Le feu de Megan Thee Stallion
On ne cesse de le dire, Memphis et la Three 6 Mafia laissent encore aujourd’hui planer leur influence sur l’intégralité du rap américain. Et si leurs morceaux et leurs flows ne cessent de se faire réutiliser ad libitum par les plus gros vendeurs du moment, c’est au Texas que l’on trouve leur meilleur héritière. Depuis deux années déjà, Megan Thee Stallion, 24 ans, s’affaire à reprendre le flambeau armée d’une insolence folle : première femme signée sur le label 300 Entertainment (Gunna, Young Thug, Tee Grizzley, etc.), la rappeuse originaire de Houston remplit toutes les conditions pour s’imposer – à son niveau – dans la catégorie des artistes à retenir en 2019. Biberonnée par la musique de Pimp C, de DJ Screw et de la bande de DJ Paul, Megan Pete de son vrai nom est de celles qui arrivent à associer une technique exemplaire avec une attitude dingue (confiance multipliée par mille, référence constantes au hustle et aux mecs à ses pieds). C’est tout le bien que l’on pense de Fever, premier album récemment sorti et dont les 14 morceaux ressemblent à un TGV de 40 minutes que l’on prend plaisir à se prendre en pleine gueule. Chaperonné par Juicy J, qui produit plusieurs titres du disque et apparait même en featuring sur un morceau, et par LilJuMadeDaBeat, Fever est une superbe leçon de rap brut, un disque qui, s’il ne révolutionne rien, rappelle toute la folie furieuse du sud des États-Unis dans le rap. Surtout, cette sortie devrait enfin permettre à son auteure de continuer à faire parler d’elle dans le milieu : déjà présente sur plusieurs featurings judicieux depuis le début de l’année (Young Nudy, Maxo Kream, Khalid), la jeune femme vient ainsi de s’offrir la cover du prestigieux magazine The Fader, dans lequel elle raconte son amour du rap et son parcours tortueux dans l’industrie de la musique. Retenez bien Megan : c’est sur elle qu’il va falloir compter dans les prochains mois.