Après de lourds problèmes de santé et d’addiction, la rappeuse Young M.A serait maintenant rétablie. Elle se confie à ce propos dans l’un de ses titres les plus récents « Open Scars » : « Without the Henny / I see everythin’ clear now ». Comme dans une lettre à elle-même, la new-yorkaise fait aussi le point sur un éveil spirituel et les déceptions qui l’ont endurci : « No love lost / It was never love / I lost sight Found God / A more better love ». Après avoir évacué l’amertume, M.A remet les gants avec l’egotrip « Watch (Still Kween) », porté par une production de Mike Zombie, dans un style Dipset remis au goût du jour. Ici, l’artiste fait bien comprendre qu’elle laisse la concurrence au tapis, et s’amuse avec les clivages de genre : « I’m her, I’m him, I’m shim, not them. » Mais là encore, la fine brute fait comprendre qu’elle en a bavé, alors derrière les grillz, les bijoux sur la montre ou les lunettes Versace, elle laisse apparaître une part de vulnérabilité : « Been through a lot / I probably need a hug / So many scars / Man, it’s hard not to see the blood / Came from the mud / It’s kinda hard not to be a thug. » Tout ça à travers des placements de rimes de haut niveau. De quoi être bien attentif aux prochaines sorties de Young M.A, autant qu’au documentaire qui lui sera prochainement consacré.
Sidekicks
Sur l’artwork de Mieux vaut tard…, un enfant pose à côté d’une BMW massive. Une E30 avec grille Taifun. Sûrement une de celle que le Booba de Lunatic évoquait à l’automne 2000 sur « HLM3 » ou « 92i ». Le jeune garçon, sourcils froncés, poings serrés, pose comme s’il partait en guerre. La plaque d’immatriculation d’un autre temps indique le département 92 avec au centre 2 lettres : MC. Si ce n’est pas un hasard, il fait ici bien les choses. Car tout au long des huit titres de cet EP, un rappeur va froisser des instrus. Des instrus qui, eux aussi, ramènent vers une époque et des disques, ceux de Pete Rock & C.L. Smooth, d’Artifacts ou des Beatnuts. Et l’énergie déployée par DOC X pour kicker ses couplets, où les rimes internes se bousculent, ressemble à celle d’un Redman chauffé par une basse lourde et une batterie sèche. Pas encore disponible en streaming, seulement en copie « en dur » et payante disponible sur le bandcamp de Franck Da Cockroach, Mieux vaut tard… compte tout de même quatre clips disponibles sur YouTube pour ceux qui n’auraient pas de quoi mettre la main à la poche. Parmi eux, « Le temps et la passion » en featuring avec Kohndo qui s’est également attelé à l’enregistrement et au mix du EP. Trempant dans une atmosphère cool et surtout salutaire, le dernier en date « Sparring » est un parfait teaser si vous n’avez pas encore pris son train en pleine tronche. Un morceau qui file à toute allure sous l’élocution élastique et précise du MC. Comme il le rappe si bien lui-même pour clôturer son deuxième couplet : « Le plus intéressant : se laisser porter par la vibe du morceau sans en chercher les sens ». Sans se prendre au sérieux, DOC X sort, en toute discrétion, un des EPs les plus sportifs de ces derniers mois.
Titre le plus marquant extrait du dernier EP de Che Noir, The Color Chocolate, « Junior High » dessine une ambiance douce-amère à travers un sample de piano et de voix en apesanteur qui se prête bien à livrer des souvenirs d’adolescence. Le talent de la rappeuse de Buffalo n’est plus à prouver, mais la force du morceau se trouve aussi dans le choix des invités, Evidence et Your Old Droog. Il est certain que les tranches de vie de Che Noir apparaissent plus extrêmes que ses comparses : « In junior high I went to school with kids who sell you crack / The 7th grade, I had a pistol pointed at my back. » Mais malgré les différentes expériences de ces trois protagonistes, on devine facilement un dénominateur commun, celui de ne pas se sentir tout à fait à sa place dans les couloirs du collège. Notamment dans cette phase de Your Old Droog : « A Jewish kid who hung with Puerto Ricans and Blacks […] A hero to all the weirdos and the antisocials ». On peut aussi relier ces trois artistes par cette rime d’Evidence : « Marathon runners don’t come up at a fast pace / Found my talent, head up in the clouds hands. » C’est bien dans leur pratique artistique que ces fines plumes ont réussi à trouver leur épanouissement, jusqu’à transformer des moments douloureux en récits cathartiques.
« Everyone’s keeping Secrets, for oiling / Have Ezekiel’s wheels gone squeaky ? »
Cette référence à l’ancien testament extraite du titre « Ezekiel’s Wheel » d’Erick the Architect, des Flatbush Zombies, semble dire que l’omniprésence de Dieu ne suffirait plus pour avancer dans l’existence, la roue d’Ezekiel symbolisant la providence divine sur laquelle on peut toujours compter. Et qui de mieux pour délivrer ce message que George Clinton dont la voix épaisse, semblable à celle d’un vieux sage, se place sur une composition au groove souple et enfumé. Une esthétique bien sentie (d’autant plus avec un tel invité) qui contraste quelque peu avec la musique des Flatbush Zombies et sa part de surenchère malmenée par l’épreuve du temps. Et pour souligner le propos, le lien entre le parrain du funk psychédélique et le rappeur-producteur de Brooklyn est présent dans les moindres détails. Dans le clip, ce dernier tient entre ses mains un ballon de basket orné du logo de Funkadelic. Enfin, si ce n’est pas la seule collaboration prestigieuse sur I’ve Never Been Here Before, le premier album de l’architecte (on y retrouve Joey Bada$$ et James Blake), celle-ci arrive à point nommé puisque Clinton a reçu son étoile sur le Hollywood Walk Of Fame en janvier dernier.
Après plus de vingt ans à rapper, notamment certaines lors desquelles porter cette musique était un sacerdoce, qu’est-ce qui maintient l’envie de retourner en studio ? C’est en filigrane la question qui traverse « La Mentale » de Smoker, premier extrait de son futur album Genius. Son nom est familier de celles et ceux qui ont connu l’époque des street CD’s, ou peut-être même l’aventure Funky Maestro. Pourtant, sur la production à la mélodie solennelle de Yensa, le rappeur originaire de Chilly-Mazarin n’égraine pas ses accomplissements passés pour (re)faire les présentations. Il préfère commencer en remerciant tous ceux, proches comme anonymes, qui l’encouragent à poursuivre, pour « mettre des mots sur leur détresse » et résumer sa démarche ainsi : « j’ai pris l’mic pour être le porte-voix du bando ; j’leur parle précarité, ils m’parlent de Lambo. Mon hip-hop en lambeaux. » Entre la profession de foi et la détermination retrouvée, Smoker glisse aussi sur « La Mentale » quelques instants de semi-confession : « Frérot c’est pas des larmes. Peut-être bien qu’il flotte juste un petit peu dans la bine-ca. On m’attribue l’image de ce mec fort, donc je fais tout pour qu’on l’abîme pas. Mais je reconnais c’est sport, t’imagines pas. » Mais jamais « Ker-Smo » ne sonne dans le pathos pour raconter les épreuves qu’il a surmonté : « La Mentale » est au contraire un exercice tout en lucidité et confiance tranquille, à l’image de ce long couplet à la technique limpide sans être dans la démonstration. Du rap « doux et puissant », pour reprendre les mots d’Ali.
Cela faisait quatre années que l’on n’avait pas eu de ses nouvelles. En tout cas, pas officiellement. Espiiem a pourtant bel et bien fait son retour dans la musique en ce début d’année 2024 : le 19 janvier dernier sur les plateformes de streaming apparaissait en effet, sans prévenir, un nouveau morceau accompagné d’une simple pochette noire. Trois minutes de rap introspectif dans la pure veine de sa musique, particulièrement remarquée dans la première partie des années 2010 du rap français, qui permettait d’avoir la certitude (rassurante) que le rappeur parisien continuait à faire de la musique en dehors de ses autres activités. Si les amateurs du rap mélancolique et souvent spirituel de Espiiem n’ont en effet pas eu grand chose à se mettre sous la dent ces dernières années, le Parisien n’a pourtant pas chômé. Dans l’ombre, on l’a notamment vu développer avec ses associés un label et studio d’enregistrement au coeur de Paris nommé Noble, dans lequel un certain Luidji a récemment enregistré l’intégralité de son dernier album Saison 00, tandis que d’autres artistes comme Prince Waly, Lala &ce, Josman, Jazzy Bazz, Alpha Wann ou Alonzo ont fait de même, faisant du studio un des nouveaux repères de la capitale.
Mais quid de la musique ? Connu pour sa discrétion, Espiiem n’avait ainsi pas donné de nouvelles depuis 2020 avec les morceaux « Rare » et « Réel » sortis à l’automne de la même année. Avant de redevenir à nouveau mutique. Ironiquement, l’ex-membre de Cas de Conscience a ainsi décidé de faire son retour avec un titre nommé « ROI DU SILENCE », comme une manière de reconnaître (et d’assumer) ses apparitions et disparitions ces dernières années. Et après autant d’absence, il aurait été légitime de se demander comment allait sonner la musique de Espiiem. Il faut croire que l’esprit de continuité l’a emporté : véritable morceau de retour, « ROI DU SILENCE » voit ainsi le Parisien rapper sans aucun refrain durant trois minutes (« Je rappe à l’instinct, et ce sans avoir de freins jusqu’au jour où viendra le clap de fin / Pour ça que je fais souvent qu’un seul couplet et pas de refrain ») sur une production atmosphérique et cuivrée solennelle, adaptée aux carcans sonores actuels. Un moment d’introspection et de regard sur le monde qui l’entoure, ou relations amicales et familiales, politique, superficialité du rap français, et conscience de soi se succèdent, mettant l’auditeur lui aussi dans une position de prise de recul. Sans crier gare, ce morceau enthousiasmant envoyé en toute discrétion laisse finalement espérer quelque chose : un véritable retour en version long format de Espiiem. Connaissant le personnage, il vaut peut être mieux pour l’instant juste profiter de ces 3 nouvelles minutes de musique en quête constante de sens. Et attendre une nouvelle prise de parole.
La solitude urbaine, le télétravail et le divertissement en streaming à portée de main ont bousculé les habitudes d’écoutes de millions de personnes à travers le monde, lesquelles trouvent aujourd’hui davantage de réconfort dans des playlists et des mixs sans fins d’ambient, de jazz ou de deep-house, que dans des morceaux refrain-couplet-refrain par essence trop bavards pour remplir l’espace sans prendre toute la place. Le hip-hop, avec ses boucles et ses textures souvent minimalistes, a participé à sa manière à habituer l’oreille du public à ce rythme musical plus lent et méditatif, faussement « fonctionnel », sur lequel le flow, de paroles ou de pensées, peut vagabonder. C’est en tout cas le chemin pris par 박혜진 Park Hye Jin, qui enfant se prend de passion pour les clips de hip-hop à la télévision coréenne, avant de s’orienter vers le Djing et la musique de club au sortir de l’adolescence. Tout s’accélère en 2019 avec un premier EP de house, If U Want It : tournée des plus grands clubs et festivals, signature sur le mythique label Ninja Tune, collaborations avec Clams Casino et Galcher Lustwerk puis sortie d’un premier album Before I Die, plus orienté techno. Si le son à la fois ample et minimaliste de Hye Jin semble grandir et s’affiner en temps réel d’un morceau à l’autre, il reste souvent imprégné de ses solides influences rap, trap ou boom-bap, qu’on retrouve aussi bien dans ses choix de production que dans sa manière de poser sa voix.
Un peu plus de deux ans plus tard, la productrice sud-coréenne semble repartir de zéro. Sail the Seven Seas, album sorti sans promo et en totale indépendance, ressemble à un retour aux sources personnel, une capsule émotionnelle pour une artiste à l’aube de la trentaine, qu’on devine secouée par de nombreux questionnements existentiels. Le dancefloor est toujours le coeur de sa musique, mais plus petit et chaleureux, plus propice à l’intimité. Un cadre qui permet à Hye Jin d’embrasser plus que jamais le hip-hop qu’elle affectionne et de l’intégrer pleinement à la house dansante qu’elle maitrise. Dès l’intro, sur le transparent « Brooklyn Babe », où l’artiste rappe sans complexe dans sa langue maternelle sur une boucle dont la mélancolie et le flegme urbain évoqueront à tout auditeur de rap des souvenirs précis. A l’autre bout de l’album, « California » fait de même avec le son G-Funk, que Hye Jin s’approprie avec la nonchalance nécessaire. De titre en titre, l’artiste alterne entre anglais et coréen pour confier l’ennui métaphysique qui la tenaille (« Win »), le déracinement, inévitable prix à payer d’une vie d’errance choisie (« Foreigner ») ou la fierté d’être asiatique et coréenne, fierté qu’elle n’a commencé à ressentir qu’une fois en occident (« Proud of me »). Dépouillés, toujours soigneusement adaptés aux rythmes qui les accompagne, ses textes nous rappellent que le rap, par-delà les formes et les écoles, reste l’une des meilleures façons de dire les choses et de revendiquer l’espace autour de soi. Lorsque le média Mixmag lui demande d’imaginer devoir faire un choix entre la production, le djing et les autres casquettes qu’elle porte, 박혜진 Park Hye Jin ne fait pas de mystère : « Quand mon corps réagit à un rythme, tout semble s’imbriquer naturellement. Je choisirai le rap. »
Si RXK Nephew marche dans les pas d’un Lil B, le rappeur de Rochester se distingue du gourou californien de par sa posture et son aura : entre théories complotistes, pichenettes envoyés aux rappeurs et anecdotes personnelles jonglant entre le sordide et le burlesque, la prêche de « Neph » ressemble à celle d’un vagabond habité, dont on ignore si c’est l’alcool ou bien le créateur en personne qui s’exprime à travers lui. Fan revendiqué de techno et d’acid house, le rappeur collabore avec des pointures new-yorkaises du mélange des genres comme DJ Swisha, et ne recule devant aucun style, du moment qu’il peut assouvir son besoin vital et frénétique d’expression. Varg, renommé formellement « Varg²™ » suite à une sombre histoire juridique, est un producteur de musique instrumentale suédois dont la barbe pourrait être celle d’un batteur de death-metal et le coeur celui d’un rappeur anarchiste comme on en compte trop peu. Taquin voir méchant avec les institutions, il se trouve aujourd’hui un peu malgrè-lui au centre d’une nouvelle scène scandinave structurée autour d’influences dépassant la seule musique de club et qui combine une esthétique « avant-gardiste » à des valeurs anti-impérialistes et antifascistes bien affirmées – bien loin de la « business techno » d’obédience berlinoise, qui transforme petit à petit la capitale allemande en parc d’attraction stérile et dépolitisé. Au delà de la techno et l’ambient qui l’ont fait connaitre, ce fan de PNL collabore depuis longtemps avec ses compatriotes rappeurs, notamment Bladee et Yung Lean, avec qui il partage le goût pour les basses profondes qu’on croirait prises dans la glace.
C’est à l’aube de l’hiver que la rencontre a lieu avec LD50 VOL.1, un EP de trois titres sorti sans fanfares sur le label Cease 2 Exist du suédois. Sur l’ouverture « Uncut Cocain 2023 Cypher », Varg construit une cathédrale synthétique au pasteur Nephew, tout en restant dans les standards rythmiques du rap actuel du Wisconsin. Depuis son autel, le sermon du rappeur, qui cite entre autres Ludacris, UPS et Amazon Prime, a des faux airs de menace. « Fast 5 / 2 Tone Bussdown AR 15 » porte davantage la patte du producteur, avec ses longues nappes plaintives et compressées qui déferlent sur la voix de Nephew, piégée comme au milieu d’une tempête de neige. Pas révolutionnaires, voire même anecdotiques à l’échelle de leurs discographies déjà pléthoriques, les deux morceaux confirment néanmoins l’alchimie artistique entre les deux hommes, qu’on sent sur la même longueur d’onde émotionnelle. Sans doute la raison d’être de cet EP en commun, le dernier titre, « Girl I Got Girl (Fortnite E Pill Remix) », voit le MC prendre possession de « A Weak Heart to Break (BD 4-Ever) », tentative réussie de trance taillée pour la rave, sortie par Varg en 2019. Ensorcelés par le rappeur, les accords tristes du suédois se teintent d’une énergie étrange, à la fois festive et inquiétante, comme une version rugueuse d’un tube du groupe de dance allemand Scooter, ou la bande-son d’un grand huit fantôme qui tournerait à toute vitesse, sans passagers et au milieu de la nuit. Ce morceau, virgule dans le parcours des deux artistes, cristallise ce qui les rassemble et les rends uniques au sein de leurs « scènes » respectives : leur refus de révéler où s’arrête la blague et où commence l’angoisse, la nuance n’existant pour eux que dans un brillant chaos.
Rocé à la Maroquinerie le 16/02
En sortant Bitume en novembre dernier, Rocé sortait son cinquième album, le premier en dix ans depuis Gunz’N’Rocé. Non pas que le rappeur ait été inactif : entre autres activités, il a sorti sa compilation Par les damné-e-s de la terre, collection de morceaux « « rap avant le rap », la musique des déracinés » comme il l’expliquait en 2018, l’EP Poings serrés en 2021, et quelques apparitions brillantes comme « Puissance feu » sur le Solide de Kyo Itachi. Des sorties qui indiquaient le ton de Bitume, nourri de questionnements mais jamais de doutes sur l’état politique de la France, la nécessaire prolongation contemporaine des luttes sociales et anticoloniales, et le sens des modes d’action individuels et collectifs pour tenter de changer la donne, tout en se réinventant en douceur dans la musique. Rocé est toujours affûté dans son rap, sur disque comme sur scène. Si ces dernières années il avait sillonné quelques festivals et soirées militantes, cette fois-ci il revient en haut de l’affiche pour un concert à la Maroquinerie, le 16 février prochain, co-organisé avec Free Your Funk. Pour l’occasion, Rocé a annoncé une liste d’invités prestigieux : Demi Portion, Fik’s Niavo d’Ul’Team Atom, Hifi, JL, JP Manova, Koma de la Scred Connexion, Ol’Kainry (invité sur l’album), Sameer Ahmad et Ryaam. La billetterie est ouverte pour cette soirée qui s’annonce de haute tenue. Cette fois-ci, « believe the hype ».
À quelques jours de la sortie de son nouvel album Poids plume, Demi Portion lace ses gants. Avant de rentrer sur le ring, le Sétois collabore avec Souffrance avec un premier extrait. Deux artistes qui œuvrent dans une indépendance certaine et qui tous les deux ont su récolter leurs lauriers. Par leurs plumes justement, par leur façon d’occuper le terrain et, pour Demi Portion, par l’organisation du Demi Festival chez lui qui déplace les foules et fait la part-belle au hip-hop. Une culture résumée aujourd’hui à presque une seule de ses disciplines, un rap qui s’est fortement diversifié, mais qui en compte d’autres. Demi Portion le sait et faisait d’ailleurs il y a quelques semaines un clin d’œil au graffiti dans le clip « Adrénaline ». Avec le titre « Gangstarr », ce n’est pas un art, mais un groupe qui fait figure pour certains d’institution, que le rappeur met en avant. Et même si le nom du duo légendaire est écorché, impossible d’en vouloir au binôme emmené par une production de Itam qui plus est clôturé par des scratchs reprenant pêle-mêle « Riot Akt » et « Tha Squeeze », deux morceaux qui transpirent l’essence Gang Starr. Les deux pelles placées derrières les protagonistes dans le clip, la sentence de fin de Demi Portion : tout porte à croire que ce dernier s’apprête à déterrer une façon de faire enfouie sous un amas de terre, pas si épais que ce que le message global du morceau laisse transparaître. L’album Eau de source de son camarade montreuillois sorti il y a peu en étant une preuve parmi d’autres. Comme disaient d’autres boxeurs de mots en 2002 : Quelque chose a survécu.