Marseille 13 organisé
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur la compilation de la décennie. Voici un palmarès façon Cannes mais sans prétention, et complètement subjectif.
- Meilleur couplet : SCH sur « Bande organisée », entendu pour la première fois sur une « prod à la Jul » – ce qu’il retentera sur « M*therf*ck ». La preuve ? Ses multiples détournements sur les réseaux sociaux. Et c’est Pone qui l’a dit.
- Meilleur refrain : Jul dans « War zone », qui mêle backs collectifs à une phase d’egotrip fait sur mesure : « Fais de la place, millionnaire habillé en chien de la casse. »
- Révélation : Sysa, pour ses envolées à percer le coeur, façon « tellement faim qu’il est prêt à prendre du plomb dans le bide » ou pour celles complètement débiles (il y a 38 « paw » dans son couplet sur « Miami Vice »). À surveiller en 2021.
- Meilleure progression : Solda pour les couplets mélancoliques de « Combien » et « Tout a changé ».
- Meilleur passe-passe : SCH et Luciano dans « Je suis Marseille ».
- Meilleure prod : parce que dire « Je suis Marseille » c’est tricher (puisqu’elle existait déjà ), Stef Becker pour « L’Étoile sur le maillot ». Pour en savoir plus sur la manière dont il l’a composée, c’est ici.
- Meilleur hommage : Pas Drime et Aznavour (« hier encore j’avais 20 ans »), mais Naps et ses reprises de Mode de vie… béton style, album qui fêtait ses 20 ans cette année (« On le dira même en interview / Fascinés par la classe ouvrière la vie des voleurs et celle des voyous… »). Peut-être que 13 organisé était la plus belle manière de célébrer « l’album de chevet » de Jul.
- Meilleur symbole : l’enchaînement entre Keny Arkana et Graya sur « Heat » parce que malgré l’ouverture d’esprit des deux, ce ne serait clairement jamais arrivé ailleurs.
- Ceux qu’on aurait voulu voir : Mehdi YZ, YL, R.E.D.K… Lil So ! Et une production de Pone que Jul avait pourtant contacté à cet effet.
- Ceux qu’on aurait voulu ne pas voir : personne, roh (oui même les nuls font plaisir, c’est la règle des morceaux collectifs marseillais).
- Meilleurs backs : Jul sur le couplet d’Akh dans « Je suis Marseille ». Juste pour le symbole.
- Meilleure phase : Don Choa dans « Ma gadji » : « Trop belle trop belle, trop belle top model, trop intelligente Marie Curie Prix Nobel. » Meilleure déclaration d’amour du rap français depuis « Paradis » d’OrelSan.
- Pire phase : impossible de choisir entre toutes celles qui font référence au « parler chinois » – quatre ou cinq quand même, et contrairement au « te déshabille pas… » de Jul, on ne peut même pas (mal) les défendre en prétextant qu’il s’agit d’expressions locales de mauvais goût.
- Meilleur retour de vieux : Stone Black en Stone Island, en attendant le nouvel album de Carré Rouge prévu pour 2021.
- Meilleure entrée de morceau : L’Algérino sur « L’Étoile sur le maillot » : « À Marseille ça vend du shit et de la chloroquine » mais mention spéciale à la galéjade de Kofs sur « 13 balles » reprenant les deux premières phases de son couplet sur « Bande organisée ». « Alors petit bâtard tu croyais que j’allais faire le même couplet ? »
- Meilleure entrée de couplet : Si on y prête attention, les entrées de couplet sont l’un des plaisirs particuliers de cette compile, du « oui ma gâtée » de SCH au « c’est la Fonky Family ! » de Kofs. Victoire du redoutable « hey hey gosse du bendo » de Luc’ dans « L’Étoile sur le maillot ». Le Rat est intemporel.
- Meilleur gimmick : Difficile de répondre autre chose que le « Zumba cafew carnaval » de Soso Maness, parce que c’est quand même n’importe quoi. Le gimmick est devenu tellement connu qu’il a éclipsé des recherches Google le morceau original dont il est vaguement issu et a donné son nom à une marque de café. — Manue