Le 20 juillet, l’émission radio Blockbusters invitait deux rédactrices de l’Abcdr du Son afin de revenir sur la carrière de Diam’s [merci à Narjes pour la passe dé, NDLR] Résultat : sur les ondes de France Inter ont résonné les mots de Radikal MC, de Casey et des camarades de Tierlist (insérés sur nos conseils), mais aussi des mentions de Soprano époque Street Skillz et quelques anecdotes plus ou moins glorieuses de l’industrie du disque. À cette occasion, et parce qu’il a – encore ! – été impossible de parler du plus beau morceau de sa carrière faute de temps, le site a décidé de dévoiler une chute de L’Obsession Rap consacrée à « Si c’était le dernier ». Encadré écrit en 2019 et qui a dû être sacrifié, comme malheureusement bien d’autres, mais qu’il aurait été dommage de ne jamais dévoiler. Pour écouter l’émission, c’est ici et lire l’encadré, là :
« Si c’était le dernier », le « testament du rap français » (Proof)
Mélanie Georgiades se donnera aux dépens de sa santé mentale, au point de poser « un genou à terre en fin d’année 2007 ». Une date qui curieusement correspond à l’explosion d’une autre icône féminine détruite par l’industrie musicale : Britney Spears. Les deux se rasent le crâne. Les deux font surgir le spectre de l’hystérique dès lors que leur image les fait suffoquer. Mais, à la différence de Spears, Diam’s se reprend en main par un choix spirituel qui ne tient qu’à elle et la conduit à arrêter le rap. Le rap, mais pas le don : ses projets humanitaires, qui ne sortent pas de nulle part – elle avait déjà chanté pour Amnesty International, pour les sans-logis etc. – sont clairement présentés comme une continuité non pas de sa carrière, mais de ce qu’elle lui a apporté de plus précieux : un lien avec son public. Pour cela, elle livre un morceau fleuve. « Si c’était le dernier », qui clôt SOS, accède sans nul doute au panthéon des points finaux du rap français. Ce qui se dégage d’un morceau qui ferait frissonner le pire de ses détracteurs, c’est, derrière l’intensité passionnelle de chaque mesure, une extrême cohérence. Son testament personnel. Mais aussi, du témoignage-même du beatmaker Proof lors d’un hors-série d’OKLM, un « testament du rap français. » Au-delà du point final, c’est un morceau charnière. Nous sommes à la veille des années 2010. Un an après, c’est Salif qui tire sa révérence avec « L’Homme libre ». Le genre s’apprête à connaître un renouveau esthétique et commercial inédit. Le rap piano-violon mélancolique, introspectif, premier degré, que Diam’s a incarné (parfois malgré elle) se ringardise. Les réseaux sociaux occupent une place toujours plus envahissante dans la musique. Diam’s rappelle doucement que derrière ceux-ci, si prompts à construire des personnages en armure, il y a et aura toujours des êtres humains, potentiellement rongés par l’insécurité, le doute et la dépression. Alors que le vieux rap se meurt et que le nouveau tarde à apparaître, elle prévient de la vanité du strass et des paillettes. Un chemin qu’il pourrait prendre ?