Portrait Coast Contra, courant freestyle
Par JuldelaVirgule
Le freestyle a toujours été une composante du rap. À la question « doit-il être vraiment improvisé ? », les avis ont toujours différé. Mais le constat va plutôt dans un sens : à de rares exceptions près, et dès lors qu’ils sortent d’un cadre privé, les styles libres sont préalablement écrits, ou pensés pour les plus habiles. Textes lus sur portables ou stockés « dans la tête », le freestyle, quoiqu’il en soit, doit dégager de l’assurance et du charisme chez son locuteur. De multiples exemples récents remettent de nouveau cet exercice sur la table. En France, Souffrance a pété le score l’année dernière avec sa reprise du morceau « Chaque fois que je pose » issu originellement de sa mixtape Le peuple a faim, craché cette fois-ci sur l’instrumental du « Arrêtez » de Despo Rutti. Rebelote en cette fin d’année avec le Grünt Freestyle 55 d’Isha et des apparitions remarquables de Zek, A2H ou Limsa d’Aulnay, entre autres. Côté US, Black Thought ou l’équipe Griselda ont récemment ajouté quelques freestyles légendaires à mettre aux côtés de celui de Heltah Skeltah (et d’un Sean Price en feu) datant de 2009. Mais c’est une équipe de quatre MCs de Los Angeles qui est venue rythmer cet exercice 2022 de freestyles bouillonnants.
Composé des jumeaux Ras et Tas Austin, du natif colombien Rio Loz et du philadelphien Eric Jamal, le groupe Coast Contra a ramené une énergie rafraîchissante avec des flows dynamiques aux intonations multiples. Sur l’instrumental de « Never » (JID), de « Speechless » (Nas), de « The Enemy » (Big L) ou de « Scenario » (ATCQ), les quatre bougs ont fait de l’art du freestyle une carte de visite. Un art qu’ils ont mis à profit sur leur premier album Apt 505 qui contient quelques pépites comme « Pimpin’ Benjamin » dans lequel on peut retrouver la fougue de leurs ainés The Pharcyde sur un beat JDillesque. Un disque de backpackers, peut-être encore trop juvénile, mais qui leur ouvre, avec leur marathon de freestyles ainsi que des apparitions chez Jimmy Fallon et des premières parties de Dave Chappelle, un avenir radieux.