LNDN DRGS - Burn Out 2
Pour bien accompagner une année aussi chargée que 2016, il faut des zones de réconfort, des rappels de jours meilleurs, des amis qui vous veulent du bien. Depuis ma découverte du duo LNDN DRGS, le grand écart entre passé et présent me parait simple, limpide, parfait pour passer un cap sans se retourner davantage et fixer le futur dans le fond des yeux.
Jay Worthy est un jeune entrepreneur de Los Angeles, personnage central de cette nouvelle génération de rappeurs braqueurs californiens. Ses associés se nomment G Perico, Earl Swavey, Slim 400, Jay 305 et toute la forêt cachée derrière le baobab YG. Jay est un connecteur, il raconte, il documente. Cette position l'amène même à produire le très bon reportage "Bompton" sorti cette année chez Noisey. Mais Jay a aussi un autre entourage, une façon différente de voir les choses et surtout un allié pivot : Le visionnaire ASAP Yams.
En effet, avant sa disparition, Yams se rapprochait de plus en plus de cette scène en pleine ébullition, créant des synergies avec Retch, Sha Hef et les autres fous du New Jersey. Il devient alors le mentor d'une nouvelle énergie basée sur la réactualisation de formules légendaires. Pas dans la nostalgie, plutôt dans l'inspiration générationnelle.
Car LNDN DRGS, c'est plus que de la musique, c'est une histoire contée sur plusieurs niveaux. Jay Worthy commence à rapper sur le tard, il a le temps de créer un univers complet avant d'écrire sa première rime. Il connait Sean House depuis qu'il est gamin mais c'est finalement récemment qu'ils décident de bosser ensemble, une fois que leur projet créatif a bien mûri.
Sean House a un univers très référencé, la recette G-Funk remise au goût du jour. Là où Dr Dre et Cold187Um reprennaient joyeusement Georges Clinton et ses amis, Sean décline les Slow Jams, R&B et Funk synthétique des années 80, naviguant de SOS Band à Janet Jackson en passant par Champaign et Cheryl Lynn. Respectant au maximum les originaux, il ajoute juste quelques éléments et filtrent, travaillant ses boucles de façon artisanal pour en garder toute la saveur.
Jay Worthy place tout le style de vie de Bompton sur cette parfaite bande son. Il place le décor avec de nombreux détails croustillants à la manière de Spice 1 ou MC Eiht. Ses paroles sont des instantanés du quotidien évitant l'écueil de la carte postale. Toute la culture de gang est déclinée sans les clichés du genre, le tout repris facilement dans leurs vidéos et leurs visuels. Ils font appel au grand Joe Cool pour la pochette de leur premier album complet, Aktive, marque de respect pour son travail avec Snoop Dogg.

Et ils continuent sur leur lancée cette année avec un format anachronique qui parait pourtant tellement d'actualité : une mixtape de 5 titres enchainés, Burn Out 2, à écouter d'une seule traite comme un ensemble cohérent.
Le passage de relai se poursuit, en invitant Dazzie Dee, le OG des Lench Mob de Ice Cube à côté de Meyhem Lauren, l'acolyte musclé d'Action Bronson et toujours ces Slow Jams funky, entre mélancolie et balade infinie en cadillac décapotée. LNDN DRGS fait le lien sacré, transfert la torche Bolympique pour ancrer la musique et les références antérieures dans notre vie actuelle. Et le futur parait plus simple, avec tous les esprits du passé qui veillent sur ce présent parfois infernal. Comme si on pouvait traverser l'apocalypse au ralenti en cadillac décapotée.
- LeCaptainNemo