En douze mois, les indispensables de Don Toliver sont passés d’un costume rose, de cravates et de boules de disco à une veste en cuir et une moto Harley-Davidson – customisée par le directeur artistique de Guess (rien que ça). L’artiste nous avait livré en 2023 son album Love Sick à l’esthétique colorée et principalement rythmé par des instrus trap, jersey et R&B, le tout avec des visuels inspirés des années 90. Avec son cinquième album HARDSTONE PSYCHO paru en juin 2024, le rappeur de Houston fait un virage à 360° avec sa moto et semble avoir trouvé l’équilibre parfait entre rap et chant. Caleb, de son vrai nom, n’est absolument pas dans la demi-teinte, tout est intentionnel dans ce changement d’univers. De la pochette de l’album aux productions rock psychédéliques, en passant par sa scénographie sur scène : la cohérence y est puisque c’est son oncle défunt, ancien biker, qui l’inspire à incarner ce nouveau personnage.
Cet album, en grande partie expérimental, se caractérise par quatre différentes parties. En divisant l’album ainsi, Don Toliver crée une œuvre qui guide l’auditeur à travers une expérience narrative, chaque segment étant soigneusement conçu pour s’imbriquer dans l’ensemble tout en offrant une cohérence musicale. Le début s’ouvre avec des morceaux audacieux tels que « KRYPTONITE » et « TORE UP », qui explorent une esthétique rock et « biker ». Avec le titre « ATTITUDE » produit par l’autodidacte le plus en vogue de New-York cette année, Cash Cobain accueille sur sa prod l’unique performance R&B de l’album : Charlie Wilson. Une touche de chant juste, cadencé par le rap de Don Toliver et du producteur. Les autres parties de l’album, elles, s’intensifient en abordant les thèmes de l’amour, la solitude et les défis de la célébrité avec « LAST LAUGH » notamment.
Mais Don Toliver n’est pas seul sur sa route 66, les collaborations jouent un rôle majeur dans la réussite de ce disque. Sur « BACKSTREETS » les adlibs de Teezo Touchdown apportent une vulnérabilité au titre, qui fonctionne très bien avec la guitare récidivante de l’instru. Des morceaux tels que « BROTHER STONE » et « DEEP IN THE WATER » se démarquent, eux, grâce à des productions riches et des performances vocales convaincantes. La clôture du disque à l’empreinte orchestrale se fait grâce à « HARDSTONE NATIONAL ANTHEM ». L’ambitieux Don Toliver consolide sa place d’artiste prêt à repousser les limites de son art et nous donne aussi envie d’aller acheter une veste en cuir puis d’écouter son album avec les cheveux au vent. – Makia