A.O.C Your Old Droog, origines contrôlées
Dans les derniers jours de 2019, Your Old Droog avait achevé un fantastique run de trois albums en huit mois avec Jewelry. Dans ce disque sorti pour la fête de Hanouka, YOD célébrait sa judéité, arguant « I’m no longer going to diminish my heritage for your comfort », dans le texte accompagnant l’album. Dont acte. Et re-acte : après une année 2020 plutôt calme, YOD a sorti début décembre le très attendu Dump Yod : Krutoy Edition. Où il est toujours question du background peu commun de Droog, sur lequel il était revenu l’an dernier dans un passionnant entretien pour Waxpoetics. Cette fois, ce sont les racines ukrainiennes et russes du rappeur qui sont explorées. Celles-ci servent surtout de toile de fond : il y a bien quelques samples de musique traditionnelle, les titres des morceaux (« Matryoshka », « Pravda », « Odessa », « Babushka III », au hasard), beaucoup de dialogues et même un couplet en russe (sur « Malchishka Krutoy »). Mais Your Old Droog est trop à l’aise dans son personnage de branleur nonchalant pour s’enfermer dans un concept. Alors, dans ce nouveau décor, il garde sa placidité et son sens de la formule : « Real Hip-Hop heads I can’t stand ya/Fuck Rap I make songs for my grandma ». Le flow est toujours millimétré, les mots ne ratent jamais leur cible, la voix capte l’attention. Et doucement, son talent l’amène chaque fois plus loin : sur Krutoy, YOD est épaulé par ses habituels comparses Mach-Hommy et Tha God Fahim, mais aussi par Phonte, El-P ou Black Thought. Et si ce nouvel album, bien que très bon, ne renoue pas non plus avec l’excellence d’It Wasn’t Even Close, il contribue néanmoins à faire gagner quelques encablures à YOD dans son parcours menant de l’ex-URSS aux sommets du rap new-yorkais. — Kiko