Il y a des cérémonies qu’on ne voudrait pas rater. La Cigale de Souffrance avait été annoncée avant la sortie de son troisième album, Eau de source. Le public, malgré la date parisienne, est plus composite que ce que ce genre de grand-messe pouvait laisser prévoir. Tout paraît parfaitement préparé, depuis le show tout en énergie rentrée de l’acolyte Cenza en première partie, jusqu’au détail des ballons jaunes suspendus au-dessus de la fosse. Sauf qu’avec Souffrance, les choses commencent là où il y a dérapage.

Souffrance entre sur le morceau « Eau de source ». Par sa prestance, il tient rapidement la salle, avec un rap sans playback qui fait monter l’euphorie petit à petit. La première vrille a lieu lorsque MAXKDCH, qui vient d’accompagner batte au bec Souffrance au piano pour « Score », fait résonner les premières notes de « Symphonie ». L’entrée de Limsa d’Aulnay déclenche les premiers fumigènes dans la fosse, du côté d’un contingent du virage Auteuil. À partir de ce moment, la folie collective qui s’empare de la salle ne retombe plus. Elle trouvera un nouvel acmé avec l’entrée de Vald, qui passe presque inaperçue, puisque un autre fumigène aura été la raison d’un bref départ de feu, et que le virage Auteuil aura décidé, cette fois, que le morceau valait bien une bagarre collective, avant de se faire sortir par les videurs. 

« Des fois y’a des concerts pas remplis, ça part quand même en couille parce que la souffrance ça rend fou.«  Ce soir la salle était comble. Jamais Souffrance n’aura demandé au DJ de pull up, sauf pour une minute de silence. Le rappeur a laissé sa musique jouer son rôle, depuis les phases hardcore (« Les flics impolis faut qu’ils brûlent comme à Sainte-Soline ») jusqu’au moment d’apaisement final, avec le morceau « Simba ». Le public a suivi, preuve, s’il en fallait encore, combien le rap de Souffrance touche juste. – Paul