Hatrize, l’art de la distanciation sociale
Comme Arm avec lequel il a déjà rappé, Hatrize est de ces artistes qui parlent du monde en le faisant tanguer, en l’observant depuis le chaos des éléments, en visant le ciel, bref en recherchant des cassures de vie reflétées par des cristaux de miroirs flottant dans l’air tel des nuages. Quand l’un affirme “Je n’écris pas à l’envers, c’est le monde qui l’est”, l’autre y fait écho en calligraphiant des phrases comme “Renverse le monde, il pourrait que tu y trouves du sens.” “Distence”, nouvelle production du second, prouve qu’il est de ceux qui n’écrivent jamais mieux que lorsque la ville penche et qu’elle est observée à distance. Entre détachement urbain, isolationnisme cyberpunk et onirisme digitalisé, l’auteur du trop méconnu EP Nulle Part où le silence (dont la chronique est à retrouver au pied de cet article) sublime l’usage de l’autotune avec une écriture cryptique dont les haïkus sont autant de cristaux à ramasser comme des pierres de sagesse transportées par des tempêtes de sables. “Réminiscence sombre aux couleurs d’améthyste” aurait dit Sako : à l’heure où les grains du désert du Sahara subliment le ciel crépusculaire de l’Europe, Hatrize se souvient que les absents sont bavards uniquement dans les rêves. Et illumine une nouvelle fois le monde en soliloquant à des milliers de kilomètres de “Distence” de préoccupations au ras du sol. Une leçon de distanciation sociale.