PRODUCTION

Brutal 2, le rap augmenté d’Ikaz Boi

Sur la scène rap français, il plane sans trop faire parler de lui. Ikaz Boi est un homme discret, qui revient par intermittence, pour livrer sa musique dans les crédits d’albums de certains rappeurs dont il se sent proche (Damso, 13 Block, Hamza) tout en ne donnant jamais trop d’indices sur la suite de ses projets. Et si on l’entend peu, sa musique parle plus souvent pour lui : c’est tout le sens de Brutal 2, deuxième projet solo du producteur originaire de La Roche-Sur-Yon qui permet une nouvelle fois de se plonger dans les multiples nuances de la musique d’un musicien aussi taiseux qu’il peut être riche dans ses inspirations. Déjà salué par le milieu pour l’exigence (sans doute un peu trop poussée) de son Brutal sorti l’année dernière, Ikaz Boi semble maintenant vouloir livrer une version améliorée de ce que présentait son dernier projet : un disque pointilleux mais accessible, aux multiples invités, qui tente de garder une certaine forme de cohérence musicale à travers ses productions. C’est un peu ce que l’on ressent à l’écoute du son froid, synthétique, et efficace de Brutal 2, qui tente aussi de faire quelques détours plus exigeants le temps de quelques notes de samples jazz (« Code 46 ») de cordes discrètement chippées à la musique de chambre (« Soliterrien ») ou d’invités pour la plupart extrêmement inspirés, à commencer par les membres de 13 Block, ici séparés sur trois morceaux différents faisant office de moments clés du projet. S’il fallait globalement résumer la trajectoire d’Ikaz Boi, on pourrait parler d’exigence : celle de faire sa propre musique, tout en la partageant uniquement avec des artistes qu’il affectionne, loin des autres et de l’hyperproductivité ambiente. La qualité de ce nouveau Brutal semble au final lui donner plutôt raison sur ce point.