Revenu aux affaires depuis quatre ans, Connaisseur Ticaso a sorti en septembre le deuxième album de sa nouvelle carrière, toujours marquée du double sceau de la rue et du rap. Taulier incontesté de la scène montréalaise, le OG s’assure en 17 titres de conserver sa place au sommet, dans un album de bien meilleur goût que sa cover ne le laisse penser. Dans son slang mêlant français et anglais, Ticaso narre sa vie passée dehors et ses années entre quatre murs, avec la hauteur de vue d’un tireur allongé sur le rooftop.

À la différence de Normal de l’Est, cet opus fait une place non négligeable à la célébration, l’Original Chilleur pouvant désormais savourer ses accomplissements. De ce fait, il adopte une posture plus arrogante dès l’ouverture du disque (« Après flash les lumières, billboard, promo spectaculaire ») et n’hésite pas à rider sur le terrain du gangsta-rap des années 2000 par des morceaux comme « Gun et bitch » ou « Pimp episode ».

Toujours en compagnie de Ruffsound aux machines mais avec également le renfort de FREAKEY!, Nicholas Craven, El Cotola ou Jo Millz pour ne citer qu’eux, Connaisseur Ticaso arpente différents registres sonores, pour un disque moins monolithique que son précédent. Ainsi, « Brigands » aux côtés des jeunes Bouldat et JuicemanSF laisse entendre l’ancien poser sur un beat drill, et sans surprise, c’est facile pour lui… Faisant naviguer son flow au gré des samples, parmi lesquels de nombreuses voix pitchées sorties directement des meilleures années du rap new-yorkais, c’est quand Ticaso déploie un rap soulful qu’il est le plus impressionnant, tout en maîtrise.

Mais maintenant qu’il est de nouveau en place dans ce jeu, il semble vouloir montrer sa domination sur tous les terrains et sur tous ses confrères. Nombreux sont d’ailleurs les invités, qu’ils proviennent de l’époque qui l’a vu naître (Imposs, Yvon Krevé) ou incarnent la nouvelle génération québécoise. Peu sont ceux qui lui tiennent la dragée haute, en revanche. En tout état de cause, après avoir remis les points sur les i quand la terre entière portait un masque, le patron assume pleinement son rôle avec Rap Life. – B2