C’est « Classe » et c’est le dernier son du C.Sen
Depuis 2012 et Le Tunnel, Le C.Sen a passé un peu de temps à « rafistoler sa vie. » Sa présence sonore était rare. Quelques graffitis, comme toujours, sur les murs de la capitale, indiquaient pourtant bien que l’anti-héro préféré du dix-huitième arrondissement rodait encore dans les parages, avec cet adage qu’il avait laissé dans l’entretien qu’il nous avait accordé en 2010 : « on veut faire de nous des chiffres, alors je me transforme en tag, je deviens une lettre. » Cet art du contre-pied, C.Sen le manie aussi bien bombe de 400ml en main qu’au micro. Le premier extrait de son album à venir en est la preuve. Encore une fois Pierre Cesseine y découpe le quotidien en petites phrases poétiques et déconstruit la ville lumière avec un calme tranchant. L’album s’appellera Vertiges et son premier extrait est bien nommé tant durant quatre minutes, il condense, lucidité, classe et élégance, jusque dans ses moments d’engagements. Le ton est calme mais le flow y est singulièrement syncopé, avec plusieurs structures rythmiques qui s’imbriquent sur une production de l’inconnu Keno (qui produira tout l’album). Le tout forme une foule de portraits gris argentés, aussi bien celui d’un C.Sen serein que d’un monde désenchanté. De quoi prendre date pour la sortie de ce long format, prévue pour ce printemps, et le concert à la Boule Noire, d’ores et déjà programmé au 3 mai. Cette fois, c’est la bonne. Avec ou sans commentaires, les quatre dernières années d’attente et de projets avortés ne sont désormais qu’affaires classées.