Le livre Fear of a Female Planet raconte l’histoire de Straight Royeur
À la toute fin des années 1980, le Hip-Hop en province faisait ses premiers pas. Les activistes étaient peu nombreux, les lieux et les événements dédiés à la culture bien rares. Pour pouvoir vivre leur passion, les fly girls, b-boys et autres partageaient concerts, magasins de disques, émissions de radio avec les amoureux d’autres courants musicaux, qu’il s’agisse de rock, de funk ou de reggae. De ces rencontres sont nées, jusqu’au milieu des années 1990, une quantité sous-estimée de projets enthousiastes et bigarrés. Straight Royeur et son seul disque, Fear of a Female Planet, sont de ceux-là. Dire que la formation lyonnaise avait quelque chose de singulier tient de l’euphémisme : derrière les deux rappeuses au discours féministe affirmé officiait l’ancien guitariste d’un groupe punk ayant eu sa petite renommée, mais aussi des pionniers locaux de la culture hip-hop à la basse et aux platines. C’est l’histoire de cette alliance surprenante que racontent Karim Hammou et Cara Zina dans le livre Fear of a Female Planet, sorti aux éditions Nada. Le premier est sociologue, la seconde est l’une des deux voix de Straight Royeur, son ancienne acolyte au micro étant l’écrivaine Virginie Despentes. Le récit nous fait naviguer dans des environnements culturels passionnants, qu’il s’agisse des milieux alternatifs et des squats, du fanzinat ou du milieu hip-hop à l’époque de la déflagration Public Enemy. Pour faciliter le voyage dans le temps, de nombreux acteurs ou spectateurs de l’aventure partagent leurs souvenirs, appuyés par de précieuses illustrations d’époque soigneusement conservées par Cara Zina. Le parcours de Straight Royeur était resté jusque-là étrangement méconnu : Fear of a Female Planet répond à cette anomalie de bien belle manière.