La vie - ou le biff - après la mort La mort paie ?
Sheldon Pearce est une des plumes les plus précises ces dernières années. Passé par Pitchfork, NPR et aujourd’hui au sein de la rédaction New Yorker, l’auteur a réalisé cette année son premier livre, Changes, An Oral History of Tupac Shakur. Dans sa justesse qui le caractérise, il s’arrête sur un élément qui a toujours été omniprésent dans l’industrie du disque : les albums posthumes. Ces dernières années, le genre semble s’être accentué. Est-ce dû aux nombreux et tragiques décès qui survolent la musique rap ou alors, la simple avarice de quelques individus ? Dans tous les cas, XXXTentacion, Pop Smoke, Lil Peep ou encore Juice Wrld, tous ont eu le droit de “voir” leur décès être capitalisé dans les plateformes de streaming. Au-delà de ces questions, comment finaliser un album sans l’apport et le génie musical de son auteur ? Et surtout, dans quel but ? Dans cette réflexion, Sheldon Pearce expose une vision plus complexe, apporte de la nuance et prend le soin de mettre l’histoire en parallèle. Ces dernières lettres peuvent être réconfortantes pour une famille et un public endeuillés. Dans la réalisation de Circles de Mac Miller, c’est la proximité entre Jon Brion et la famille de ce dernier qui rend cette ultime étape cathartique. En revanche, pour Lil Peep, c’est sa mère, Liza Womack, qui assiste impuissante – dans un premier temps – à toutes les manœuvres de son label, First Access Entertainment, pour faire fructifier ses chutes musicales. Dans cette expérience douloureuse, la question du rôle moral des labels de musique est aussi soulevée. En 2019, elle intente un procès contre son label, jugeant que ce dernier est en partie responsable de son décès. Et dans toutes ces lignes instructives, une chose ressort : le deuil est un long processus douloureux, encore plus pour les familles de ces jeunes artistes. – ShawnPucc