Sidekicks

 

Connu surtout pour son statut de membre unique du Klub des Loosers, Fuzati est également un grand collectionneur de disques. Alternant soirées « Très Groove Club » et « Très Jazz Club », il profite d’une résidence mensuelle à La Petite Halle pour partager un peu de son érudition dans des domaines musicaux qui lui sont chers, tels que le Jazz West Indies, les bandes originales italiennes ou le Jazz-Funk. Pour le mois de juin, le thème choisi est de ceux qui nous tiennent particulièrement à cœur : c’est en effet une spéciale 90’s Indie Rap qui sera proposée aux participants. Un sujet qui demeure une source quasi-inépuisable de bons moments, tant la deuxième moitié des années 1990 a vu une foison de maxis de qualité sortis par des groupes obscurs disparus dans leur large majorité depuis bien longtemps. Et s’il y a une personne idoine pour exploiter ce merveilleux gisement, c’est Fuzati. Un excellent moment en perspective, d’autant que le Versaillais masqué a souhaité inviter à cette occasion des gens qu’on connaît plutôt bien par ici, Mehdi Maïzi et l’équipe de No Fun. Pour plus d’informations sur cette soirée qui se tiendra le 12 juin, rendez-vous ici. En attendant, voici une playlist spéciale 90’s Indie Rap proposée par Fuzati, histoire de bien vous mettre dans l’ambiance.

 

Partout où il y a des grands coeurs, Soso Maness est chez lui. Après avoir clippé à la Grande Borne, il accomplit un rêve de gosse en jouant « Minuit c’est loin » devant le virage nord du stade Vélodrome. Et le 8 juin, il sera en concert aux côtés de Guizmo dans le dix-huitième arrondissement de Paris. Si leur musique et leurs accents diffèrent, les deux rappeurs partagent peut-être plus que ne suggèrent les apparences : un amour du rap classique, de leur famille, un passé hanté, un côté autodestructeur qu’on espère repenti ou dilué dans une musique salvatrice, une gouaille et une sincérité contagieuses. Quels que soient les motifs de cette heureuse rencontre, cette connexion Font-Vert / Les Polognes / Barbès, à l’occasion du concert de lancement du double-album de Guizmo, ne sonne pas forcée, et fait plaisir à voir. C’est au FGO Barbara, ce samedi.

L’été s’ouvrira par trois jours de fête et de musique du côté du Lac de Montendre en Charente maritime. Du vendredi 21 juin au dimanche 23 juin se déroulera là-bas l’édition 2019 du Festival Freemusic, auquel l’Abcdr s’associe cette année pour vous offrir quelques pass. Des artistes de tous styles s’y succéderont durant trois jours, parmi lesquels plusieurs rappeurs dont quelques habitués de nos colonnes : Orelsan, 13 Block, Al Tarba x Senseï, Ninho ou Josman. La programmation complète et le déroulement du week-end sont à retrouver sur le site web du festival, et des invitations sont à gagner au fil de la semaine sur les pages Facebook et Twitter de l’Abcdrduson pour profiter de trois jours sur place.

On ne cesse de le dire, Memphis et la Three 6 Mafia laissent encore aujourd’hui planer leur influence sur l’intégralité du rap américain. Et si leurs morceaux et leurs flows ne cessent de se faire réutiliser ad libitum par les plus gros vendeurs du moment, c’est au Texas que l’on trouve leur meilleur héritière. Depuis deux années déjà, Megan Thee Stallion, 24 ans, s’affaire à reprendre le flambeau armée d’une insolence folle : première femme signée sur le label 300 Entertainment (Gunna, Young Thug, Tee Grizzley, etc.), la rappeuse originaire de Houston remplit toutes les conditions pour s’imposer – à son niveau – dans la catégorie des artistes à retenir en 2019. Biberonnée par la musique de Pimp C, de DJ Screw et de la bande de DJ Paul, Megan Pete de son vrai nom est de celles qui arrivent à associer une technique exemplaire avec une attitude dingue (confiance multipliée par mille, référence constantes au hustle et aux mecs à ses pieds). C’est tout le bien que l’on pense de Fever, premier album récemment sorti et dont les 14 morceaux ressemblent à un TGV de 40 minutes que l’on prend plaisir à se prendre en pleine gueule. Chaperonné par Juicy J, qui produit plusieurs titres du disque et apparait même en featuring sur un morceau, et par LilJuMadeDaBeat, Fever est une superbe leçon de rap brut, un disque qui, s’il ne révolutionne rien, rappelle toute la folie furieuse du sud des États-Unis dans le rap. Surtout, cette sortie devrait enfin permettre à son auteure de continuer à faire parler d’elle dans le milieu : déjà présente sur plusieurs featurings judicieux depuis le début de l’année (Young Nudy, Maxo Kream, Khalid), la jeune femme vient ainsi de s’offrir la cover du prestigieux magazine The Fader, dans lequel elle raconte son amour du rap et son parcours tortueux dans l’industrie de la musique. Retenez bien Megan : c’est sur elle qu’il va falloir compter dans les prochains mois.

Le festival niortais En Vie Urbaine qui prenait traditionnellement place à l’automne fait peau neuve, et se tient cette année sur la deuxième quinzaine de mai. Comme en 2017 et en 2018, l’Abcdr est partenaire de l’événement qui durant les prochains jours accueillera des artistes tels que Nusky, Kobo, Youv Dee ou Coelho, parmi d’autres. Le festival propose également une exposition des photographies de Coralie Waterlot, devant l’appareil de qui sont passés un certain nombres de rappeurs, notamment Busta Flex et Némir pour des interviews publiées sur notre site. Le tout commence ce jeudi 16 mai et dure jusqu’au 25, la programmation complète et le détail de l’organisation étant à retrouver sur le site de l’association organisatrice. Des places pour le concert du 24 mai  (Nusky, Coelho, Odor et Edyne Recording) au Camji sont également à gagner sur les réseaux sociaux de l’Abcdr !

Si l’on se risquait à un top cinq des producteurs qui ont façonné le rap francophone d’il y a vingt ans, le suisse Yvan pourrait légitimement en faire partie. Le beatmaker de feu Double Pact a livré pour son groupe et de nombreux rappeurs hexagonaux (Booba, Rohff, Diam’s, Sniper, Pit Baccardi, etc.) des partitions épiques, influencées par la musique classique symphonique et la soul orchestrale. Ces influences, on les retrouve sur son EP RED, annoncé comme le premier volet d’une trilogie. En cinq titres, Yvan démontre une nouvelle fois sa science de la boucle mise à jour, entre micro samples de soul et fins arrangements mêlant instruments organiques ou électroniques. Pensées comme une bande son de musique d’un film sans image, les cinq pistes de RED démontrent son sens de la production, à la fois subtil et démonstratif. L’EP est disponible sur toutes les plateformes d’écoute, et mérite plus qu’une curiosité nostalgique.

Pour être tout à fait honnête, on avait très peu suivi le parcours de Luidji dans le rap français avant le début de l’année 2019. C’est en effet au détour d’un sample de Denis Balbir (oui oui) qu’on avait même pris le train en marche sur « Champagne », morceau trap à souhait, sans vraiment se douter de ce qui allait suivre. Et quelle erreur : quatre mois plus tard, voilà qu’arrive donc Tristesse Business : Saison 1, premier album du rappeur/chanteur parisien Luidji, dont la musique se range bien loin de tout ce que l’on peut aujourd’hui entendre dans le rap français. Torturé et sincère, mélodieux et sans retenue, sentimental et contradictoire, Luidji raconte dans ses chansons les tiraillements amoureux qui peuvent exister au fond de chacun, tout en s’efforçant d’en tirer certaines leçons. Et si l’histoire – complexe et parfois dure – du triangle amoureux que dévoile ce premier album occupe énormément de place, elle n’occulte pas toute la richesse musicale d’un disque entre rap, chanson, et sentimentalisme autotuné rappelant les tous meilleurs (on a direct eu envie de ré-écouter Take Care de Drake). Soyons clairs : évoquer l’amour et ses déboires n’est pas d’une grande originalité. Le traiter avec autant de sincérité et de sensibilité que Luidji, l’est par contre beaucoup plus. C’est bien là toute la force de ce Tristesse Business : Saison 1.

C’est un line-up long et violent comme un couplet de « Demain c’est loin » que proposera la Biffmaker Party de ce dimanche 28 avril. Toujours 100% rap dit « indé », toujours mis en œuvre par Nasme, l’événement se déroulera à Saint-Ouen et rassemblera JP Manova, La Caution portée par Nikkfurie, Eloquence, Joe Lucazz, les revenants d’Ul’Team Atom, Specta, Graindsable et ses bugs dans la matrice ou encore Gaiden pour ne citer qu’eux. Quasiment huit heures de concert, accompagnées par l’inévitable DJ Blaiz’. « Aïe Aïe Aïe ! » comme dirait l’organisateur de cette journée qui aura lieu aux Mains d’œuvres et pour lequel L’Abcdr offre deux places accompagnées de T-shirt floqués au nom de cette incontournable messe du rap. Rendez-vous sur nos réseaux sociaux afin d’être là dans vos plus beaux habits du dimanche !

Autrefois vraie spécificité du rap de chez nous, au point d’être légion il y a une vingtaine d’années, les compilations sont devenues rares. Elles ont pourtant permis de faire connaître de nombreux jeunes talents, même récemment, à l’image de celles de nos confrères de Booska-P ou d’OKLM. Ce 16 avril, c’est la plateforme de streaming Deezer qui fait le pari d’en lancer une, en présentant sa relève du rap français. Piloté par un ancien membre de notre rédaction, Mehdi Maizi, le projet présente douze profils francophones variés, et réunit Green Montana, Zed Yun Pavarotti, Varnish La Piscine, Kikesa, Zikxo, Diddi Trix, Isha, Bolémvn, Loveni, Laylow, Hatik, Lala Ace. Tous proposent des titres inédits et hétéroclites pour cette sortie, et certains d’entre eux seront présents ce 16 avril au Grand foyer de la Cité de la mode, à Paris, pour la soirée de lancement de la compilation. Pour l’occasion, on vous fait gagner des invitations. Ça se passe sur nos réseaux sociaux.

Cela faisait trois ans que L’Argent de la drogue n’avait plus donné de nouvelles, depuis la mixtape POPmusique. On avait même fini par croire que le « club de réflexion » perpignanais avait définitivement fermé ses portes. C’est donc avec grand plaisir qu’il y a quelques jours nous avons vu arriver MémoireD’unVieuxRappeurDégueulasse, nouvel album paru, comme toujours, sans cor ni trompette. Les contours de l’équipe sont encore plus difficiles à définir que par le passé, mais 1K47 reste la voix principale de L’ADLD et est bien décidé à faire en sorte que « ça reste dégueulasse » . Du coup, pas de réinvention à l’horizon : les textes sont fielleux et acides, débités d’un flow nonchalant sur des grosses boucles samplées par Lloyd Stack ou LeMed. Une recette à laquelle on goûte à nouveau avec grand plaisir.