La vida local d’Atmosphere
Quand Atmosphere est né il y a vingt ans, Ant produisait des beats sur lesquels Slug faisait défiler une vie de clown triste. Alcool, doutes et apprentissage de la résilience se côtoyaient sur chaque piste produite par le duo, contribuant à poser les bases d’une définition encore mal arrêtée aujourd’hui : celle d’emo-rap. Peu importe pour les deux piliers de Rhymesayers, qui n’ont jamais dévié de leur trajectoire. Ils se sont contentés de faire converger leurs expériences de vie vers leur expérience musicale. Résultat ? Plus leurs albums ont avancé et plus le soin à regarder ce(ux) qui nous entoure(nt) est devenu fondamental pour le duo des Twin Cities. Certains appellent ça devenir adulte, d’autres parlerait de « rap de proximité » et le titre du nouvel album d’Atmo’ est bien parti pour leur donner raison. Mi Vida Local sortira en octobre et succédera au paresseux Fishing Blues, lui-même pourtant introduit quelques années plus tôt par l’excellent tournant qu’était Southsiders. Et le temps qui passe restera vraisemblablement l’une des constantes d’Atmosphere si l’on en croit « Virgo », premier extrait de ce nouveau disque annoncé pour le mois d’octobre. Sur une production dénuée de beats, le duo semble semble inventer avec plus ou moins de succès un rap teinté à la folk. « You ain’t a real lion if you love the circus » dit Slug au cours de cette chanson. Et si cela n’en fera pas Neil Young, la récolte d’années de vie ponctuées de boire et déboires fera peut-être de Mi Vida Local le Harvest de Rhymesayers. Il arrive que les hobos se rangent.