Chaque année, The Alchemist pourrait se retrouver dans les colonnes de l’Abcdr Du Son. Prolifique, omniprésent, stakhanoviste, d’une manière ou d’une autre, caser son nom à travers nos pages est une chose facile. Cette année 2024 est encore irréprochable. À la fois sur la crème du son mainstream (ScHoolboy Q, Kendrick Lamar), dans les tranchées de Buffalo (Benny The Butcher), avec ses vieux copains (Gangrene) ou simplement compositeur de sa propre vie pour parler paternité (« Season Change »), sa ligne conductrice est résolument la même depuis plusieurs décennies : faire de la bonne musique avec ses confrères.
Avoir une prod d’Alchemist c’est un peu comme faire partie de la bande, un cercle fermé « H.P.R. » (Haut Potentiel Rap). Mais de l’autre côté, tutoyer les sommets s’est aussi prendre le risque d’être épié, critiqué ou encore pire, récupéré. À tout moment, le son d’hier est en mesure d’être standardisé par l’avidité d’une industrie – ou d’artistes – en quête de substance. Et cette année, dans une carrière en pleine errance, Big Sean est venu nous rappeler que tout était possible.
Si objectivement la collaboration entre les deux artistes est bonne – « Together Forever » est un morceau solide, un album commun est même annoncé en septembre dernier par le rappeur de Détroit… -, c’est plutôt l’idée qui, par principe, est à rejeter. Espérons ne pas voir un point de bascule s’opérer, une digue s’affaisser, une brèche créée qui permettrait un jour de voir fleurir un album commun entre Conductor Williams et Russ. L’année a été rude, pourvu que 2025 nous préserve des « F.P.R. » : Faible Potentiel Rap. – ShawnPucc