Capable de réunir des jeunes générations d’artistes et des plus anciennes, de la grime jusqu’à l’afropop, en passant par à peu près tous les styles que l’industrie qualifie de musiques urbaines, DJ AG a pris d’assaut les rues de Londres et les réseaux sociaux ces derniers mois, grâce à des sets diffusés en live sur TikTok depuis le quartier de King’s Cross au centre de la capitale ou du coté de Brixton, dans le sud de la ville. À chaque session, des artistes en herbe soumettent un instrumental via clé USB à AG, et proposent une performance d’environ 5 minutes au micro. C’est lors d’une de ces sessions open mic que le buzz en ligne va prendre une autre dimension pour le DJ, avec la participation improvisée d’une légende du ragga jungle et du dancehall, Daddy Freddy (considéré comme un des toasters/rappeurs les plus rapides au monde). Il n’en fallait pas plus pour attirer d’anciens camarades d’écoles de Tottenham dans son live stream : les frères Adenuga, autrement dit les rappeurs Jme et Skepta, aussi chauds qu’à leurs débuts quand il s’agit de livrer des freestyles terriblement efficaces.

Derrière les platines de DJ AG défilent d’autres grands noms du rap UK tels que Skinny Man ou Lethal Bizzle. Mais ces vidéos permettent aussi de mettre en avant des jeunes talents ou des personnalités plus confidentielles, telles que les rappeuses Harleigblu, Ivorian Doll ou Layyah, repérée dans le tremplin de la BBC, The Rap Game U.K. La réussite de ces lives s’exporte même dans d’autres villes, dont Birmingham où c’est Jorja Smith qui revient à la source et chante son hit  UK Garage « On My Mind ». Tout ça ressemble à un cercle vertueux : des artistes de grande envergure retrouvent dans ces performances une proximité avec le public et une simplicité absentes des grandes salles de concerts et des vidéos Colors. Ensuite, ces vedettes offrent toujours un peu plus d’exposition à DJ AG qui à son tour continue de mettre en lumière des jeunes talents mais aussi des légendes un peu oubliées. Ceci étant, dans toute cette ascension, AG n’oublie pas les ambitions sociales de son activité de DJ.

Comme le relate le journal The Guardian dans un article consacré à DJ AG, c’est plus de 480 clubs qui ont fermé au Royaume-Uni entre la crise sanitaire de 2020 et aujourd’hui, et plus d’un millier de centres d’activités pour la jeunesse depuis le début des années 2010 en Angleterre et au Pays De Galles. C’est aussi ce manque de lieux dédiés à la vie sociale et artistique qui pousse AG dans sa volonté de créer du lien, de donner de la visibilité à celles et ceux qui manquent d’espaces pour s’exprimer et avancer dans leurs aspirations. Ancien commercial, le dj aborde son récent succès avec humilité, il va jusqu’à se produire dans des maisons de retraites, et souhaite continuer dans le même sens, pour amener ses platines dans des écoles et des centres de rééducation. Élu « Londoner of the year » de l’année 2024 par le magazine Time Out London, le natif de Tottenham n’a clairement pas volé sa place sur ce podium. – Hugues