Clip Kevin « Adele » Gates, popstar from Bâton-Rouge
Non content d’écouter les grandes popstars que sont Adele ou Taylor Swift, Kevin Gates a décidé d’en devenir une. On sentait déjà ce virage s’enclencher dans I’m Him, son dernier album sorti en 2019. Au milieu d’un rap à couteaux tirés porté par sa voix de bluesman d’outre-tombe, se glissaient des refrains voire des morceaux entiers où ses chants venaient catalyser des émotions trop fortes, qu’un 32 mesures classique ne parvenait plus à contenir ou exprimer justement. Mais il manquait encore une étape pour le faire entrer dans ce cercle fermé. «What could we do to make this company grow, make it bigger ? ». La réponse à la question posée en introduction de son clip « Power » porte un nom : Dermot Kennedy, le chanteur irlandais dont les millions d’écoutes n’ont pas échappé à l’oreille attentive de Kevin. Avec une adaptation plus subtile qu’il n’y paraît de « Power Over Me », Gates, entouré d’une armée de producteurs et songwriters empruntant aussi bien au rap – BoogzDaBeast, London Jae, French Montana – qu’à la pop – Scott Harris Friedman est par exemple le principal architecte du succès de Shawn Mendes –, est prêt à devenir ce qu’il aurait dû être. Pas encore dans sa forme finale toutefois, préférant se tirer une balle dans le pied avec des paroles lubriques qui pourraient tout à fait se prêter à une réinterprétation scénaristique par Léo & Lulu, à défaut de lui offrir une place de choix sur les ondes radio. On ne se refait pas du jour au lendemain, donc Kevin Gates continue de se mettre en scène aux côtés de sa femme Dreka, décrite comme le principal socle d’un succès qui n’en finit plus de grandir. Avec son prochain album Khaza, il pourrait même s’étendre bien au-delà des frontières de Bâton-Rouge et du rap américain. Kevin Gates est destiné à devenir la popstar que le monde mérite, une sorte d’Adele dopée aux trips sous codéine et aux histoires de rue, un rappeur qui se sert du blues pour capter la lumière vive, et raconter les allées crasses de sa ville à ceux qui n’en connaissent rien. — The QLTR