L’étreinte glaciale de « TrinityVille » de Laylow
Humain ou machine, détachement ou passion, coeur froid ou ardent. Tout au long de sa discographie, Laylow n’aura cessé d’explorer ces questions dans leurs moindres recoins dans ses morceaux. Dans son versant sentimental (Digitalova, .RAW) puis dans une forme plus désincarnée sur .RAW-Z, disque dans lequel le Toulousain, écoeuré par la laideur des homme, semblait abandonner ses émotions humaines pour tenter de se muer en être de fer. Un rap de mutation(s) que l’on ressent encore plus sur « TrinityVille », nouvel extrait d’un premier album qui semble annoncer la forme finale de Laylow : celle d’un artiste aussi sûr de ses capacités qu’il peut être traversé par des sensations aussi intenses que complexes. Composé par son producteur attitré Dioscures ainsi que Sofiane Pamart, « Trinityville » raconte ainsi sur des lignes synthétiques glaciales les aspirations de Laylow : réussir à tout prix, sans se laisser distraire par les nombreuses émotions qui pourraient le dévier de sa route tout en couchant sur trois minutes le virage (déjà bien cerné sur « Megatron ») que sa musique semble vouloir prendre. Une oeuvre froide et sensuelle, détachée mais pas insensible, exigeante dans tous ses domaines. De quoi espérer voir sur long format la meilleure version de Laylow : celle d’un rappeur au coeur en béton armé définitivement prêt à corrompre la matrice, les phares braqués sur la ville.