La vie d’alloca de Nivek
Avec sa trilogie Very Bad Tape, commencée en 2012 et clôturée l’an dernier, Nivek a patiemment construit son univers. Celui d’un « mec à part » qui vogue dans le dédale kafkaïen de la jungle des hommes modernes où tout est fait pour brouiller les pistes. Ses « interférences » étaient d’ailleurs reprises dans nos colonnes l’an dernier et c’est l’une des marques de fabrique de Nivek : assembler les paradoxes, entre distorsions de références à la culture populaire et instantanés de moments de galères. « Vie d’Alloca » n’échappe pas à la règle. Sur un instrumental signé par ses deux beatmakers fétiches que sont Kremlin et Juxebox, le rappeur tourangeau déploie une écriture à la fois crue et minutieuse, alliant sens de la formule, ambiances angoissantes et arrêts sur image, comme pour mieux zoomer sur ces détails qui résument à eux-seuls et en un coup d’œil un style de vie. Et cette fois, c’est pendu haut et court à la vampirisante vie d’alloca que Nivek rappe le béton dans les artères, fait planer les prophéties des oiseaux de mauvais augure et met à l’envers la tête du mythe de la Vida Loca. Le rap français façon chauve-souris. Very Bat Trip.
Photo de une par Quentin Caffier pour Louis Magazine.