L’épicerie coréenne de Big Budha Cheez est ouverte
L’épicerie coréenne de Prince Waly et Fiasko Proximo cristallise leur rêve américain. Elle est ce repère, relevant presque de l’image d’Épinal, comme le motel, le car-wash ou le bowling peuvent l’être pour d’autres. C’est dans l’épicerie coréenne que Big Budha Cheez a décelé l’incarnation archétypale de ce qu’est leur Amérique, fantasmée, projetée et esthétisée ; ceci explique le nom de leur dernier album en date, disponible depuis deux semaines. Le disque s’inscrit dans la lignée de L’Heure des Loups, dans le sens où les deux Montreuillois développent toujours un son rétro et un univers anachronique. Mais se ressent aussi dans Épicerie Coréenne l’impact de Junior, l’excursion de Prince Waly sur un EP avec Myth Syzer en 2016. Car c’est bien lui qui porte vocalement le projet, quand son binôme se fait lui plus discret au micro, préférant se concentrer sur la production et les arrangements -un choix courageux et apprécié, tant l’écart de niveau en terme de emceeing a pu être fort par le passé. Fiasko et Waly semble avoir parfait leurs idées, et un équilibre certain régit ce très bel album, sur lequel l’Abcdr ne manquera pas de revenir à froid, lorsque le temps aura fait son travail, comme la police de Brainerd, Minnesota.