est au PSG ce que fut Juninho à Lyon ces dernières saisons. Mais en plus d’être doté d’un sens du ballon propre aux brésiliens (regardez la célèbre « Madjer » sur la vidéo ci-dessus), Raï avait une véritable vision du jeu et une classe rarement vue en Ligue 1, sur comme en dehors du terrain. Souriant, humble, généreux, ce n’est pas seulement le Parc des Princes que le meneur de jeu a illuminé durant 5 saisons, mais la France entière.

Cantona ou Ginola ?

« Cantona. C’est incomparable. L’un était un bon joueur, l’autre est une légende. Tu vas à Manchester, ils vendent encore ses t-shirts, chantent toujours la Marseillaise. »

Le regard de l’Abcdr :

Bon, soyons sincères, il nous arrive d’avoir des questions complètement cons. Celle-ci en est une preuve. Franchement, peu importe l’avis sur Ginola, quel amateur de football n’aurait pas répondu Cantona ? Probablement aucun. Tout a été dit sur Eric THE King, et même retiré des terrains, la légende continue à s’auto-alimenter à base de déclarations situées entre Didier l’embrouille et André Breton. Cantona a été l’un des premiers footballeurs contemporains a aussi bien gérer son image (qui ne se souvient pas de ce fabuleux spot publicitaire). Quant à nous, on s’en souviendra : « Cantona rien à dire, on ferme sa gueule ».

Plutôt Ruiz ou Saccomano ?

« Mmmh, Saccomano. Il a une bonhomie ce gars, tu as l’impression de le connaître. Et puis sa manière de crier, ses montées sur les aïgus [rires]. Quand il va partir, il va laisser un vide. »

Le regard de l’Abcdr :

Saccomano est au commentaire sportif ce qu’est… ce qu’est… Saccomano est unique et incomparable en fait. Parfois populiste, souvent polémiste, celui qui a exercé 30 ans sur Europe 1, dont un temps en duo avec l’excellent Pierre-Louis Basse, a traumatisé des générations d’auditeurs. La station avait repris ses meilleurs commentaires pour en faire un générique culte, dont le célèbre « Titi Camarra ! Titi ! Titiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii » (prolongez jusqu’à l’essouflement) reste dans toutes les mémoires. Malheureusement, internet n’a pas gardé traces de beaucoup de ces passages.

Le football à la radio

« Je kiffe mais c’est épuisant. Quand tu es supporter et que tu suis un match à la radio, tu as tout le temps peur. Les mecs crient pour une passe au milieu du terrain, ils sont super enthousiastes, et faut savoir discerner quand ce qu’ils décrivent est vraiment chaud ou pas. Il y en a qui tempèrent plus que d’autres, mais tu t’en remets aux paroles. Tu n’as que ça ! Si le mec veut te faire peur, il peut ! »

Le regard de l’Abcdr :

Le foot à la radio est effectivement une expérience à part. Et ce média a plusieurs particularités : il sait s’accomoder d’un match soporifique, bénéficie d’un formidable réseaux de correspondants locaux généralement très pointus et très bien informés, draine énormément de journalistes et consultants de qualité, et surtout manie les multiplex à merveille. Si un grand match se doit d’être vu de ses propres yeux, c’est probablement la radio qui donne le plus de frissons, excepté le stade bien sûr.

La main d’Henry et la main de dieu

« Il n’y a aucun rapport. Ce n’est pas du tout pareil, ce n’est pas la même action, l’un c’est un but, l’autre un contrôle, c’est incomparable. Mais c’était évident que cette expression allait ressortir, les habitués de foot le voyait venir à des kilomètres. Le geste de Thierry Henry je pense que c’est un mauvais réflexe. Il a  présenté ses excuses. C’est une main qu’il a fait, il n’a tué personne. Il faut se détendre et il ne faut pas oublier que c’est le meilleur buteur de l’équipe de France, qu’on lui doit beaucoup. Et ceux qui disent qu’il devait se dénoncer à l’arbitre ne savent pas de quoi ils parlent. Tu en vois beaucoup des joueurs qui viennent réclamer un carton ou l’annulation d’un but ? »

Le regard de l’Abcdr :

Inutile d’en faire des tonnes et des tonnes, tellement un convoi de semi-remorques est déjà passé sur le sujet. De toute façon, c’est bien connu, l’insécurité frappe toujours au premier poteau, et la manie de la vidéosurveillance trépigne d’impatience sur les bancs de touches des terrains de football. Il reste cependant intéressant de vivre de l’intérieur le point de vue des Irlandais.

Domenech, la main d’Henry ou la main d’Estelle ?

« Je ne sais pas mais moi je lui mettrais bien ma main dans la gueule ! »

Le regard de l’Abcdr :

Jeu de mains, jeu de vilains !