Depuis six ans, entre les volets des Mood Muzik et sa chronique de la folie ordinaire, Joe Budden s'était présenté en personnage torturé, aussi bien par le monde extérieur que par son intériorité. Même si son sens de l'abnégation grandissait un peu plus à chaque sortie, il semblait ne pas se sortir de ce cycle éternel de la guigne, jusqu'à s'y complaire. Pourtant, le sous-titre du quatrième volume des Mood Muzik, A Turn 4 The Worst , ne ment pas : quelque chose a changé chez Joey. Même si sa formule n'a pas bougé d'un poil (textes introspectifs, métaphores acerbes, instrus atmosphériques), il sonne plus apaisé. Jusqu'à en être lui-même surpris ( "Strangely I'm no longer sad man or angry, shame-ably it pains me, feeling like this just ain't me"). Signe qui ne trompe pas : il ne (se) débat plus avec Dieu, mais lui parle comme à un pote ("I don't get why the inferior bother to diss me, heart of my city, when I go take a part of it with me, I think God will understand that was part of my misery, so instead of "Father forgive me" it's "Father ya dig me?"). Joe ne combat plus avec ses démons : il semble leur avoir définitivement tourné le dos, le majeur en l'air. Ni résigné, ni rageur, mais l'esprit tranquille. Tant qu'il ne perd pas de sa verve, on prend.
— Raphaël