Trunk muzik 0 to 60 est plus qu'un disque. C'est une claque, à l'imprévisibilité d'un personnage affreusement déglingué de roman noir. Il faut dire que de ce mélange de fureur contenue et de décadence hypnotique, ce sont le vice, la versatilité et la brutalité compulsive qui suintent. Et en terme de vécu, de références et de culture musicale, Yelawolf semble avoir avalé un pot belge pour décomposer 12 titres durant ses phases comme mille et un tricks de skateur, avec toujours ce côté malsain et inquiétant en filigrane. Titubant en portant un fut de bière, sortant des fusils à pompe du coffre, capable d'infliger à ses auditeurs une fracture ouverte de l'oreille, portant la chapka haute sur un corps de 65 kilos tatoué comme un Hell's Angels, le natif de l'Alabama au sang mi white-trash/mi-cherokee bâillonne d'abord le témoin de ses forfaits avec un foulard imprégné d'éther, avant de le traîner quelques minutes plus tard sur une route sordide accroché par une corde au pare-choc arrière de son pickup.
— zo.