Le bâtiment 7, personnage à part entière
« J’me rappelle j’avais rien, j’traînais tous les jours dans l’bât 7 » : cette phrase introductive du morceau « Train de vie » de Koba LaD, additionnée à sa voix et aux images du clip, a rendu célèbre un simple bâtiment de la ville d’Évry (91). À l’image de l’entrée 113 de la cité Camille Groult à Vitry-sur-Seine, le bâtiment 7 du Parc-aux-Lièvres a cette particularité d’avoir vu grandir des rappeurs qui lui rendent constamment hommage dans leurs lyrics. Cette tour de béton construite sur une dalle au milieu de ses semblables est le sujet du nouveau documentaire réalisé par le média Streetpress. Après les répressions étatiques subies par les gilets jaunes, les journalistes s’attaquent à un sujet plus social qu’il n’y paraît. Le bât 7 n’est pas simplement un lieu qui a vu exploser plusieurs rappeurs en peu de temps – ce qui est en soi inédit –, il est devenu un symbole par tout ce qu’il représente aux yeux de ses habitants. Espace de vie, de partage, de souvenirs, mais aussi expérience architecturale, sociale et politique. Le lien qui unit les artistes à leur bâtiment ne laisse personne indifférent car il rappelle à chacun un attachement local. La future destruction de la dalle du Parc-aux-Lièvres racontée par ses résidents nous éclaire sur l’influence qu’elle a pu avoir dans leurs vies. Shotas, Famas, Bolemvan ou encore Kodes, ils ont tous mis un peu du bât 7 dans leur musique, créant ainsi un rap particulier et propre à leur zone de béton gris : « J’suis toujours au même endroit, le bâtiment 7 c’est la base / On change pas un empire qui graille, c’est grâce à eux si j’ai du cash. » Bolemvn.