Revenant Zek, en chantier
Parmi les quelques réjouissances qu’a permis le confinement du printemps 2020, il y a eu un retour inattendu : celui de Zekwe, anciennement Kevin puis Zekwe Ramos, devenu simplement Zek pour tourner la page de ses années Néochrome. Depuis son Frapp Musiq de 2016, l’homme avait rangé le micro et les machines, retournant à sa vie civile et familiale. Zek est de ceux qui ont fait le rap français alors que produire ce genre musical était encore un sacerdoce, avant l’ère du streaming, sa bulle spéculative et ses appels d’air. Parce qu’il est justement un passionné, l’homme avait sans doute préféré arrêter son aventure avant d’être lassé par cette musique. Poussé par certains de ses proches, dont Limsa d’Aulnay, Zek a décidé de revenir poser quelques mesures le temps d’un freestyle chez Grünt. Toujours le même sens de l’autodérision, sur son métissage (« J’suis tout c’qu’ils détestent, barbe d’intégriste, prénom d’ient-cli »), sa paternité ou son statut d’artisan du rap. Un regard plus distancier avec les mirages de l’industrie du rap, avec son sens de la formule crasse toujours intact (« Beaucoup arrivent ambitions d’Stringer Bell, r’partent avec la rondelle d’Omar Little »). Sans doute galvanisé par les réactions positives sur ce retour, Zek a profité de son temps libre pendant le confinement pour s’amuser le temps de quelques morceaux faits maison, de l’inspiration de base (des objets du quotidien) à la mise en scène de ses vidéos. La fin du confinement et son retour à la vie normale à sûrement mis un coup de frein à cette parenthèse heureuse, mais elle a montré un rappeur et producteur encore affûté, donnant l’impression de créer de la musique par pur plaisir maintenant qu’il a d’autres raisons de se lever le matin. Si c’est sur ces fondations qu’il devait peut-être continuer en 2021, ce serait bien assez satisfaisant pour ceux qui apprécient sa musique. — Raphaël