« Joga Bonito », prélude du nouvel album de Flynt
La marque à la virgule développe depuis plus de vingt ans des spots publicitaires encensant le football. Ces vidéos de l’équipementier sportif, adoubées par Eric Cantona, sont à double tranchant. D’un côté elles magnifient le beau jeu, le spectacle, le geste instinctif et inspiré qui fait toute la magie du ballon rond. Mais de l’autre, elles participent aussi à la mise en scène du football, devenu une véritable industrie du spectacle. Voilà qui pourrait être transposé au rap d’aujourd’hui. D’une richesse incroyable mais pourtant ultra scénarisé, obsédé par l’omniprésence visuelle et les chiffres tel un calendrier de saison aménagé pour les diffuseurs, le rap devient obnubilé par sa propre popularité et se polarise autour d’une économie, pour ne pas dire d’une industrie. C’est elle que défie Flynt, comme à l’accoutumée. De ces rappeurs habitués a chanter l’indépendance, à tourner le dos à l’omniscience Youtube pour y préférer les apparitions scéniques, le MC habitué aux itinéraires bis revient à la notion de beau-jeu tout en enfilant des habits de commentateur. Celui de l’époque musicale qu’il défie depuis son championnat semi-pro, qui n’a pourtant rien à envier aux chaînes Youtube qui commencent à ressembler à des centres de formation où sur mille appelés, un seul sera élu à la vie de MC professionnel. Un mélange de modernité dans le beat et le flow portés par une écriture aux sarcasmes pincés. Mais une ôde aux racines du rap, à sa spontanéité, et non à ses calculs. Bref, l’histoire d’une discipline qui s’acharne à faire la différence entre le jeu et le game. Joga Bonito.