« Tu dois des sous », l’alliance sevranaise
Que peut donner la fusion entre l’auteur de « T’es zoophile si tu baises avec des keufs, vu que c’est des porcs ou des poulets » et de « Double Rotors en platine comme les couilles à Terminator, elles se déboîtent les babines quand elles sucent le dinosaure » ? « Tu dois des sous » est le deuxième extrait de l’album annoncé entre Kaaris et Kalash Criminel, à paraître ce 28 janvier. Les deux Sevranais, scellés à jamais par le succès d’ « Arrêt du coeur » en 2017 – Kaaris place d’ailleurs un clin d’oeil au mémorable « j’mange des sandwichs de gnou j’bois de la limonade de chatte » au début du morceau – sont-ils à la hauteur ? Sur ce titre, franchement oui, plus que le « Tchalla » sorti en décembre. « Tu dois des sous » confirme que cet album commun est une bonne nouvelle pour le rap français. Et si Kalash Criminel avait besoin de Kaaris pour se surpasser, et Kaaris de Kalash Criminel pour (vraiment) s’amuser ? Car c’est bien de jeu dont il est question, et c’est pour cette raison que le son fait autant plaisir. Il est plus rare d’entendre des passe-passes sur des sonorités de rap récent : ici, sur une instru sombre façon drill brooklynienne signée Therapy, les deux rappeurs jouent à un ping pong meurtrier, match amical mais de niveau olympique. Avis aux profs de français qui voudraient illustrer parallélismes, antithèses et autres figures de style binaires de manière ludique. Car le meilleur reste l’alliance délectable d’humour et de violence gratuite qui fait leur rap, ponctuée des ad-libs qu’on leur connaît. « J’m’en lave les mains si t’es au cimetière (Pute), j’respecte les gestes barrière (Pute, pute, pute, pute) » (Kaaris), « Comme les dents d’Béatrice Dalle (Ah, ah, ah), t’as les jambes écartées (Woaw) » (Kalash Criminel). Ici on menace et on se marre, on rappe sans thème mais toujours avec style et force de frappe. Bref, la crème de ce « rap français rempli de teurpoins… »
Photo: @NeskoKevin