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Infinit’ et Alpha Wann, têtes brûlées sur le « 113 freestyle »

Ça tient à rien, un plaisir d’auditeur. Comme quand deux des plus fins rimeurs actuels décident d’envoyer, juste pour le sport, un egotrip sur une prod inscrite au patrimoine du rap hexagonal. Pas un typebeat, ni une face B cainri, ni un instru français trop cramé ou évident. Alpha Wann et Infinit’ rappent donc sur l’instrumental de DJ Mehdi qui ouvrait Les Princes de la ville en 1999, version plus musclée de la prod du « Têtes brûlées », titre caché en toute fin de Ni barreaux, ni barrières, ni frontières un an plus tôt. Karim et Alpha ne miment pas les échanges en passe-passe de Rim’K et AP, mais rappellent pourtant les rappeurs de Vitry par leur complémentarité dans ce mélange de nonchalance et de pugnacité. Infinit’, dont on attend cette année Ma Vie est un film 2, étale son insolence habituelle (« cocktail Molotov avec le drapeau d’une mairie ») ; Alpha Wann, sa sentence non-consensuelle (« le public veut du consistant : y’a que d’l’eau et du pain sec »). Si ce n’est pas leurs démonstrations les plus fulgurantes de ces dernières années, ce petit match de gala sans fioriture est parfait pour rappeler, si c’était bien nécessaire, leurs qualités de performers, et surtout qu’il existe encore des rappeurs soucieux de faire briller l’héritage du rap français.