Le new-yorkais Wiki en concert à Paris
New York est toujours vivante. Malgré les assauts incessants du reste du pays, la ville pomme reste le sanctuaire du rap, avec ses hauts et ses bas, ses coups d’éclat et ses moments poussifs. Marchant sur les ruines de l’âge d’or, Wiki représente les sans-dents du rap américain, les charbonneurs d’en bas qui ont grandi avec Bad Boy, Wu-Tang et Roc-A-Fella.
Membre des RATKING avec Hak et Sporting Life, Wiki écume l’underground new-yorkais depuis une demi-douzaine d’années avec un style rappelant les grands heures de l’indépendance trash de la ville, entre les élucubrations de Cage ou les provocations de RA The Rugged Man. Un peu à la manière de Mr. Muthafuckin’ eXquire, Wiki nous renvoie aux grands heures des labels Fondle’em, Def Jux ou Eastern Conference.
Maintenant en solo, son premier album No Mountains in Manhattan est signé sur le label anglais XL Recordings et marque un rapprochement avec les expérimentations londoniennes entre Grime et sonorités électroniques comme sur le réussi « Pretty Bull » ci-dessus. En équilibre entre plusieurs mondes, Wiki fait la synthèse d’une vie de rap, attaché à son patrimoine mais aussi tourné vers la modernité. Avec son débit technique et sa voix de gobelin facétieux, Wiki raconte ses petites histoires crasseuses comme un conte de la crypte sous Gotham, une version Leprechaun de Slick Rick à grand coup de multisyllabiques.
Côté bande sonore, on retrouve donc quelques ellipses épileptiques empruntes de Footwork. Les collaborations de Wiki avec l’équipe Teklife sur le saccadé « Litt 15 » ou avec No Life sur le bondissant « Stick Ball » montrent l’impact de la musique de Dj Rashad sur tout un pan de la musique urbaine. Mais parfois, la boucle tourne carrément sans batteries, à la manière des Conway, Ka ou Westside Gunn, une pureté minimale dans l’air du temps, comme sur « Wiki New Written » produit par Earl Sweatshirt, laissant le phrasé de Wiki seul face à la tourmente. Côté invités, Ghostface Killah fait plaisir avec son couplet aux liaisons cubaines mais c’est surtout le pote Your Old Droog qui marque des points avec une joute potache à l’ancienne. Cette combinaison est d’ailleurs toujours un régal, comme plus tôt dans l’année avec « Help » et le retour d’Edan, sorti des tréfonds de l’oubli, pour une immersion pleine de dérision dans le New York des nettoyeurs municipaux.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, l’Abcdr vous recommande d’aller voir Wiki sur scène jeudi 21 septembre 2017 au Badaboum avec sa première date parisienne. Et grâce à FreeYourFunk, nous avons des places pour vous, à gagner sur Facebook. A jeudi !