Bande organisée La galaxie Just Music Beats
Avec Astéroïde, son sixième album solo, Akhenaton a signé son disque solo le plus réussi depuis, disons, Sol Invictus. Moins propret que Je suis en vie, plus racé et cohérent que Soldat de fortune, cette réussite d’Astéroïde tient autant à la bonne forme du pharaon (quel autre rappeur français avec trente ans de carrière peut en dire autant ?) qu’à l’alchimie trouvée avec le duo Just Music Beats. Les producteurs lui apportent sur le disque la direction musicale marquée qui manquait à ses précédents disques, et qui épouse aussi bien son large héritage du boom bap américain qu’elle suinte la maîtrise et la patte de Buddah Kriss et Oliver. Il faut dire que depuis dix ans, le duo de production marseillais a bâti une solide discographie de productions, avec le sampling habile et le grain chaud en fondations stables. Qu’ils proposent des rythmiques boom bap crasseuses ou trap aériennes, des boucles colorées ou des ambiances plus froides, Just Music Beats ont imposé leur mât tout au long de l’année à travers une multitude de sorties, d’albums collaboratifs à des placements bien dosés. Car si Chill est un astéroïde, Just Music Beats est devenu l’épicentre d’une galaxie de rappeurs « orthodoxes », droits dans un style de rap à la voix monocorde et adeptes du slow flow, où l’écriture est sans esbroufe ni fioritures, et où règnent le bon mot ou les leçons de vie. Perso, Ron Brice, CHAM, Double Zulu, Ockney, Degom, JL, Muge Knight, Benjamin Epps… Plusieurs générations, des nuances dans l’approche musicale, mais un fil rouge évident entre ces différents rappeurs. Lien entre tous ces artistes, Just Music Beats en est devenu doucement mais sûrement aussi un porte-étendard musical. — Raphaël