Miso Extra, l’art du contre-pied
C’est une mélodie qui demande un peu de dextérité pour être appréhendée. Le temps de deux minutes trente, sans jamais trop savoir sur quel pied – ni sur quel temps – danser, Miso Extra joue avec l’auditeur, comme elle ferait un crochet sur un rectangle vert. Il faut dire qu’en nommant son morceau « R10 » – en hommage à Ronaldinho – la musicienne avait de quoi s’amuser sur ce thème. Et elle le fait sans sourciller sur ce nouveau titre : rappeuse, chanteuse et productrice, cette compositrice anglo-japonaise basée à Londres fait lentement mais surement parler d’elle dans la presse musicale britannique ces derniers mois avec sa musique étrange et intime, entre productions rap inspirées de MF Doom, J Dilla ou des Neptunes, chant R&B puisé dans la musique de Aaliyah ou Jai Paul, et passages chantés et rappés en japonais. Un collage sonore que l’on retrouve particulièrement sur « R10 », nouveau titre annonciateur d’un second EP prévu le 18 août. Sur une mélodie froide et déstructurée, la musicienne anglo-japonaise joue ainsi avec les contretemps tout en rappant par dessus avec nonchalance – en anglais et en japonais – pour évoquer la fine frontière entre confiance en soi et arrogance. Ce n’est pas le morceau le plus simple pour sortir ses meilleurs pas de danse, mais l’harmonie sonore qui ressort de cette musique où rien ne semble tomber volontairement sur les temps a quelque chose d’hypnotisant. Comme un dribble dont on a – malgré les nombreux re-visionnages sur YouTube – bien du mal à comprendre tous les secrets. Et dont on n’a pas forcément envie de tout connaître, par simple amour du mystère.