Gasface est mort, vive Gasface ! Deux ans pile après la polémique "blanche", les insaisissables Mathieu Rochet et Nicolas Venancio reviennent nous parler de New York City, ville fascinante mille fois arpentée par leurs petits pieds français. Exit le stylo, place à la caméra. Six mercredis de rang, du 20 octobre au 24 novembre 2010, ils en restitueront une part d'âme, avec de vrais moments de grâce dedans. Si la commande émane cette fois d'Arte TV, le ton reste résolument le même - obtus tendance perché, anglé hip-hop mais pas que. Portraits cadrés de dos ou en trois-quart nuque à la Michael Mann, lapsus conservés, sessions studio en mode muet, incises visuelles, montage chaloupé, impression d'une déambulation sous iPod scénarisée par David Simon... N'en déplaise à ODB, cette ville n'est pas un zoo. Les rencontres appellent les rencontres, la confiance idem, le respect itou. Rien qui ne se contemple à l'abri des vitres climatisées d'un Isuzu Fargo, un pot d'Häagen-Dazs sur les genoux, comme cela se pratique sans honte dans les townships sud-africains d'aujourd'hui... Et puis il y a cette phrase de Joell Ortiz dans le #2, hommage pudique qui départage le minimum du maximum que peut faire un musicien en l'absence d'un ami incarcéré : "Dennis a tiré cinq ans. Je n'ai peut-être pas écrit une putain de lettre par semaine, ni envoyé de mandat, mais ce que j'ai fait à plus de valeur : j'ai attendu. J'ai aiguisé mon sabre et, quand il est rentré, je l'ai fait danser."
— Anthokadi
Lire l'interview de Mathieu Rochet et Nicolas Venancio (2007)