Némir revient avec « Des heures »
« La musique, c’est l’antithèse de la théorie. » Voilà ce que nous disait Némir en interview lors de la sortie de son précédent projet : Ailleurs. Depuis, le Perpignanais était devenu l’une des plus grandes arlésiennes du rap français. Cinq ans de silence, qui restaient tels des points de suspension derrière un EP réussi, alliant chant et rap de haute voltige, mariant la culture bitumeuse chère à l’artiste avec une grande touche de soleil et un bien-être communicatif. Cinq ans de (quasi) mutisme dans une musique telle que le rap, c’est au mieux un énorme luxe, plus généralement une énorme prise de risque. Mais toujours dans nos colonnes, Némir avait également utilisé à de nombreuses reprises des mots touchant plus au moral, à la spontanéité et à l’état d’esprit qu’au pragmatisme et aux stratégies artistiques. Bref, on était loin de la théorie et des grands plans de carrière plus ou moins avoués et si chers au milieu du rap français. C’était frais, mais ça avait aussi un côté angoissant, comme l’expliquait le rappeur lui-même dans un entretien aux Inrocks. Puis exactement 1761 jours après la sortie d’Ailleurs est arrivé « Des heures. » C’était ce 15 septembre et Némir s’y transforme presque en chansonnier (non, ce n’est pas un gros mot), suspendant l’amour à sa voix éraillée. Les grimaces verbales sont devenus des souffles au cœur, dans un joli mélange entre bossa nova et rap. En une chanson, Némir aura remis les attentes sur le calendrier tout en suspendant à nouveau le temps à ses talents d’auteur et d’interprète. Il n’y a plus qu’à écouter « Des heures » en guise de compte à rebours à la sortie de l’album, prévue pour 2018. Une véritable horloge chantante.