Neek Bucks chante le « Corner Gospel »

Dans le spectre des figures de la culture afro-américaine, difficile de trouver plus éloignés que Malcolm X et Puff Daddy (ou n’importe lequel de ses alias) : l’un symbole ultime de la radicalité et du nationalisme noir, l’autre apôtre du capitalisme et d’une black excellence de gala. Leur seul dénominateur commun serait la place que tient le quartier d’Harlem dans leur parcours. C’est donc en toute logique un rappeur harlemite Neek Bucks, qui décide de les réunir le temps d’un clip censé voir le jour en février à l’occasion du Black History Month. Quatrième épisode de sa série de « Corner Gospel »entamée fin 2017, l’extrait de la mixtape El Barrio 2 ne révolutionnera sûrement pas le rap de rue mais en propose une interprétation sous son meilleur aspect : sincère, introspectif et fluide. Les histoires déjà entendues de loyauté, de trahison, d’amitiés brisées et de rêves lointains de succès trouvent ici un écrin soulful intemporel qui confère à leur auteur une certaine élégance à défaut d’originalité. Actif depuis le début de la décennie, l’ancien protégé de Jim Jones semble avoir trouvé son créneau et cultive tranquillement son statut de secret le mieux gardé d’East Harlem.