Scoop, J.Keuz et le cynisme de l’Homme
Cela fait un moment que Scoop & J.Keuz sèment quelques cailloux dans le rap français. Le duo, formé dans la diagonale du vide et défendant une musique pleine d’influences, revient dix-huit mois après son troisième album. Cette fois ce sera un EP. Publié il y a une trentaine de jours Homo Cynicus balade sans laisse une philosophie désabusée mais sans renoncement ni concessions inutiles. L’air du temps y est humé le long de huit pistes, porté par le flow syncopé de J.Keuz qui multiplie quelques schémas rythmiques admirables au sein de mêmes morceaux. Quant à la production, même si elle n’est pas assurée que par son acolyte Scoop, elle mélange parfaitement les sauts d’humeur d’une époque où l’indignation en est réduit à un concours de bruit. Entre soliloques d’un démissionnaire et résilience acide de l’intérimaire touchant sa paie, tels sont ces vingt-six minutes de rap intelligible où se côtoient fracas d’influence électroniques et industrielles, temporisations du dub et les nappes ouatées accompagnées d’un piano. « Qui m’a pris pour son foutu rappeur local ou engagé ? » demande J.Keuz. Plus personne, tant il s’agit ici d’à tout prix faire le vide autour de soi. Les diagonales ne sont pas toujours des ratures.