Osyris Israel, plus japonais des gaijins
S’il a passé la majeure partie de sa vie dans le Maryland, un aspect de la biographie du producteur Osyris Israel provoque souvent la même réaction étonnée : sa mère travaillant pour l’armée américaine, c’est au Japon que le futur fondateur du collectif Corazzon voit le jour, avec pour preuve irréfutable les visuels des deux volumes de ses mixtapes ##GAIJIN (terme japonais controversé désignant un « étranger »). Celles-ci mettent en lumière l’éclectisme du producteur, aussi à l’aise dans l’ambient synthétique pur et dur, la drum n bass ou la plugg music, à laquelle ses synthés luxuriants et son minimalisme « jazz » siéent particulièrement. Ainsi dans une interview au média Sleepwalker Entertainment, Osyris cite autant Miles Davis et Theo Parrish que les écrans titres des jeux vidéo comme matrice de son univers musical.
Outre les collaborations récurrentes avec des rappeurs des quatre coins de l’Amérique (le texan Lerado Khalil, ou le californien $amaad), le producteur présente également sur ses mixtapes ses propres versions de tubes incontournables de Drake, Playboy Carti et consort, transcendant avec élégance les vocaux d’origine en les baignant dans le mysticisme délicat qui colore sa musique. Laquelle évoque évidemment celle de Nujabes, producteur japonais légendaire décédé tragiquement en 2010 à seulement 36 ans, et dont le son, qui mêle breaks hip-hop à des influences downtempo de toutes sortes, continue d’être un repère pour des milliers de producteurs à travers le monde. Osyris lui rend d’ailleurs hommage dans un morceau isolé, le bien nommé « ##REVIVE – RIP Nujabes ». Une dédicace discrète à son mentor, dont l’esprit et le goût pour les rencontres entre les genres et les cultures continuent de vivre à travers la musique de son fils spirituel américain.