Sidekicks

En Australie, ce sont des stars. Ils y raflent des récompenses depuis plus de quinze ans, sont en rotation sur les radios nationales, rejouent l’un de leurs albums avec l’orchestre symphonique de l’Opéra d’Adélaïde et pour les voir, il faut aller dans un stade. En France, c’est tout l’inverse. En 2017, lors de leur premier passage dans l’hexagone, Hilltop Hoods avait joué à La Bellevilloise en dernière minute et pour finir leur tournée européenne. Initialement programmé aux Étoiles, le concert n’avait pu se tenir à cause des inondations qui touchaient une partie de la capitale. Un show expédié un peu à la va-vite par le trio d’Adélaïde (1h de scène tout de même), mais d’un professionnalisme rare, doublé d’une efficacité redoutable. Devant un public composé à plus de moitié d’expatriés australiens, les Hilltop avaient balayé avec explosivité leur catalogue. Et pour cause :  Suffa, Pressure et DJ Debris (accompagné d’un batteur pour l’occasion) symbolisent mieux que personne toute l’école boom-bap du rap aussie, celle qui est à explorer à travers les archives du label Obese Records, dont les trois gaillards d’Adélaïde furent l’un des fers de lance. Depuis, Hilltop a créé son propre label et appris à vieillir. Et plutôt pas mal. Même si leurs derniers disques sont parfois un peu trop arrangés et sages, il y reste cette conscience de l’énergie rap. Elle côtoie désormais celle du temps qui passe. Alors aucune raison d’en vouloir à leur accent australien plus que prononcé et répondez à l’appel des vétérans du rap de l’île-continent. Ils seront en concert  ce 3 Octobre au New Morning. Et pour en avoir plus sur le rap du bout du monde lui aussi en pleine mutation, prenez le temps de découvrir à travers cet excellent article.

« J’ai pris le flow à Biggie, j’rappe comme un New yorkais et je n’ai confiance qu’en l’élasticité du durag ! » Les bases sont posées, et les idées d’Isha sont protégées par un couvre chef savamment noué. Un an et demi après La Vie augmente vol.2, le rappeur annonce la sortie prochaine du volume trois avec « Durag » son nouveau morceau, produit par Eazy Dew et sobrement mis en images par Guillaume Héritier. On se souvient du frigo américain qui avait donné lieu à un titre fétichiste des plus savoureux en 2017, c’est cette fois le durag qu’Isha emprunte à la mythologie américaine nineties pour cristalliser ses intentions. Il rappe comme un grand pendant deux minutes, sans laisser de place au vide, et en alignant les images bien senties : des tresses qui caressent des fesses, des claquements de ceintures au son des cantiques, un frimeur qui prend des gifles. Sans fantaisie, Isha frappe à grands coups de style et assène chaque phase comme une vérité absolue. Et celui qui essaie d’en placer une ne sera pas écouté, « comme les notes vocales de plus d’une minute trente. »

En tout juste trois ans, la Music Producer Convention s’est imposée comme un événement incontournable pour les professionnels du son et les producteurs ou ingénieurs du son en formation. Comme les éditions précédentes, celle prévue du 11 au 13 octobre prochains va concentrer en trois jours des débats, des conférences, des rencontres et surtout des ateliers en studio avec des pointures américaines et françaises. Bink!, Rockwilder, Tony Dofat, Ty Fyffe, My Guy Mars de 1500 or Nothin’, Scoop Deville ou encore Tarik Azzouz sont ainsi attendus pour distiller leurs précieux conseils et leur expérience aux studios du Abbey Road Institute, à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. Ils seront également, parmi d’autres professionnels, membres du jury d’un beat battle, qui aura lieu le vendredi 11 octobre au 2 Pièces Cuisine, au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. Si vous êtes intéressés par les workshops donnés par ces pros des studios, ou par la compétition entre beatmakers, il reste des places sur la billetterie de la Music Producer Convention. Le programme détaillé de l’événement est également en ligne sur leur site.

Cela fait des années que le Jeune LC offre de temps à autre une friandise : un couplet chez ses potes Loveni et Ichon, une apparition avec Myth Syzer, un inédit caché dans une rare interview… Le Parisien n’est pas de ceux qui inondent la toile de musique, trop occupé sans doute à « vivre ses textes »; si bien que le sablier s’écoulant, la sortie d’un projet musical officiel paraissait de moins en moins vraisemblable. Les promesses n’engagent après tout que ceux qui y croient, et la liberté qui émane des sons de Jeune LC n’a pas franchement besoin d’un format spécifique pour s’exprimer. Toujours est-il que celui que nous qualifiions de « secret le mieux gardé de Paris » il y a deux ans a fini par offrir un EP six titres le premier septembre dernier sur Soundclound.

L’EP s’intitule Croyance & Perdition, et ne compte qu’un morceau déjà connu, « 48 bars » produit par Myth Syzer. C’est comme un livre ancien ouvert sur le monde mais coincé chez un bouquiniste dans Paris. La voix du Jeune s’échappe d’une terrasse, suit des Boulevards, s’élève vers une tour… Tout est jeune depuis des décennies dans la musique de LC, marquée par la peine et porteuse d’amour pourtant. Plein de belles lignes se font jour au fil des textes qu’il écrit. Il y a du bicarbonate en ébullition, des dents perdues et des amis disparus (« repose en paix Desty Corleone »), mais aussi du mélange de cultures, des filles en 501 et des nuits festives. C’est la même dope qu’à l’accoutumée chez Jeune LC, et elle est toujours aussi douce, toujours aussi dure.

Même si cela fait huit ans qu’il a changé son nom civil et artistique pour Yasiin Bey – et tient à ce que l’on respecte ce choix – les amateurs penseront probablement toujours à son premier nom de scène : Mos Def. Un pseudonyme qu’il a fait briller il y a deux décades, grâce à l’album Black Star avec Talib Kweli, suivi de son premier disque solo, le brillant Black On Both Sides, dont on va fêter les vingt ans le 12 octobre prochain. Mais avant ça, Yasiin Bey passe par Paris pour cette rentrée, avec un concert prévu ce samedi 7 septembre au festival Jazz à la Villette. Et il ne vient pas seul : les cuivres puissants du Hypnotic Brass Ensemble de Chicago et les polyvalents londoniens Kaamal Williams et Emma-Jean Thackray l’accompagneront sur la scène de la Grande Halle de la Villette. Un casting de musiciens prestigieux, pour un concert qui parait prometteur. Pour ne pas rater cette occasion, on vous fait gagner des places. Ça se passe sur nos réseaux sociaux : Facebook, Instagram et Twitter.

Il y a quelques jours de cela, la chaine Youtube Flood Namek (qui compte parmi les meilleurs détecteurs de talents issus de Soundcloud) mettait en ligne un morceau intitulé « Tel Aziz », signé Lokman. Intense, le titre est intrigant. Sur un beat puissant, des basses agressives, une voix déroule un style brut trois minutes durant. D’apparence linéaire et monocorde, le ton s’avère plein de ruptures après quelques écoutes attentives. Il tape dans le mille à chaque chute, et elles sont nombreuses. Derrière un son aux allures de direct du droit, il y a bien des intentions à déconstruire. Libération de la Palestine, crackhood, présence diabolique, violence d’un flingue, tristesse, mépris, le propos est cryptique, les émotions s’entremêlent.

Le morceau en question s’avère être issu d’une playlist de six titres mise en ligne par Lokman sur sa page Soundcloud à la mi-août, à écouter ci-dessous. Le tout dure un quart d’heure et laisse entendre un fort potentiel, et un talent déjà mûr. Beaucoup d’idées se croisent et se recroisent, des sentiments troubles se contredisent. Il y a l’ascension vers un sixième étage fait de plénitude face au « coucher des chagrins », puis il y a des moments de redescente, d’angoisse. Empreinte de solitude, cette playlist intitulée Au 6ème étage est une belle pépite d’or dans une mine de charbon.

Cela faisait un bout de temps qu’on n’avait plus eu de nouvelles de Piroksen ; depuis début 2017 précisément et la sortie de son quatrième album, le plus personnel et le plus abouti, Entre rêves et désillusions. Celui-ci laissait entendre une certaine lassitude de l’Antibois installé à Londres vis-à-vis du rap. Mais Piroksen n’en a pas fini avec la musique et ça nous fait plutôt plaisir. Simplement, il a décidé de laisser le micro de côté, au moins provisoirement, pour davantage se concentrer sur l’activité de beatmaker sous l’alias Ortist Music. Fruit de cette reconversion toute relative et de ce changement de blase, un EP, All Good, sortira prochainement. Le projet contiendra quatre titres rappés et leurs instrumentaux. Ont été conviés à poser sur les productions d’Ortist des artistes plutôt prestigieux : Chino XL, Celph Titled, Pacewon ou encore Eto, co-auteur avec DJ Muggs de l’excellent Hell’s Roof en début d’année. En attendant la livraison complète, voici un premier extrait, « All Good » avec Eto, Milano Constantine et Ransom.

Encore tout jeune, le Demi Festival créé par Demi Portion à Sète est désormais un rendez-vous incontournable de l’été des festivals. La quatrième édition se tiendra du 7 au 10 août 2019 et réunira du beau monde : Vîrus, Ol Kainry & Dany Dan, Seth Gueko, Nakk, ATK, pour ne citer qu’eux. Quatre jours durant, le hip hop sera à la fête dans l’Hérault, mais aussi sur nos écrans, puisque Arte diffusera en direct des captations de concerts chaque soir, via sa plateforme Arte Concert. Un flux de diffusion permettra ainsi de profiter des prestations scéniques de Davodka et L’Animalerie (le 8 août), de Neg’Marrons et Ol Kainry & Dany Dan (le 9 août), enfin de Demi Portion et ATK (le 10 août). Pour l’occasion, L’Abcdr s’associe à la chaîne franco-allemande et proposera sur ses réseaux sociaux d’accéder au direct pour tous ceux n’ayant pas la chance d’être sur place. Chose qui est encore possible par ailleurs, puisque nous vous faisons également gagner un lot de deux pass quatre jours sur Facebook !

Issu des quartiers huppés de Beverly Hills, rien ne prédestinait le producteur Alchemist à acquérir le respect des plus grandes crapules du milieu rap. Compositeur de renom, plus les années s’allongent, plus sa légende s’étire. Les pages associées à son curriculum vitæ sont devenues longues, très longues, au point qu’il ne fraye dorénavant plus qu’au sein d’une rare caste : l’élite. Pour ajouter encore une ligne, ALC a annoncé via son Instagram la sortie de Yatch Rock 2 avec ses fidèles amis (Action Bronson, Meyhem Lauren, Willie The Kid, Roc Marciano, Benny The Butcher, Westside Gunn, Conway, Big Twins…). En attendant cette prochaine fournée, le premier volet est toujours disponible et Alchemist atterrira sur les terres françaises le 8 août au New Morning. Pour l’occasion, 2 x 2 places sont à gagner sur notre page Facebook.

Du 18 au 20 juillet, 13ème Art Events organise un festival en plein cœur de la Castellane, quartier vieux de cinquante ans du 15ème arrondissement de Marseille. Lieu important de l’histoire de la ville, et de celle du rap français. Fianso l’avait d’une certaine manière bien senti en y tournant le premier épisode de la série de freestyle qui le fera sortir de l’ombre, #JeSuisPasséChezSo, aux côtés de Graya. L’an dernier, le festival avait renoué avec la tradition des fêtes de quartier, absentes depuis dix ans, sans aucune subvention de la mairie. L’Algérino, Ninho, Ghetto Phénomène avaient participé. Cette année, le Castellival se clôturera par six heures de concert mêlant jeunes artistes locaux et rappeurs déjà célèbres tels YL, Hooss, MOH, Graya, Dika, Révolution Urbaine, Elams, Bayssou, Scridge, Krilino, Youss, Akim et bien sûr, Soso Maness. Soso qui déplorait justement dans cette interview la disparition des centres sociaux et l’animation, les départs en vacances qu’ils permettaient. Avec « Castellival », 13ème art, accompagné des habitantes et habitants de Marseille prennent en main à leur échelle ce que des années de politiques de la ville orientées vers la gentrification du centre et le tourisme ont détruit.