Comme tous les trois mois, l’Abcdr du Son sortira au début de l’été ses deux podcasts trimestriels pour débattre et discuter du rap français et américain de ces dernières semaines. Un rendez vous qui n’a pas bougé depuis 2018, et dont la rédaction va vous faire à nouveau profiter : comme pour ses deux derniers épisodes au printemps et fin 2023, l’Abcdr du Son enregistrera à nouveau ses deux podcasts trimestriels en public gratuitement à Paris.
L’événement se tiendra le 7 juillet prochain dans le hall de FGO Barbara (comme lors de nos enregistrements des podcasts de l’année rap 2023) et l’entrée est libre, gratuite, et sans billetterie. La rédaction débattra d’abord du rap américain de ce printemps, avec notamment un sujet sur Future et Metro Boomin, puis enchaînera avec son podcast sur le rap français dans lequel elle discutera du dernier volet de la saga JVLIVS de SCH. Les deux autres artistes débattus durant les deux podcast seront communiqués dans les prochaines semaines sur nos réseaux sociaux. De quoi se changer les idées le 7 juillet après être allé voter, le temps d’une après midi avec notre rédaction.
Entrée libre et gratuite, sans réservation
14h30 : Ouverture des portes
15h00 – 16h15 : Le rap américain du deuxième trimestre 2024
16h30 – 18h : Le rap francophone du deuxième trimestre 2024
Depuis quelques mois, une nouvelle vague semble tranquillement monter dans la scène du rap marseillais. En dehors des noms certifiés et identifiés, des profils plus confidentiels et parfois expérimentaux font en effet de plus en plus parler d’eux en ville. À mi-chemin entre écriture précise, excursions sonores sous influences électroniques, et boom bap mélancolique actualisé, de nouveaux artistes aux propositions musicales un peu différentes des carcans habituels émergent peu à peu dans la cité de Chris Waddle. Une nouvelle scène que l’Abcdr du Son évoquait déjà brièvement en début d’année lors d’un long entretien avec le jeune rappeur ADM, et qui se présente aujourd’hui encore plus au grand jour à travers un EP nommé QONNEX’Marseille.
Initié par Vince L’Apache, activiste local en mission pour faire rayonner le plus de talents rap émergents à travers la France, cette proposition de 4 titres rassemble sur chaque morceaux deux artistes de la nouvelle scène locale, pour mettre en lumière les autres propositions musicales que Marseille peut offrir. On y entend ainsi un rap à la fois ancré dans sa ville – l’écriture et la mélancolie restent de mise – tout en allant s’aventurer vers des influences proches de l’électronique et de sonorités industrielles glaciales (“Terrain impraticable” d’Ekloz et Lotso, “13zéro17” de Ligno et ADM) tout en alignant les rimes sur des rythmiques rap actuelles urgentes ou mélancoliques en version remaniées (“AOP” de Yeuze Low et Bigash, “Nasri 2008” de Mehdi Miklo et Anan).
Un court voyage de dix minutes (accompagné d’un freestyle de 25 minutes) qui permet de mettre en avant un visage enthousiasmant du nouveau rap marseillais qui prendra vie demain soir en concert : c’est en effet sur la scène du Makeda que tous les acteurs de cet EP viendront interpréter leurs morceaux durant 1h30, en solo ou en groupe afin de montrer qu’à Marseille, le rap n’est jamais figé dans le temps et continue d’aller de l’avant. C’est bien là toute la force de cette ville.
Cela n’aura échappé à personne : le rappeur de Rouen, qui avait sa carte de membre à l’Asocial Club en 2014, et qui s’est fait connaître au début des années 2010 à travers le triple EP Le Choix dans la date et le diptyque Huis-Clos et Faire-Part, a un problème avec les cérémonies. Qu’il s’agisse des fêtes décrétées arbitrairement par le calendrier (15 août, 31 décembre, 14 février), d’un repas de famille (l’excellent « La Table » où il est l’invité du comparse rouennais Lalcko), ou de la mascarade du sport spectacle (« Champion’s League »), Vîrus voit dans ces pratiques collectives ce que les autres y dissimulent : la solitude, et le caractère contingent d’existences, qui suivent le rythme trompeur de réjouissances occasionnelles, ensuite vite oubliées.
Le 26 janvier 2023, Vîrus revenait avec un morceau composé par Al’Tarba, qu’il jouait en live, accompagné des musiciens de l’ESM Bourgogne-Franche-Comté : Méthode Rouge. Dans cette vidéo, le rappeur prépare un cérémonial d’un nouveau genre, en détournant des codes empruntés au théâtre ou au bal masqué. Le rappeur y annonce, en paraphrasant la Bible, un album à venir : « Au commencement, étaient les ténèbres, et puis le verbe, et puis nycthémère ». Depuis, la sortie de cet album (Nycthémère, terme qui désignerait les vingt-quatre heures d’un jour et d’une nuit, mais qui sonne comme un calembour) a été prévue pour le jour de la fête de la musique, le 21 juin 2024. Comme si Vîrus proposait avec son disque une contre-cérémonie.
À quel événement s’attendre ? Les deux autres extraits (« Mouton-Cadet » et « La Cour ») composés respectivement par Al’Tarba et Banane posent quelques jalons. Vîrus a une maîtrise rare de son rap. Il multiplie ses figures fétiches, contrepèteries à outrance (« lieu soit doué », entre autres), mots-valises (« triomphallus »), faisant apparaître ce que le langage commun cache dans ses expressions figées : « les joies, les peines, les poids, les gènes ». S’il convoque encore l’univers du théâtre sur « La Cour », c’est pour le mettre en parallèle avec celui de la musique, et celui de la justice, pendant tout le morceau : lui, artiste, remplit des salles… d’audience.
Ce jeu sur les mots n’est jamais gratuit : Vîrus, on l’a dit, compare les cérémonies pour mieux les dénoncer. La production de Banane révèle la puissance de cette entreprise. « La Cour » offre en effet un mélange entre des sonorités froides, métalliques, auxquelles correspond l’imagerie post-industrielle du clip de Junior Paganelli, et des chants tribaux. Comme si Vîrus devenait un médium hybride, un chaman de l’ère des sites Seveso. Sur le même morceau, Vîrus fait une promesse à l’auditeur, dans laquelle se glisse une faute de conjugaison « Je te raconteras ». Cet échange entre première et deuxième personne, entre rappeur et auditeur, indique un rituel où les conventions sont abolies, peut-être par magie. Le maître est prêt, la cérémonie peut commencer.
Le titre assez fourre-tout est plutôt trompeur. Paname Originals n’est pas une énième compilation avec un code postal pour seul élément fédérateur. Portée et entièrement produite par l’inusable Kool M, DJ et producteur de La Rumeur depuis les premiers volets fondateurs, elle est le reflet d’une certaine esthétique de la boucle et d’un boom-bap aux tempes désormais grisonnantes.
Avec un casting qui rassemble avant tout une belle brochette d’anciens combattants, notamment des émérites qui n’ont jamais vraiment raccroché mais restent désormais des hommes de l’ombre tels Kimto du trio Less du Neuf, Mourad (re)connu comme « La figure de paria » de La Rumeur, ce bon vieux Sheryo ou Le Téléphone Arabe. Des figures du passé, qui reprennent ici du service et dont certains couplets résonnent encore aujourd’hui comme des marqueurs d’une époque.
Retrouver ces timbres de voix, et découvrir les couplets des plus jeunes La Matière ou Paris Nest, c’est prendre de plein fouet le poids du temps qui passe, mais aussi étirer un peu plus les fils d’une pelote prête à s’étirer comme à l’infini. Une pelote portée par une indépendance artistique mais aussi une réalisation minutieuse, jusqu’à cette superbe édition vinyle et sa pochette réalisée par Tcho, autre éternel émérite.
Alors que Berlin s’est imposée depuis la chute du mur comme le centre névralgique mondial de la musique de club, les artistes et activistes des scènes d’Amérique du Nord et au delà revendiquent avec une vigueur renouvelée les origines afro-américaines de la techno et la house, contre le white-washing euro-centrée qui voudrait en faire des produits de l’ingénieurie allemande. Les problématiques sociales et politiques inscrites dans l’ADN de ces musiques sont réaffirmées par toute une génération de DJ et producteurs, pour qui la revitalisation de la scène passe également par une plus grande ouverture musicale, tournée autant vers le passé que vers l’avenir. C’est dans ce contexte fertile que naît RAPRAVE, collectif dont le nom fait office de programme, et qui organise sa première soirée à New York en octobre 2021. Suivront d’autres soirées à travers les Etats-Unis puis aux quatre coin du monde, le collectif prenant toujours soin de s’associer à des artistes locaux « militant » musicalement pour une symbiose entre rap et musique de club, qu’il s’agisse des rappeurs du groupe Dastardly Kids basé à Detroit, du MC et producteur serbe Spejs Noksi (représentant du collectif à Belgrade) ou de la japonaise ShioriyBradshaw, qui a fait de l’osmose entre rap, bounce et bass music sa spécialité. Pour le collectif new-yorkais désormais international, les fêtes RAPRAVE découlent d’un déroulement presque « logique » des choses : « Les soirées ont vu le jour pas tant pour combler un vide que pour relier entre-elles toutes les pièces de notre écosystème. Nous avons à coeur de combler le fossé entre des sons, des cultures et des idées qui ne semblent pas liés de prime abord. L’éducation musicale étant au cœur de ce que nous faisons, notre communauté est réceptive aux nouveaux sons que nous apportons à chaque événement. »
Un travail éducatif volontaire qui se décline rapidement via un label dédié, dans la continuité directe des soirées. Esthètique techno « à l’ancienne » revendiquant un effacement des individualités, ainsi qu’une culture bootleg et une immédiateté proches du rap définissent en partie le versant numérique de RAPRAVE. Sur les singles et compilations sorties depuis deux ans par le collectif, les perles underground cohabitent avec les remixs de tubes plus ou moins célèbres, de Sexyy Red à Skepta en passant par Future ou Jeremih. Si chaque producteur apporte son style caractéristique, une énergie « prête à l’emploi » est commune à la musique publiée par le label, qui n’utilise jamais les couplets raps comme un prétexte ou un gimmick, mais bien comme la colonne vértébrale d’authentiques morceaux « technos » ou assimilés, pensés par et pour le dancefloor. Loin de l’exercice de style, la musique défendue par RAPRAVE embrasse ce que beaucoup n’ont fait qu’effleurer : l’affirmation d’un allant, d’une vitalité commune à ces deux « mondes » dont on nous a raconté qu’ils avaient été séparés à la création, ce que les membres du collectif semblent nier en bloc, réparant à leur mesure, et avec le plus grand naturel, une drôle d’injustice musicale. « Qu’il s’agisse des OGs qui ont ouvert la voie, de la précision de l’outerwear japonais ou de la scène tuning automobile de Detroit, nos références se transforment et s’adaptent » détaille le collectif quant à ce qui l’influence dans sa démarche. Une approche à la fois instinctive, fluide et mondiale dont Paris pourrait être l’une des prochaines étapes, notamment via le producteur monténégrin Regis, représentant de RAPRAVE dans la capitale française.
Voilà près de trente-cinq ans que Les Eurockéennes de Belfort transforment la presqu’île du Malsaucy en une fête éclectique. Plutôt basé sur le rock, le festival s’est ouvert, au fur et à mesure des tendances, aux autres genres musicaux tels que le reggae, les musiques électroniques, les musiques du monde, le rap… Le premier rappeur à avoir foulé l’une des scènes des Eurockéennes fut Lionel D. en 1991, soit deux ans après la création du festival.
Depuis, l’équipe a toujours su offrir aux fans de rap, une programmation riche et diversifiée comptant certains pionniers (MC Solaar, Les Sages Poètes de La Rue, Suprême NTM), des mastodontes des années 2000 (Saïan Supa Crew, Disiz, Sinik), les stars de la deuxième moitié des années 2010 (Damso, Nekfeu, Ninho) sans oublier l’Outre-Atlantique (Jay-Z, Wu Tang Clan, Clipse, N.E.R.D, Rick Ross, Freddie Gibbs…).
Les Eurockéennes de Belfort 2024 se dérouleront du jeudi 4 juillet au dimanche 7 juillet. Entre les grands noms du rock (Lenny Kravitz) et de l’électro (David Guetta), le rap français se verra aussi représenté par ses têtes d’affiches : SCH, Gazo, Kaaris, Shay, Bigflo & Oli, Yamê… Les rappeurs Albi X (rappeur allemand d’origine congolaise) et Didi B (rappeur ivoirien) seront aussi présents.
L’Abcdr du Son sera aussi de la partie : en espérant vous y voir aussi puisque nous vous offrons deux pass 1 jour pour le vendredi via un concours sur nos réseaux. Bonne chance !
Si la rédaction de l’Abcdr du Son suit et apprécie la musique de Pumpkin depuis plusieurs années, son travail en dehors de la scène est lui aussi à souligner. Avec sa structure La.Club, fondée en 2020, la rappeuse nantaise travaille en effet depuis quatre années à aider les femmes à se lancer dans le rap, à travers des ateliers ainsi qu’un stage annuel nommé Summer Camp. Chaque mois de juillet depuis 2021, douze rappeuses se réunissent ainsi pour suivre pendant cinq jours des formations sur l’écriture, la scène, la production ou la communication, dans le but d’obtenir un coup de pouce dans leur début de carrière. Une initiative accompagnée d’expertes dans leurs différents domaines, à l’image des rappeuses Pumpkin, Tracy De Sa (aussi lue dans nos colonnes), Fanny Polly, de la beatmakeuse F6NA, des réalisatrices Clara Beaudry et Sarah Bellanger, ou d’autres professionnelles comme Anh Ninh Garret (ingénieure du son), Ludiwine Sabalot (psychologue) et Baïny Diakité et Chloé Nataf de la structure Trempo.
Une initiative qui va connaître sa 4eme édition à l’été 2024 à Nantes : du 1er au 5 juillet, douze femmes ou personnes issues des minorités de genre pourront ainsi profiter de cet accompagnement gratuitement, après candidature. Pour potentiellement y participer, il suffit juste de s’inscrire via ce formulaire sur le site de Trempo d’ici le dimanche 28 avril. Des solutions de logement (pour les stagiaires ne résidant pas dans la métropole nantaise) et de garde d’enfants (pour les moins de 3 ans non-scolarisés et pour les moins de 12 ans après 18h30) pourront être étudiées et proposées gratuitement si besoin.
S’il a passé la majeure partie de sa vie dans le Maryland, un aspect de la biographie du producteur Osyris Israel provoque souvent la même réaction étonnée : sa mère travaillant pour l’armée américaine, c’est au Japon que le futur fondateur du collectif Corazzon voit le jour, avec pour preuve irréfutable les visuels des deux volumes de ses mixtapes ##GAIJIN (terme japonais controversé désignant un « étranger »). Celles-ci mettent en lumière l’éclectisme du producteur, aussi à l’aise dans l’ambient synthétique pur et dur, la drum n bass ou la plugg music, à laquelle ses synthés luxuriants et son minimalisme « jazz » siéent particulièrement. Ainsi dans une interview au média Sleepwalker Entertainment, Osyris cite autant Miles Davis et Theo Parrish que les écrans titres des jeux vidéo comme matrice de son univers musical.
Outre les collaborations récurrentes avec des rappeurs des quatre coins de l’Amérique (le texan Lerado Khalil, ou le californien $amaad), le producteur présente également sur ses mixtapes ses propres versions de tubes incontournables de Drake, Playboy Carti et consort, transcendant avec élégance les vocaux d’origine en les baignant dans le mysticisme délicat qui colore sa musique. Laquelle évoque évidemment celle de Nujabes, producteur japonais légendaire décédé tragiquement en 2010 à seulement 36 ans, et dont le son, qui mêle breaks hip-hop à des influences downtempo de toutes sortes, continue d’être un repère pour des milliers de producteurs à travers le monde. Osyris lui rend d’ailleurs hommage dans un morceau isolé, le bien nommé « ##REVIVE – RIP Nujabes ». Une dédicace discrète à son mentor, dont l’esprit et le goût pour les rencontres entre les genres et les cultures continuent de vivre à travers la musique de son fils spirituel américain.
Presque un an après son dernier projet UN GRAND COEUR DANS UN MONDE DE FILS DE PUTE, Beeby apparaît plus clairvoyant que jamais dans son dernier morceau « Le Cycle Éternel ». À la fois mélancolique et captivant, le titre s’inscrit dans l’archétype des morceaux de hustler desquels ressort fréquemment une analogie entre déterminisme social et ténacité afin d’atteindre une certaine liberté financière.
Le $$$boy y rappe ses aspirations (« On gravit la montagne pour qu’on ait plus d’espace »), le fait de devoir jouer à un jeu truqué dès le commencement (« J’voulais seulement du cash histoire de rester stable / Mais dès l’départ chez nous y a plus d’étapes ») et les conséquences qui en découlent (« Entre les anges et l’sheytan, j’sais plus qui m’rend visite »). Et si le Malin n’est pas loin, les vertus du $aigneur non plus car il est inconcevable pour Beeby de délaisser ses frères dans cette chevauchée fantastique qu’est la vie : « Le Cycle Éternel ».
Les voix samplées, les nappes envoûtantes, la mélodie désenchantée du piano et les drums minimalistes concoctés par Bij et Modera pourraient laisser l’auditeur s’évader dans des regrets vaporeux. Mais le rappeur albertivillarien ne laisse pas le spleen guider sa voix, malgré les drames qui le tourmentent (« J’aimerais qu’le ciel m’épargne / Trop d’frères au cimetière allégés de quelques grammes ») et emplit de lucidité son flow saisissant, ragaillardi par ses douleurs et son hustle. Après avoir formé le logo des X-Men, les impacts de balle sont cette fois-ci dans les ailes qui permettent à Beeby d’atteindre son objectif : « Ma seule putain d’mission, c’est d’prendre de l’altitude » loin de toutes entraves à son ascension.
Début mars dernier, ScHoolBoy Q s’est enfin décidé à délaisser ses clubs de golf pour sortir son sixième album studio. BLUE LIPS est composé de dix-huit titres et son titre signifie « être sans voix ou en état de choc », selon le rappeur de TDE. Ce retour tant attendu a été teasé un mois avant à travers la sortie de trois singles et d’une mini-série de deux épisodes disponibles sur sa chaîne Youtube. ScHoolboy Q a opté pour sa recette phare : du rap délivré avec intensité, des productions bien travaillées, le tout saupoudré d’un storytelling précis. Chaque titre est surprenant et se dévoile au fil de l’écoute, que ce soit sur des instrus parfois punk rock, boom bap, trap ou encore jazz. Les samples choisis proviennent pour la plupart de titres sortis dans les années 1970, ce qui rajoute une dimension cinématographique à l’album – presque comme un film auditif ou une bande son d’un film en noir et blanc. Sur le titre « Germany 86 », l’artiste est sincère et fait les éloges de sa maman mais raconte aussi son enfance tumultueuse. Quant à « Bluesides », il y rend hommage à son défunt ami Mac Miller.
Dans une interview publiée mi-mars avec la journaliste Nadeska, l’artiste de Californie confiait que la plupart des morceaux avaient été écrits depuis 2021. D’où l’intérêt de souligner les quelques références à ses anciens albums qui sont proposées dans BLUE LIPS. D’une part, il choisit de collaborer avec Childish Major sur le titre « Pig feet ». Ami de longue date, à l’origine de la production de « UOENO » de Rocko remixé par le Black Hippy de ScHoolboy Q, Childish Major offre un grand écart musical comparé à ce qu’il propose habituellement en solo. Le résultat de cette fusion donne un titre trap puissant qui pointe du doigt la police. D’autre part, le rappeur de Californie s’auto-référence, en reprenant le refrain de « Druggys Wit Hoes Again » (présent sur son deuxième album Habits & Contradictions en 2012) dans le titre « Foux » avec les paroles « Marijuana, hydro, pussy hoe, ass, titties » répétées plusieurs fois. Contrairement à certains titres plus mainstream que Q a offert dans les albums Oxymoron et CrasH Talk, le rappeur va à contre-courant des tendances et fait ce qu’il a envie de faire sur BLUE LIPS. Un album à la fois audacieux et ancré dans l’ADN de ScHoolBoy Q.