Edutainment MInk – Deconstruction
25 Mai 2020 : À Minneapolis, George Floyd meurt en pleine rue, étouffé par un policier visiblement plus que satisfait d’appuyer son genou sur sa gorge. La ville s’embrase. Avec sa voisine de St Paul, elles deviennent l’épicentre d’une lutte contre le racisme enfin relayée de façon mainstream. Si la télévision et les réseaux sociaux ont diffusé en nombre des images bien réelles d’émeutes, il y a des artistes locaux qui auraient très bien pu y commenter ce qui se passait-là. Parmi-eux, il y a le duo MInk. Co-fondateur du label Rhymesayers, Musab est un enfant du Minnesota mais aussi du métissage afro-indien. Ink Well est lui un beatmaker discret, plutôt habitué aux casquettes de DJ et d’ingénieur du son sous son vrai nom : Nik Hotchkiss. Il n’empêche, ces deux-là avaient déjà des choses à dire avec leur premier album en 2017. Que ce soit le titre « Riot », qui semble aujourd’hui prophétique, ou l’ensemble de l’œuvre, Musab s’attachait de sa voix posée et confiante à interroger chaque face de l’injustice. Ce n’était jamais pleurnichard, encore moins pédant. C’était simplement mature, et surtout c’était déterminé. Le groupe a répété sa démarche cette année. Son MC la présente avec ces mots : « Les êtres humains vivent sur la même planète, mais pas dans le même monde. » Sur des instrumentaux organiques, il développe : « Cet album est une expérience sociologique artistique. Un séminaire audio, pour ainsi dire. Il s’agit plus d’une conférence que d’un concert. Il expose certaines des constructions néfastes au sein de notre société qui ont été les graines d’où ont germé les idéologies du mensonge. » Ça avait tout pour être chiant, et finalement, non. « S’il fallait donner un exemple contemporain de l’“edutainment” naguère prôné par KRS One, ce disque de MInk ne serait pas une mauvaise pioche » avait écrit L’Abcdr il y a presque trois ans de cela. C’est toujours vrai en 2020. — zo.