93 hardcore Mac Tyer – Trophée de la street
Ce n’est pas un mais deux EPs que Mac Tyer a sortis en 2021, les deuxième et troisième volets de Noir. Avec le premier Noir paru en 2020, c’est au total vingt-neuf morceaux et neuf featurings envoyés par le Général en toute désinvolture. Tellement productif et sûr de lui, il a même pris le temps de balancer un EP intitulé Untouchable pour mettre en lumière sa relève, Rémy, 2G & Ikyass. Le nouveau Socrate est comme ça : il distribue de la pure sans réfléchir, sans prévenir, la qualité en guise de promo.
Socrate aime les suites, il en a toujours fait, depuis Tandem
Même s’il a toujours fait ce qu’il voulait tout au long de sa carrière, que le rap n’a jamais été son plan A, le perfectionniste qu’il est nourrissait une pointe d’aigreur. Il est vrai que ses expériences musicales avant-gardistes n’ont pas toujours reçu de bons accueils et que certains bons disques ont été éclipsés. Peu importe, Socrate a continué à faire sa musique, à son image, même s’il n’est pas d’un naturel optimiste. Réaliste, voilà ce qu’il est : il décrit son quotidien avec sincérité. La réalité est noire, elle l’a toujours été, mais il semble aujourd’hui que cette noirceur soit contrôlée par son hôte, pleinement au service de son art. La preuve sur les trois pochettes de Noir sur lesquelles un artiste-peintre a imaginé une marée noire qui se propage pour finalement dessiner le visage du rappeur. “J’veux faire de ma vie une putain d’œuvre d’art”, disait Mac Tyer en 2005… Socrate aime les suites, il en a toujours fait, depuis Tandem. Auteur de la plus célèbre trilogie du rap français, il avait également lancé trois opus des Banger et déjà imaginé deux pochettes qui se suivaient (Je suis une légende et Banger 3), dans lesquelles il était une oeuvre d’art avant de sortir du cadre…
Mac Tyer, c’est la constance, celle du travail et de l’acharnement. C’est la volonté de perpétuer un état d’esprit de “Youvoi”, de chérir son environnement et de faire en sorte de l’améliorer. Socrate n’a pas changé, il a évolué avec son temps, sans se laisser dépasser par la vie ni par le rap. On pourrait s’étaler longuement sur la musique, évoquer les facilités de l’artiste à se poser sur les instrus à l’image de « Enfant du binks », son écriture propre sur piano nostalgique comme sur « Promesses », les flows énervés sur « Rien » ou les constats introspectifs de « Trophées ». Il s’agit d’une autre constance indéniable : Mac Tyer rappe, rappe, rappe. Les seules choses qui ne sont pas immuables, ce sont ses limites… – Ouafae