Crossover rap/variété mafieux « Mafia » et « Loup Noir » de SCH
Au Mexique, il existe les corridos. Interprétés par des bandas, ce sont au départ des chansons à la gloire des révolutionnaires mexicains popularisés avec leur révolution de 1910 à 1920. Avec le temps, les corridos se sont transformés pour chanter la gloire de héros anonymes risquant leur vie pour passer la frontière. Dans d’autres cas, ils narrent l’ascension de narcotrafiquants et deviennent des narcocorridos.
Si la musique de SCH n’a pas tout l’attirail des bandas, ni trompette ni accordéon, elle a ce rapport à la narration d’un mode de vie brutal, avec un peu de félicité et beaucoup de tristesse. « Otto » sur le premier JVLIVS en était un exemple intime et personnel. À la fin de JVLIVS II, la succession de « Mafia » et « Loup Noir » oblitère tout le reste. Il y a peut-être moins du vécu de SCH, il faudra lui demander pour savoir, mais les récits faits par le rappeur d’Aubagne se rapprochent de ce folklore mexicain transposé dans un climat méditerranéen, entre Naples, Marseille et Gibraltar. Écrits d’une plume magnifique et interprétés de façon royale, c’est aussi la forme « variété française » qui interpelle.
Les premiers accords de guitare de « Mafia » ramènent vers du Jean Jacques Goldmann ou du Michel Berger des années 80 et les intonations à demi-mots de SCH, à mi-chemin entre le rap et le chant, subliment la production de Geo On The Track. Pour « Loup Noir », c’est encore plus en arrière que SCH et Hoodstar nous font voyager, les notes de piano et le phrasé du rappeur-chanteur rappelle les envolées lyriques de Jacques Brel. Aidé par de l’Auto-Tune subtilement dosé, SCH écrit comme un romancier et fait étal d’une interprétation maîtrisée sur le bout des doigts. Deux titres à forte replay-value qui indiquent une piste à suivre pour SCH, peut-être pour un album entier couronnant sa trilogie ambitieuse. – JuldelaVirgule