Mentions honorables

2 Chainz

Le grand frère un peu barré, adepte des images aussi drôles qu’improbables, 2 Chainz représente le versant haut en couleurs de la trap d’Atlanta et a réussi à tracer sa propre voie après son parcours en groupe dans les années 2000. Il nous l’avait dit en 2012 : il est différent. – David

21 Savage

Entre violence latente, humour pince-sans-rire et gimmicks absurdes, le rappeur d’Atlanta a marqué la fin de la décennie de sa voix nasale, articulée et dangereusement calme, qui plane comme un nuage noir gros de fantômes. – David

Ab-Soul

Ab-Soul a peut-être été trop en avance. Abstrait, complexe, ésotérique, son identité s’est vite démarquée au sein du label TDE grâce à ses thématiques de prédilection : la connaissance de l’être et les théories du complot. À vouloir trop percer les mystères de la nature humaine, Herbert s’est perdu en chemin et a dû à se recentrer sur lui-même, à l’image de son dernier album en date. – ShawnPucc

Action Bronson

Ancien cuisinier, épicurien, amoureux du beau geste, Action s’est fait remarquer avec des premières fournées pour son goût des collaborations avec un seul producteur, et son style entre respect des traditions et originalité, avec un personnage attachant, drôle, bon vivant. En résulte une discographie imposante, tout droit sortie du Queens. – ShawnPucc

Anderson .Paak

Chanteur, rappeur, batteur, Anderson .Paak est presque un groupe à lui tout seul. De sa voix et son groove inimitable, il a promené avec panache sa Californie d’albums en albums, de Venice à Ventura en passant par l’incroyable Malibu, de Knxwledge à Bruno Mars sans oublier Dr. Dre. – JuldelaVirgule

Benny the Butcher

Le moins tapageur peut-être, mais pas le moins éclatant des membres de Griselda. Malgré une reconnaissance tardive, le boucher de Buffalo est partie intégrante de la renaissance du coke rap poisseux et poussiéreux de la Grosse Pomme, concrétisé dans un premier album studio remarquable, le funeste et sinistre à souhait Tana Talk 3. – David²

Big K.R.I.T.

Depuis son Mississippi natal, le rappeur et producteur a porté la torche du country rap tunes jusque sur le mont Olympe et n’a eu de cesse de peaufiner sa musique, toujours plus mature et personnelle. – David

Conway the Machine

Dans la famille Griselda, Conway the Machine est le tireur : phrasé inimitable, flegme incomparable et une écriture limpide, capable de terroriser ou d’émouvoir. Si le point artistique culminant de sa carrière reste certainement Reject 2, il s’est peu à peu émancipé de l’écrin « no drums » par des inspirations plus rutilantes, au risque de laisser apparaître quelques imperfections, un comble pour l’étendue de son talent. – ShawnPucc

Curren$y

De la Nouvelle-Orléans, Curren$y a inondé la décennie 2010 d’une pléthore de projets en jouant la carte de l’indépendance. Une allure de croisière pour ce stoner stakhanoviste qui a réinstallé le rap laidback mais aussi remis les albums collaboratifs avec un seul producteur au goût du jour. – JuldelaVirgule

Danny Brown

Danny Brown a zig-zagué entre trap de strip-clubs et boom-bap psychédélique. Sa voix criarde et ses cadences hyperactives sous psychotropes ont accompagné son extravagance flamboyante de fêtard et son nerdisme de backpacker, tout en montrant de plus en plus de lucidité sur cette vie dissolue. – Raphaël

Denzel Curry

Formé au rap marécageux du RVIDXR KLVN, Denzel Curry a mêlé au son saturé de la protéiforme scène SoundCloud un héritage rap plus classique. Avec son flow hyper articulé, ses disques sont remplis d’une urgence cathartique, allant de directions bruyantes à une musique de plus en plus solaire. – Raphaël

Dom Kennedy

Plus cool et festif que le rap nerveux de ses voisins Nipsey et YG, Dom Kennedy a lui aussi opté pour l’indépendance avec son label OPM. À l’ombre des palmiers, sa musique nonchalante a décliné la version douce et ensoleillée du G-funk californien. – JuldelaVirgule

Drakeo the ruler

Drakeo est un monde à lui tout seul. Sa langue cryptique en création permanente a été mise au service d’une musique glaciale lorsqu’il la prétend fictive, ou qui semble tirée d’un cartoon lorsqu’il affirme son authenticité. Malgré l’injustice carcérale qu’il a subie avant de finir assassiné, il a fondé sa lignée et la scène californienne aujourd’hui bouillonnante lui doit énormément. – Léon

G Perico

Le fier représentant du jheri curl s’est inscrit dans la droite ligne du gangsta rap californien des années 1990 et l’a modernisé juste ce qu’il fallait avec hargne et nervosité. – David

J. Cole

Pur produit de l’ère des blogs, la carrière de J. Cole incarne parfaitement une industrie du disque en pleine mutation. Après des premiers singles hésitants et albums incomplets, il a créé des opus confortant son public, quitte à devenir un mème derrière l’idée de « platinum with no features ». Encore à la recherche d’un grand – et unanime – album, Jermaine Cole a encore tout pour se racheter. – ShawnPucc

Ka

Parallèlement à son frère d’armes Roc Marciano, Ka s’est bâti une remarquable discographie dans laquelle voix feutrée, musique austère et plume céleste se font conteuses des rues dures de Brownsville. Du rap d’auteur et du rap d’ambiance, dense, cintré et solennel, pour l’une des propositions artistiques les plus radicales de la décennie. – David²

Kevin Gates

Il a six boulots, deux téléphones, et ne se fatigue jamais. Le narcotraficante de Louisiane, qui n’a pas peur de dévoiler son petit cœur et ses exploits les plus crades, a tracé la voie pour une nouvelle génération. – David

Kodak Black

Kodak Black fait converser l’exorciste et le démon sur ses épaules. L’un chante un blues rugueux, filtré par les opiacés et les métaux précieux. L’autre sifflote des mélodies nihilistes en pop star immature. Des négociations morales vertigineuses, irrémédiablement associée aux accusations et condamnations d’agressions et de violences sexuelles dont il fait l’objet. – Léon

Lil Uzi Vert

De la génération de gremlins ayant émergé en portant un emo-rap teinté de geignements rock sur une trap bubble-gum, Lil Uzi Vert en a été le seul vrai survivant, au sens (tragiquement) littéral comme figuré. Fantasque et agaçant, créatif et indolent : le meilleur de la musique de fuckboy. – Raphaël

Mac Miller

La carrière de Mac Miller se caractérise par la métamorphose. D’abord phénomène local qui a dû faire face au scepticisme de la communauté rap, son évolution artistique et ses progrès de musicien auront réussi à faire pencher la balance du bon côté. Un artiste définitivement parti trop tôt : « the good die young ». – ShawnPucc

Mach-Hommy

Dans l’effervescence collective de la scène new-yorkaise, Mach-Hommy a amené sa touche. Une voix mixée dans un interphone. Du chant. Ses racines haïtiennes. Et des albums à trois cent dollars. Une démarche à la fois subversive et libérale, un mélange des genres qui a plu dans la plus haute sphère de Roc Nation, si bien que JAY-Z a repris tout son flow sur le titre « Flux Capacitor ». – ShawnPucc

Mozzy

Du Tonite Show à un hommage sur la scène des Grammys par Kendrick Lamar, Mozzy a porté l’identité nord-californienne avec fierté dans des sphères jusque-là rarement atteintes. Quelques classiques à la ceinture et une batterie d’albums en bandoulière pour une musique de vétéran jamais vraiment revenu du front. – Pap’s

Payroll Giovanni

L’éloge de la discipline comme seule route pour le succès proclamé sur les mélodies froides et métalliques de Helluva Beats ou les grooves californiens de Cardo. Payroll Giovanni est la constante dans l’équation de Detroit en perpétuelle évolution, une voix claire et inamovible qui porte l’héritage familial du charbonneur appliqué à sa tâche. Les saisons passent, le doughboy reste. – Pap’s

Pusha T

Son frère devenu No Malice et cherchant les voies du seigneur, Pusha T a maximisé son rap de baron noir en solo. En plus de peser sur la balance ses kilos de stupéfiants, ses sommes en courant alternatif et les implications morales de ses actes, King Push s’est transformé en un redoutable fossoyeur, capable de faire vaciller les figures les plus installées. – Raphaël

Rae Sremmurd

Super producteur de la génération trap, Mike WiLL Made-It avait besoin d’égéries, comme un styliste d’une grande maison, pour porter ses créations les plus audacieuses. Il a trouvé en Slim Jxmmi et Swae Lee, deux frères du Mississippi, un catalyseur parfait grâce à leur rage hédoniste, pour des albums juvéniles, inventifs et infectieux. – Raphaël

Run The Jewels

Pour bien passer le cap de la quarantaine, El-P et Killer Mike se sont réinventés dans un duo où punchlines graveleuses côtoient commentaire politique acerbe. El-P a troussé pour l’occasion un écrin sonore où se mêle deux héritages à la fois doux et bruts, ceux des funks futuristes de Def Jux et de la Dungeon Family. – Raphaël

ScHoolboy Q

Avec sa musique sombre et psychotique, son flow aigre et frénétique, le plus féroce des rappeurs de TDE a largement participé à la réinvention du son de la côte Ouest. Entre hits commerciaux et bangers noirs de jais, ScHoolboy Q a navigué à vue au milieu de ses remords et contradictions pour accoucher d’une fascinante étude de caractère – et de quelques-unes des plus saisissantes ouvertures de disque. – David²

Starlito & Don Trip

Les héros de l’underground du Tennessee. Récits haletants de l’Amérique d’en bas, confessions entre potes, humour grinçant, passes-passes et longs couplets sur la crème de la trap : du « street rap » honnête, parfois émouvant, toujours profondément sudiste. – Raphaël

Yelawolf

Malgré une discographie inégale, Yelawolf a incarné une synthèse réussie entre rap méridional et héritage rock et country, en rappant ses histoires de vagabond sous bourbon, en skate ou grosses cylindrées, de son accent alabamien traînant et son flow agile. – Raphaël

Young Dolph

Entre Memphis et Atlanta, Young Dolph, ambassadeur d’une trap sans concession, restera dans les mémoires pour ses coups de sang légendaires qui s’envolent en fin de mesure. Le charbonneur au destin tragique dans toute sa gloire. – David