Morceau

Beeby attend la fin du cycle

Presque un an après son dernier projet UN GRAND COEUR DANS UN MONDE DE FILS DE PUTE, Beeby apparaît plus clairvoyant que jamais dans son dernier morceau « Le Cycle Éternel ». À la fois mélancolique et captivant, le titre s’inscrit dans l’archétype des morceaux de hustler desquels ressort fréquemment une analogie entre déterminisme social et ténacité afin d’atteindre une certaine liberté financière.

Le $$$boy y rappe ses aspirations (« On gravit la montagne pour qu’on ait plus d’espace »),  le fait de devoir jouer à un jeu truqué dès le commencement (« J’voulais seulement du cash histoire de rester stable / Mais dès l’départ chez nous y a plus d’étapes ») et les conséquences qui en découlent (« Entre les anges et l’sheytan, j’sais plus qui m’rend visite »). Et si le Malin n’est pas loin, les vertus du $aigneur non plus car il est inconcevable pour Beeby de délaisser ses frères dans cette chevauchée fantastique qu’est la vie : « Le Cycle Éternel ».

Les voix samplées, les nappes envoûtantes, la mélodie désenchantée du piano et les drums minimalistes concoctés par Bij et Modera pourraient laisser l’auditeur s’évader dans des regrets vaporeux. Mais le rappeur albertivillarien ne laisse pas le spleen guider sa voix, malgré les drames qui le tourmentent (« J’aimerais qu’le ciel m’épargne / Trop d’frères au cimetière allégés de quelques grammes ») et emplit de lucidité son flow saisissant, ragaillardi par ses douleurs et son hustle. Après avoir formé le logo des X-Men, les impacts de balle sont cette fois-ci dans les ailes qui permettent à Beeby d’atteindre son objectif : « Ma seule putain d’mission, c’est d’prendre de l’altitude » loin de toutes entraves à son ascension.