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Il y a des rappeurs qui multiplient les coups d’essai avant de passer le cap de l’album – quand ils le passent. Danny Watts, lui, a suivi la trajectoire inverse. Une petite réputation locale tout au plus, une seule apparition publique notable sur le Rap Album Two de Jonwayne il y a un an et, quelques mois plus tard, cet album en bonne et due forme. Un album produit par le même Jonwayne et accueilli sur son label (une première), avant d’emmener son poulain en tournée. Et pas la petite tournée : une cinquantaine de dates à travers le pays sur moins de deux mois. Tout ceci sans s’imposer outre mesure : étonnamment, l’homme de La Habra, entendu tout récemment sur le Weather or Not d’Evidence, ne pose pas de couplet sur Black Boy Meets World.
La relation entre les deux hommes semble aussi solide qu’elle est récente. Il faut dire que, récemment encore, Danny Watts était tout sauf un rappeur. Originaire de Houston, il travaillait comme employé au rayon optique d’une chaîne de grande distribution – pas vraiment le monde trépidant du rap game. Et puis un jour, remarquant qu’il était suivi sur une célèbre plate-forme de distribution audio par Jonwayne, il s’est décidé à lui envoyer un message… avant de recevoir tout étonné une réponse de l’intéressé, lui proposant une rencontre en chair et en os. Problème : Danny n’avait pas prévu, y compris financièrement, d’aller à Los Angeles. Après avoir fait raquer ses proches, il a néanmoins débarqué sur la côte ouest ; d’où son couplet sur « Rainbow ». Pour l’album, il a fallu faire encore plus vite afin de coller avec la tournée prévue : boucler l’affaire en une semaine. Et ce en incluant un remaniement de dernière minute, Jonwayne trouvant que trois morceaux n’avaient pas vraiment leur place et qu’il fallait in extremis les remplacer…
Boucler, pas bâcler. Difficile voire impossible de deviner à l’écoute que Black Boy Meets World a été réalisé dans l’urgence. Ce n’est pas une impression d’improvisation mais de maîtrise et qui se dégage du LP. Avec son timbre de voix grave et sa diction précise, qu’il sait rendre anguleuse (« Young & Reckless ») ou au contraire chantante (« A Lullaby for You ») d’une manière qui n’est pas sans rappeler parfois Mick Jenkins à ses débuts, Danny Watts se révèle un rappeur talentueux, qui capte facilement l’attention. À l’entendre, on comprend ce qui l’unit à son mentor, effaçant la distance et le couleur de peau (car le titre le dit : c’est un jeune homme noir, et pas seulement un jeune homme, qui rencontre/affronte le monde). Lui aussi évoque la crainte permanente de l’échec, la peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de fuir plutôt que d’affronter, la peur de la violence et de la mort. Lui aussi cultive le goût de l’introspection sans complaisance (la brève introduction, « I Don’t Trust Myself », est déjà en soi tout un programme) et n’hésite pas à déballer son sac à dos familial, voix maternelle à l’appui en bout de course.
On savait Jonwayne producteur accompli et Black Boy Meets World en apporte une nouvelle confirmation. On retrouve ici son souci du détail, aussi bien dans la construction des morceaux eux-mêmes (la touche jazz qui accompagne le monologue introductif de « Cards With the Devil », l’intégration du couplet de Ray Wright, la guitare qui clôt le morceau) que dans leur enchaînement. Il s’évertue toujours à brouiller les pistes entre ce qui est samplé ou joué : sur le superbe et poignant « Pill », par exemple, il semble que le clavier soit joué, mais pas la trompette. Ce faisant, il joue volontiers sur la spatialisation sonore, aidé d’une brochette de musiciens dont certains apparaissent plusieurs fois (le claviériste Kiefer Schakelford, le saxophoniste Aaron Shaw, le bassiste Juan Alderete de la Pena).
La première partie de l’album étant particulièrement réussie, il n’était pas facile de tenir la barre aussi haute jusqu’au bout, d’autant qu’il n’y pas tellement de rupture de ton au sein d’un album essentiellement morose, avec le tempo qui va avec. Un fléchissement se fait donc sentir dans sa seconde moitié, mais léger, car l’affaire est menée en moins de trente-cinq minutes. Et si le dernier morceau, le morceau-titre, est de loin le plus long du disque (un peu plus de sept minutes), il le conclut, comme c’était déjà le cas avec « These Words are Everything » sur Rap Album Two, d’une belle manière.
Il avait annoncé sa retraite en avril 2015 par maxi interposé. Elle paraissait douteuse, ne serait-ce que parce que le maxi en question sortait sur un nouveau label créé par ses soins. Depuis, il s’était fait discret, sans être tout à fait inactif. On retrouvait son nom en tant que producteur du morceau inaugural de l’album Kindness for Weakness de Homeboy Sandman. Surtout, Jonwayne avait lâché, au cours de 2016, quatre morceaux (de « Wonka » à « 40 Winks ») qui semblaient préfigurer un album, au moins rappeler que l’ancienne recrue de Stones Throw était encore là. Plus tard dans l’année, c’était au tour d’un opus instrumental en téléchargement gratuit (sans compter une sortie limitée en vinyle), Here you go, uniquement conçu à base de samples.
Pas totalement retiré des affaires, donc, Jonwayne traversait en fait une phase difficile, comme il l’a expliqué par lettre en même temps qu’il annonçait ce nouvel album. Il n’est pas parti longtemps (on a connu traversées du désert plus longues) ; pourtant, à l’en croire, Rap Album Two est l’album d’un revenant. Alcoolique, dépressif, celui qui, en pleine tournée, s’est réveillé dans son vomi une nuit de mai 2014 s’est efforcé dès lors de changer de cap, et en premier lieu d’arrêter de picoler comme un trou. Plusieurs morceaux l’évoquent, à commencer par « Out of Sight », qui convie Sofie Fatouretchi et Juan Alderete, lesquels participent d’ailleurs à d’autres morceaux. Car les invités sont nombreux (une bonne quinzaine, de DJ Babu à Zeroh sur deux morceaux) sur ce disque traversé par le thème de l’amitié. Un ouvrage collectif, donc, qui est cependant le premier, confie Jonwayne, qu’il a l’impression d’avoir maîtrisé de bout en bout.
Pour une maîtrise, c’est une maîtrise. Le morceau d’entrée, « TED Talk », avec ses clins d’œil à Kant et Van Gogh, avec son cut de Biz Markie qui prend à contre-pied l’ambiance pesante et la gravité du propos par une note sarcastique, est d’emblée une réussite. On retrouve chez le Californien cette voix sans pareille (surtout pour quelqu’un qui est encore loin de la trentaine), cette prédilection pour le piano (de « TED Talk » à « Blue Green »), mais aussi ce sens de la rupture et de la modulation. Tout ça au service d’un album soigné aussi bien dans l’ensemble (il est conçu comme un ensemble cohérent et même indivisible) que dans le détail, comme l’illustrent les transitions entre les morceaux.
Le plus intéressant est sans doute la façon dont Jonwayne continue de prendre ses libertés avec les codes et conventions du genre et ce bien au-delà de son look. L’équilibre formel, les morceaux formatés façon couplets/refrains sagement alignés, c’est pas son truc. Lui fait des morceaux qui vont de 1’40 à 7’25 (« Afraid of us » et sa boucle de voix soul aussi simple qu’envoûtante). Se passe de beat ou de refrain, s’accorde des ponts instrumentaux, détourne les pistes en cours de route. Dès la deuxième, il produit un hybride moitié sketch, moitié chanson. Plus loin, il donne l’impression de s’être endormi sur ses machines au beau milieu de « Rainbow » (idem sur « Hills », mais l’effet est moins réussi, ce qui en fait le maillon faible du LP). Quant à « The Single », il porte délibérément mal son nom : peu emballé par la corvée de faire un morceau accrocheur, Jonwayne se loupe trois fois dans son couplet et préfère laisser tomber l’enregistrement.
Il a bien fait de ne pas tout abandonner pour de bon.
Jonwayne n’a pas seulement le sens de la formule : il a aussi le sens de l’image, bien aidé en cela par le graphiste maison Jeff Jank. On l’a vu avec la pochette du perfectible mais remarquable Rap Album One qui, avec son cracker (double référence à la couleur de peau et au tour de ventre du rappeur), aurait dû figurer dans nos « pochettes de l’année » 2013. C’était déjà le cas avec la trilogie de cassettes qui l’ont précédé, faisant respectivement un clin d’œil à Marlboro (ce qui a valu au label quelques ennuis avec Philip Morris…), Coca-Cola et Apple. Dans ces cassettes à l’écho confidentiel, la recrue de Stones Throw, découverte par beaucoup grâce à sa prestation sur l’album collectif Quakers (« Smoke »), a pioché neuf morceaux. Remasterisés pour l’occasion, presque tous produits par l’intéressé (seul « Altitude » fait exception), les voici pressés en vinyle et – souci visuel toujours – enveloppés d’une pochette en forme de cassette grand format.
Difficile de savoir vraiment si cette pioche a été bonne sans avoir écouté les supports d’origine. Ce qui est sûr, c’est que Cassette on Vinyl ne détonne pas par rapport à Rap Album One. L’écoute confirme le bien que l’on pouvait penser de ce californien amateur de Bukowski, exhumé au début de « Ode to Mortality » et auquel un court morceau à son nom rend hommage, au son d’une boucle de synthé que ne renierait probablement pas MF Doom. Au programme : piano, voix samplées et trafiquées, inserts vocaux et beats chétifs (Jonwayne ne rechignant d’ailleurs pas à rapper plus ou moins a capella). Mais ces éléments principaux sont à chaque fois agencés de manière différente. Les notes montant vers l’aigu et entrecoupées de « Ode to Mortality » ont peu à voir avec la splendide ligne de piano qui donne à « Curious » sa touche mi-entraînante mi-désabusée, ou avec celle qui charpente « Cool runnings » faute de rythmique sur les trois-quarts d’un morceau relevé par une belle performance de Zeroh. De même que la voix limite gospel du boom-bap assez classique « Gross » n’est pas celle qui emprunte aux Four Freshmen sur « Passing Fancies », et encore moins celle pitchée qui ouvre le bien nommé « Raw Shit » avec Jeremiah Jae, présent sur trois morceaux. L’album déploie ainsi une vaste palette d’ambiances, allant du forcément aérien « Altitude », avec sa mélodie caressante, au rugueux « Blaq Prussian », rendu encore plus pesant par quelques notes caverneuses débarquant en plein milieu, une minute finale un peu dissonante enfonçant le clou.
La voix singulière de Jonwayne, facilement reconnaissable, cimente tout ça solidement avec l’aide d’une poignée de complices triée sur le volet. Faussement monotone, précise dans ses placements et habile dans ses inflexions, elle est la marque d’un très bon rappeur, comme le premier couplet de « Gross », qui ouvre le disque sur un tempo assez rapide, le démontre rapidement. Pas dénuée d’humour, loin de là, elle sert un propos au ton souvent grave ou grinçant, entre désenchantement et plaisir de profiter de la vie, bribes autobiographiques et projections poétiques, sans oublier un egotrip de bon aloi. Il est un peu frustrant que cette belle mécanique s’arrête au bout d’à peine trente-trois minutes. Mais c’est toujours un plaisir de voir quelqu’un briller dans un genre tout en collant si peu, au moins en apparence, aux clichés qui lui sont attachés. « I hear folks blew my flow on the mic, funny thing, ‘cause they’re nowhere in sight, they must be damn good ventriloquists…«
Un matin, Geoff Barrow se lève de mauvais poil et décide qu’il en a ras-le-bol. Lui qui, destiné au rock, s’était retrouvé embarqué dans l’épopée hip-hop au cours des années 1980, incorporant le sampling et le turntablism à ses compositions au sein de Portishead, ne s’y retrouve plus. Alors, remonté comme la pendule de Flavor Flav, il commence par dessiner une jaquette en forme de ville en ruines — représentation imagée de l’état de délabrement dans lequel se trouve son genre d’adoption. Sur sa lancée, il reprend son pseudo de Fuzzface (inauguré dix ans plus tôt à l’occasion de remixes des Pharcyde et des Gravediggaz) puis contacte ses deux compères Stuart Matthews (alias 7Stu7) et l’australien Katalyst pour les mettre dans le coup. Enfin, il attrape son téléphone et passe des coups de fil. Beaucoup de coups de fil. Et voilà rassemblés pas moins de trente-cinq rappeurs (dont une rappeuse), parmi lesquels quelques anciennes vedettes (Prince Po, General Steele…), des noms plus récents ou affiliés au label Stones Throw (Guilty Simpson, Aloe Blacc…) et pas mal d’inconnus. Pour bien signaler qu’il a sévèrement les boules, le Geoff reprend sa jaquette et ajoute, sous cet impressionnant line-up, « Warning : contains hip-hop« .
Une fois réuni, le trio de tête appuie sur un bouton et actionne le rouleau compresseur. Car il faut être dans de bonnes dispositions pour avaler d’un coup une mixture de cette envergure (41 morceaux ou fragments de morceaux, 70 minutes au total). Quand on l’est, on prend beaucoup de plaisir à ingurgiter cette sorte de mixtape XXL, façon open mic géant ; dans le cas contraire, ça peut se révéler un peu indigeste. En tout cas, l’effet contradictoire produit est assez bluffant. D’un côté, c’est l’impression de collage, de patchwork qui domine, à coups de brusques changements de ton. D’un autre côté pourtant, la concrétion sonore enchaînée sans temps mort donne la sensation d’une trame continue malgré les ruptures, à l’aide de transitions assez classiques (cuts, extraits audio, etc.) ou plus ou moins inattendues (du type grondement de moteur ou bruit non identifié, genre décollage de soucoupe volante sur « There it is »/ »RIP »). On se dit que ça part dans les tous les sens, y compris dans les textes (certains font dans la tirade politique, d’autres dans l’egotrip, d’autres dans le storytelling…), et en même temps s’impose une certaine unité de ton. Une sorte de boxon calculé au millimètre.
Hybride, Quakers l’est jusque dans un son à la fois crade et soigné ou soigné dans le crade, avec des couches de samples et des breaks à foison (le second disque, instrumental, permet de les saisir plus facilement). C’est dans l’ensemble son côté brut de décoffrage qui fait tout son charme. Le ton d’ensemble est percutant et rugueux, même si quelques moments d’apaisement permettent de reprendre sa respiration. Il y a du cuivre rutilant et du cuivre torturé, des lignes de basse funky et d’autres caverneuses, des nappes de synthé stridentes et des riffs de guitare trafiqués, des voix soul plus ou moins triturées et même quelques chœurs pop, le tout menant d’un boom-bap bancal aux accents « madlibiens » à des échos électro-rock. On peut s’amuser en passant à repérer un emprunt à Radiohead (sur « Fitta Happier ») ou un sample de « Que je t’aime » (sur « I Like to Dance »)…
Hélas, l’album ne réussit pas l’exploit de maintenir l’attention de l’auditeur au même niveau tout du long. Son côté zapping frénétique peut user. Surtout que, comme c’était à craindre avec une telle brochette d’invités, le disque est inégal. Une production moins convaincante que ne relève pas un rappeur quelconque, et la tension retombe. C’est ce qui empêche Quakers d’être vraiment captivant sur la durée. C’est moins le genre de disques qui s’écoute en boucle que celui qu’on se met, une fois de temps en temps, pour prendre une bonne beigne.
Bien que First of a Living Breed soit le premier album de Homeboy Sandman à sortir chez Stones Throw, celui-ci est loin d’en être à son coup d’essai. Il s’agit en fait de son quatrième album depuis 2007, sans compter plusieurs EP (!). Espérons que cette signature sera l’occasion de le faire connaître d’un plus large public, après la reconnaissance du milieu lui-même, traduite par différentes étiquettes (« Unsigned hype » de The Source en 2008, « Artist to Watch » pour Rolling Stone en 2012…), car l’homme est aussi talentueux que productif. Celui dont l’album culte est le Illadelph Halflife de The Roots propose ici un disque original et varié, qui ne se contente pas d’exploiter une même formule réchauffée. « I’m not the cat talking take it back to the old school / I’m the cat talking take it forward where we supposed to« . Au contraire, cet album semble obéir au principe suivant : ne pas faire deux morceaux qui se ressemblent, à plus forte raison deux morceaux consécutifs.
First of a Living Breed est en effet tout en contre-pied : chaque titre est l’occasion d’un brusque changement de direction par rapport au précédent. L’album débute par un « Rain » en quelque sorte métallique, où le rappeur du Queens impose un flow précis tout en allitérations affûtées, puis ce dernier passe sur « Watchu Want From Me » à un phrasé chanté, au ton nettement plus léger, posé sur une coulée de piano relevée en bout de course de scratches idéalement placés. D’emblée, il révèle ainsi une large palette qui n’est pas sans rappeler celle d’une ancienne recrue du label, Aloe Blacc. Plus loin, Homeboy Sandman enchaîne « 4 Corners », dont les couplets s’accompagnent d’un sample bizarre qui évoque le bruit d’un gribouillage au feutre, avec « For the kids », qui met en boucle un rire d’enfant et installe dans une ambiance joyeuse de dessin animé. Ailleurs, on passe sans transition de l’ambiance quasi acoustique de « Cedar and Sedgwick » (croisement de rues qui fut le berceau hip-hop, puisque s’y déroulèrent les premières block-parties), avec sa guitare et ses percus, à un boom-bap tendu par une ligne de basse nerveuse (« Mine all Mine »). Et c’est comme ça tout au long du disque.
Ces changements d’ambiance permanents caractérisent nettement First of a Living Breed. Ce sont d’abord les productions qui diffèrent (seuls trois beatmakers sur dix signent plus d’un titre). On passe d’une coulée de cordes apaisante à une boucle synthétique inquiétante, d’une couche de castagnettes à une ligne de piano haut perchée, d’une flûte discrète à un sample de vieux jeu vidéo légèrement strident. Mais c’est tout autant l’interprétation de Handboy Sandman qui passe d’un registre à l’autre sans difficulté. Sa voix se fait tantôt douce tantôt grave, ici elle narre tranquillement et là elle interpelle directement, parfois elle est à la limite de la déclamation et parfois au contraire elle étire les syllabes dans un phrasé élastique. Rien à voir, au final, entre le possédé et insistant « Eclipsed », l’intimiste « Not Really » ou le rêche « Sputnik ». Quant au refrain, ce peut être aussi bien un murmure (« Mine all Mine ») qu’un haka (« The Ancient »).
On peut être un peu dérouté par une telle hétérogénéité musicale. Son risque, c’est de perdre l’auditeur en route. Dans ce cas, on appréciera fortement tel morceau, mais sans être accroché par tel autre ; on fera le tri. Mais on peut aussi accepter de jouer le jeu et se laisser embarquer d’un bout à l’autre, sans escale. La durée équilibrée d’un ensemble sans fioritures (46 mn, sans interlude, et un seul invité), l’habileté de la construction et la prestance de Handboy Sandman, d’ailleurs renommé pour être un redoutable lyriciste, amateur de jeu de mots et de métaphores, assurent une cohésion improbable à un album qui slalome entre les normes. Pour un juriste en puissance (il a abandonné ses études de droit pour se consacrer entièrement à la musique), c’était pas gagné d’avance.