Atterrissage forcé Lil Wayne – No Ceilings 3
Il y a quelque chose de l’ordre de la nostalgie qui entoure les sorties récentes de Dwayne Carter Jr. Une nostalgie qui rappelle aux grandes heures du rappeur autrefois intouchable. Mais qui rappelle surtout que le mysticisme de son rap s’est dissipé sous le poids des années, des soutiens à Donald Trump et des allers-retours devant les juges, entre autres. En 2020, il ne reste du martien que quelques éclats qui, mis bout à bout dans No Ceilings 3, constituent une mixtape honorable mais qui ne transcende jamais, bien loin du premier volume sorti en 2009, au pinacle de sa carrière colossale. Et s’il ne transcende plus, que reste-t-il vraiment de Lil Wayne ? Faut-il même continuer à considérer ses nouveaux disques comme faisant partie intégrante de sa discographie, ou comme de simples traces mémorielles destinées à rappeler ce qu’il a un jour été ? En 2020, c’est non plus de son présent, mais de son legs dont il s’agit. Entouré de sa descendance directe sur la seconde partie de la face A de ce No Ceilings 3, Lil Wayne semble vouloir tenir des murs qu’il faisait jadis voler en éclats, se recentrant sur ce qu’il lui reste dans le monde réel pour maintenir l’illusion d’une légende pourtant déjà écrite. Aux délires créatifs illuminés, sont venues se substituer des considérations matérielles – la vente de ses masters à Universal, les dix ans de prison qu’il risque pour port illégal d’armes à feu – qui le rapprochent des hommes, et donc un rap convenu qui s’est affranchi de son écrin, de la viscéralité qui le faisait vivre. « Tu t’amuses, nous, on a des ambitions herculéennes » disaient PNL sur « Déconnecté ». Le problème, c’est qu’aujourd’hui Lil Wayne s’amuse, que l’entendre reprendre des productions de Pop Smoke, Lil Baby ou Moneybagg Yo sur No Ceilings 3 n’est pas désagréable, mais dire ça d’un disque du rappeur de la Nouvelle-Orléans, c’est confirmer qu’il est bel et bien revenu sur Terre. — The QLTR