Interférences Arm & Le Parasite en pleine lumière noire
En 2021, Arm a sorti un EP. De ces cinq titres posés sur les beats du français Sçlé, il en a été question dans le podcast du premier trimestre de l’Abcdr. Porté par une atmosphère de monde dystopique qui dans un champ de ruines s’efface derrière des écrans, le disque évitait pourtant l’écueil de l’album concept. Comme toujours avec Arm, lui qui rappe ce que l’humain laisse derrière-lui tout en rappelant à chaque existence ce qui lui reste à prendre : changer de cap, escalader quelques reliefs, inspecter des récifs émotionnels et surtout ne pas se noyer dans le courant. Temps réel était au final une sorte de chant sorti des ruines, des mots posés dans “le creux d’un monde de papier” rendu visuel par les atmosphères saisissantes de Sçlé. En 2021 toujours, et sans partir aux antipodes de cette œuvre noire trempée dans une science-fiction opaque et une humanité brinquebalante, le rappeur rennais a publié un autre titre. Un seul. Il est réalisé en collaboration avec Le Parasite, figure d’un beatmaking baroque que l’Abcdr avait qualifié de “texture musicale rèche et industrielle”. Ici, le côté indus est mis de côté. Du moins en partie, puisque le titre se distingue par des samples organiques. C’est sur une boucle de piano associée à un violon triste que rappe Arm. Mais comme c’est réalisé par Le Parasite, ça ne sonne pas du tout comme un poncif. C’est au contraire passé au tamis d’une électro noire, entre douce secousses pleines de grain, beats à clochettes et caisses claires qui hoquettent agrémentées d’une note grave (de violoncelle ?) saturée. Un titre de douces interférences, logées dans des longueurs d’ondes imperceptibles à l’œil nu mais chargées de “brasiers d’adverbe” qui se reflètent dans les yeux. La lumière a sa part d’ombre. – zo.