Cypress Hill revient aux fondamentaux
Il serait possible d’écrire une thèse sur les liens entre cannabis et rap. Et si un groupe devait servir de fil rouge à ce travail, ce serait probablement Cypress Hill. Certes, depuis le quatrième tome des aventures du quator de South Gate, les abus de guitare saturées et les déprimantes postures convenues de Prophets of Rage avaient relégué le monument Cypress Hill aux gloires des années quatre-vingt-dix. L’une des raisons à cette déconstruction de l’univers qui avait trouvé son paroxysme dans Temple of Booms ? L’obsession pour le cross-over suivie d’un éloignement progressif de DJ Muggs des créations du groupe. Mais en 2018, le DJ et producteur historique des auteurs d' »Insane in the brain » est de retour en tant que réalisateur. Le temps des double-CDs mi-rock mi-rap et des pales copies de Battle of Los Angeles semble bel et bien fini. Le Cypress Hill nouveau (ou plutôt le retour du Cypress Hill ancien ?) sortira à la fin du mois. Le disque s’appellera Elephants on Acid (probablement en hommage à une lecture expérimentale) et ses deux extraits laissent entrevoir le retour des atmosphères enfumées, menaçantes et planantes qui ont séduits des millions de fumeurs d’auditeurs. Pour preuve ? Le puissant « Band of Gypsies » sur lequel les frères pétards de South Gate remettent la main sur leur verte verve. Portés par une production orientale aux effluves caverneuses et accompagnés d’un featuring ravageur des Égyptiens Sadat et Alaa 50 Cent, B-Real, Sen Dog, Bobo et DJ Muggs ont retrouvé en Égypte le halo qui transformait leur musique en un monde à part, à la fois violent et cotonneux, angoissant et mystique. Au point que c’est le long de la vallée du Nil que Muggs a été puiser le talent « live » qui, selon lui, doit désormais remplacer les samples historiques du groupe. Pyramides of boom.